« J’ai été surpris. On a l’impression que l’agriculture a payé pour tout le reste. Il y a peu d’impact sur les autres secteurs. La gestion de l’offre a encaissé tous les coups. La relève va payer », déplore le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Richelieu-Yamaska, Sylvain Joyal.
Les exportations aux États-Unis seront aussi limitées et réduiront au fil des années afin d’atteindre un niveau nul. Le vice-président de la Fédération régionale des producteurs laitiers, François Cournoyer, a une ferme laitière comptant 65 vaches à Sainte-Victoire-de-Sorel. Il prédit une agriculture en déclin.
« Il n’y aura plus d’investissement. Ça va être catastrophique. On ne pourra pas s’enrichir. On va travailler pour travailler. L’agriculture se meurt. Ça va toucher tous les secteurs. Ceux qui produisent du grain vendent aux producteurs laitiers pour nourrir les animaux. Tout le monde sera impacté », s’inquiète-t-il.
Le président de l’UPA craint également une diminution des fermes. « La survie des familles est remise en question. Il ne restera que les grosses fermes qui seront capables de survivre. On ne retrouvera plus de ferme familiale », se désole M. Joyal.
De plus, les producteurs laitiers avaient conclu une entente avec les Américains afin de limiter les importations de lait diafiltré il y a quelques années. Cette entente a été annulée par l’AEUMC.
« Ça ne leur appartenait pas. Ils vont s’en disposer dans six mois. Ça va faire mal aux producteurs. Au Canada, on a des normes plus restrictives comme pour ce qui est des antibiotiques. Ce n’est pas le cas aux États-Unis. Le gouvernement a floué les agriculteurs, mais aussi les consommateurs », croit M. Cournoyer.
Les accords de libre-échange Transpacifique et Europe avaient également ouvert le marché canadien aux autres pays. Les marchés internationaux auront accès à 9% du marché canadien.
« On a cédé un mois de production aux marchés étrangers. Pour un producteur comme moi qui a 65 vaches, ça représente 60 000$ de mes revenus annuels », estime-t-il.
Le gouvernement fédéral a annoncé qu’il mettrait en place des mesures compensatoires pour aider les producteurs laitiers touchés par les nouvelles dispositions de l’AEUMC.
« Les producteurs agricoles n’ont aucune confiance en cette aide-là. La passé a prouvé que les aides financières ne faisaient pas leur job. Souvent, elles sont là sur une courte période et disparaissent », souligne M. Joyal.
Un moindre mal, selon le gouvernement
En entrevue à l’émission à Puisqu’il faut se lever au 98,5 FM le 3 octobre, le ministre des Transports et président du comité chargé des relations canado-américaines, Marc Garneau, a soutenu que l’accord permettait de garder la gestion de l’offre.
« Les Américains voulaient se débarrasser de la gestion de l’offre. Pour nous, elle était importante. Pour maintenir la gestion de l’offre, on leur a permis un petit d’accès. […] C’est un accord qui va permettre de la stabilité et de l’accès aux plus gros marchés pour les années à venir. On a la stabilité. Avoir ce traité en place pour le Canada, c’est une bonne chose », a-t-il maintenu.
Dans la MRC de Pierre-De Saurel, on retrouve 379 entreprises agricoles. Les principales activités des fermes de la MRC sont la culture céréalière et la production laitière.