13 novembre 2018 - 08:00
Des transformateurs reviennent sur leur décision
Les producteurs de lait de chèvre ne crient pas encore victoire
Par: Julie Lambert

Le producteur de lait de chèvre de Saint-David, Dominic Arel, est content d'avoir eu la confirmation que la majorité de ses contrats avec les grands transformateurs du Québec seront renouvelés en 2019. (Photo : Pascal Cournoyer)

S’ils viennent de remporter une grosse bataille en forçant les grands transformateurs de lait de chèvre à revenir sur leur décision d’acheter leurs produits à l’extérieur du Québec, les producteurs et petits transformateurs de la région sont loin d’être rassurés sur leur avenir. Les concessions faites et la menace de tout avoir à recommencer l’an prochain planent encore au-dessus de leur tête.

En octobre, plusieurs gros transformateurs, dont Agropur et Liberté, avaient annoncé leur décision de s’approvisionner en dehors du Québec en 2019 afin d’aller en Ontario où les prix sont actuellement plus bas en raison d’un surplus de production. Saputo avait fait volte-face en septembre tandis que l’entreprise Liberté est revenue sur sa décision au début novembre.

Seulement Agropur ne s’est pas encore prononcée et est toujours en discussion avec les Producteurs de lait de chèvre du Québec. Avec la confirmation de leurs volumes au Québec, Saputo et Liberté ont toutefois sécurisé 80% du lait de chèvre produit au Québec.

Le producteur de lait de chèvre de Saint-David, Dominic Arel, craignait pour l’avenir de sa ferme comptant 400 têtes. Avec le revirement de situation des derniers jours, il peut maintenant pousser un soupir de soulagement.

« Pour la prochaine année, la majorité des producteurs auront un acheteur pour leur lait, dont moi. Il reste toutefois les producteurs de la Montérégie qui vendent essentiellement leur lait à Agropur qui n’ont pas encore réglé leur sort. Je ressens actuellement un certain soulagement, mais on devra faire beaucoup d’efforts pour combler les nouvelles exigences des transformateurs pour que la situation ne se reproduise pas l’an prochain. Cela nous engendrera des frais et on ne sait toujours pas comment va s’enligner Agropur », mentionne-t-il.

Du côté de la Maison Riviera, son directeur général Martin Valiquette assure qu’ils ont maintenu environ le même niveau de volume en 2019. Le climat d’incertitude et les changements ont eu très peu d’influence sur leur entreprise.

« Nous n’avons rien à déclarer de majeur. Nous sommes très contents que la situation semble se rétablir. Il est mieux d’être dans un environnement stable, dans lequel nous sommes capables de prévoir des progressions lentes que dans un mouvement de panique, où tout change et où nous n’arrivons pas à savoir qui va rester et qui va faire faillite. On préfère de loin savoir que la situation est réglée », commente-t-il.

Aide du public

Selon le producteur de lait de chèvre de Saint-David, ce sont les médias et la population qui ont permis ce revirement de la situation puisque les transformateurs ont eu peur des impacts de leur décision pour leur image de marque et la baisse de leurs ventes au Québec.

« Je crois que les médias sociaux et les journaux nous ont aidés à obtenir l’appui du public et à faire reculer les acheteurs dans leurs décisions. On a vu l’impact de la pression publique dans l’achat du lait de vache dans les derniers mois avec l’étiquetage québécois. Lactancia et Béatrice ne l’avaient pas et on montrait que leurs produits restaient sur les tablettes. Je crois que nous avons pu conscientiser la population à l’importance de nos produits québécois », se réjouit Dominic Arel.

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