D’entrée de jeu, si l’on catégorisait auparavant les différentes formes de l’autisme, maintenant on les désigne sous le chapeau de Trouble du spectre autistique ou de l’autisme regroupant les conditions qui étaient connues sous les noms d’autisme, syndrome d’Asperger, TED non spécifié et Trouble désintégratif de l’enfance. « Le TSA fait partie de ce qu’on appelle la neurodiversité au niveau du fonctionnement. On parle de variabilités neurologiques », explique Paméla Paquin, travailleuse sociale au CLSC Gaston-Bélanger rattaché au CISS de la Montérégie-Est qui a donné un bon coup de pouce à Jade dans son cheminement.
Ceci étant dit, des exemples de personnes ayant été diagnostiquées TSA et qui ont une vie accomplie et remplie de promesses sont légion, Jade Thomas Prescott en étant un excellent exemple.
La genèse
Aujourd’hui âgée de 27 ans, poursuivant des études universitaires en vue de devenir éducatrice spécialisée et œuvrant d’ailleurs déjà dans le domaine, Jade Thomas Prescott a reçu un diagnostic de TSA à 24 ans seulement. « Depuis que je suis toute jeune, j’ai toujours senti qu’il y avait des différences. À 23-24 ans, ma vie était devenue plus instable au niveau de mon ouïe, ma vision. J’étais devenue de plus en plus sensible aux bruits, à la lumière ambiante. Cela devenait envahissant, au point où je n’étais plus fonctionnelle », relate Jade. Et du point de vue personnel et social? « J’ai toujours eu des difficultés au niveau social, à interagir avec les gens. J’ai toujours su qu’il y avait quelque chose chez moi qui ne fonctionnait pas, sans savoir quoi et, le jour où l’on m’a diagnostiquée, j’avais enfin une explication », révèle celle qui ne s’est jamais découragée.
Jade a toujours été très bonne à l’école et a aussi été victime d’intimidation à cause de la perception que les autres avaient d’elle. Plus tard, elle a dû apprendre à adapter sa vie à son environnement. « Une fois que tu comprends ce que tu vis, tu n’essayes plus de fitter avec tout le monde. Je fonctionne différemment et j’ai accepté ma condition. »
Elle admet également qu’elle doit composer avec des limitations. « Les limitations, c’est la société qui nous les impose. Quand je dis que je suis TSA et que les gens me répondent que cela ne paraît pas, cela m’insulte. J’ai tellement travaillé fort pour me développer un masque », dit-elle. Mais sans vouloir l’insulter, lorsqu’on rencontre Jade pour une première fois, on voudrait tous devenir amis avec elle.
Autre différence? « Les personnes non autistes sont comparables à des voitures à transmission automatique et les personnes autistes à des voitures à transmission manuelle. Cela prend plus d’énergie et de temps pour passer d’une vitesse à l’autre pour faire des choix. Il y a une différence dans la pensée et la perception du monde, des gens. Certaines choses sont innées chez les gens, nous on doit les apprendre », explique Jade.
Changeons notre perception
Paméla Paquin est travailleuse sociale et, avec ses collègues Krystel Goyette et Priscilla Viens, éducatrices spécialisées et Édith Capistran, travailleuse sociale, elle a voulu démontrer que les personnes diagnostiquées TSA ont beaucoup de potentiel dans diverses sphères, qu’elle soit artistique, culinaire, scientifique ou autres.
En ce mois de l’autisme, ces quatre jeunes femmes du CISSS de la Montérégie-Est invitaient la population soreloise à la première édition de son événement TSA (trouble du spectre de l’autisme) – Spectre des talents, le 23 avril.
Cette exposition qui se déroulait à la Maison de la musique de Sorel-Tracy, était unique et mettait en lumière les nombreuses passions et compétences des personnes autistes de la région. « On arrive souvent dans la vie des gens quand ça ne va pas bien, mais il y a beaucoup de beau. On voulait du positif. Mettre de l’avant les forces, les talents, tous les côtés plus positifs que le TSA apporte », explique Édith Capistran, de son côté. « Ils peuvent être fiers d’eux et chacune des personnes que j’ai rencontrées est différente. Ils ont des personnalités, des traits de caractère qui leur sont propres, comme tout le monde, d’ailleurs. Ils sont beaucoup plus qu’un diagnostic », lance spontanément Paméla Paquin. Et elle reprend : « Tous ont du potentiel. Il reste seulement à le mettre en lumière. Il faut balayer les idées préconçues. Ce n’est pas vrai que toutes les personnes TSA sont non verbales, qu’ils sont incapables de communiquer. C’est juste qu’une personne autiste doit s’adapter à une société non autiste. Ils vivent les mêmes difficultés de la vie que tout le monde », insiste Paméla, en invitant les gens d’effacer les préjugés tenaces que l’on peut entretenir envers les personnes ayant un TSA.