20 juillet 2022 - 06:00
Les paramédics déplorent un manque d’ambulances
Par: Katy Desrosiers

Le manque d’ambulances sur le territoire est un problème récurrent, selon le syndicat local des paramédics. Photothèque | Les 2 Rives ©

À lire aussi : Les paramédics toujours en négociation

Depuis des années, les paramédics de la région déplorent que le gouvernement n’ait pas revu le nombre d’ambulances attitrées au territoire, alors que la zone à couvrir est grande et que la population augmente en plus d’être vieillissante. Il n’est pas rare que des ambulances des territoires voisins sont appelées en renfort.

À la fin juin, l’histoire d’une dame de la région a été publiée sur la page Facebook La Dernière Ambulance, qui documente la crise du système de soins préhospitaliers au Québec. Selon les informations publiées, transmises par le frère de la victime, un appel au 911 a été logé le mardi 21 juin parce que sa sœur a eu une douleur soudaine à la poitrine. L’appel est classé priorité 1. En l’absence d’une ambulance disponible, une ambulance d’une zone adjacente est affectée.

Quelques instants plus tard, le fils de la dame rappelle le 911 pour signifier que sa mère a perdu conscience et que des manœuvres de réanimation sont enclenchées.

À 23 h 19, l’appel est reclassé priorité 0. À 23 h 25 les policiers arrivent sur les lieux, suivis des pompiers à 23 h 28 et des paramédics à 23 h 30.

À l’Hôpital Sacré-Coeur à Montréal, 56 heures plus tard, la dame est déclarée en état de mort cérébrale.

Le temps d’intervention des paramédics a été de 18 minutes. Le frère de la victime remercie les intervenants, mais se questionne sur le délai d’attente, surtout dans une plus petite ville comme Sorel-Tracy.

Un manque récurrent

Le président du syndicat du secteur Sorel-Tracy du syndicat FTPQ-SCFP-7300 des paramédics, Maxime Godin Boulianne, affirme que presque tous les jours, des ambulances d’ailleurs doivent être affectées sur des appels. Actuellement, il y a trois ambulances le jour et deux la nuit. Considérant que des ambulances effectuent souvent de longs transports vers des centres hospitaliers à l’extérieur, le syndicat croit nécessaire d’ajouter une quatrième ambulance le jour et une troisième la nuit.

Lors de l’intervention du 21 juin, il confirme qu’au premier appel, les deux ambulances de nuit étaient non disponibles. Une ambulance provenant d’un territoire voisin a été affectée. Lorsque le second appel, plus prioritaire, est entré, une équipe s’est libérée et s’est rendue sur les lieux.

M. Godin Boulianne reconnaît que le délai d’intervention d’environ 20 minutes est long.

« Si on parle d’un arrêt cardio-respiratoire, c’est vraiment trop long. Chaque minute compte. Habituellement, on serait arrivés en peut-être cinq minutes ou peut-être en moins de 10 minutes », indique-t-il.

« Si les paramédics étaient arrivés plus tôt, peut-être que ça n’aurait rien changé, mais peut-être que oui, ajoute-il. Ils sont vraiment rodés pour faire de l’urgence, pour sauver des vies. »

Chaque fois qu’une telle situation survient, il affirme que les paramédics sont traversés par la pensée qu’ils auraient peut-être pu sauver la personne si les circonstances avaient été différentes.

Le président se souvient d’une patiente avec un problème mineur qui a attendu huit heures pour une ambulance. Bien que l’appel n’était pas urgent, avec ce délai, il est possible que l’état de la personne se dégrade.

Les ambulances effectuant des relèves peuvent provenir d’aussi loin que Longueuil, Belœil ou Pierreville. Il y a quelques semaines, une équipe de Victoriaville s’est déplacée ici.

Le président mentionne qu’il n’y a pas de problème de main-d’œuvre, alors que sept paramédics ont été engagés récemment. « Les paramédics ne mangent pas, ne finissent pas à l’heure, s’épuisent tranquillement parce qu’il n’y a pas assez d’ambulances. Les conditions de travail déclinent », conclut-il.

image
image