Un peu d’histoire ne fera de mal à personne. Après son arrivée au pouvoir en 2003, Jean Charest propose le concept de « municipalité entreprenante ». Compte tenu de la situation des finances publiques, le gouvernement fait le choix de réduire ses transferts aux municipalités tout en les amenant à investir dans de nouveaux domaines d’intervention : développement économique local et régional, politiques familiales et des aînés, développement culturel. La part des citoyens, qui contribuent aux budgets municipaux par les taxes foncières, a sans cesse augmenté depuis, passant d’autour de 50 % à plus de 70 % aujourd’hui.
Le message de Jean Charest : « les municipalités doivent pouvoir financer leurs projets de développement autrement que par les taxes foncières ». Le message a été entendu et discuté dans notre MRC.
Maire de Massueville à l’époque, je siégeais au conseil de la MRC quand, entre 2005 et 2009, la décision a été prise de travailler à un grand projet qui générerait des revenus provenant d’autres sources que les taxes foncières. Nous vivions une époque difficile avec une économie locale qui cherchait ses marques.
Quand Hydro-Québec a lancé ses appels d’offres de production d’énergie renouvelable, avec des conditions d’achat du kilowatt/heure qui devenaient vraiment intéressantes, le projet est né. Nous voulions dégager des montants importants à investir des projets porteurs pour la région.
Les élections municipales de 2009 ont provoqué un changement de leadership politique, tout comme celles de 2013. Les éoliennes ont commencé à tourner en 2018, le pari a été réussi, sa rentabilité prouvée et la MRC a engrangé des sommes importantes, années après année.
J’ai toujours regretté que nous n’allions pas au bout de nos ambitions avec ce projet. Plutôt que de multiplier par des projets structurants l’impact de ces millions de dollars tombés du ciel, littéralement, nous nous sommes divisé les bénéfices, année après année, en retournant la plus grande partie dans chacune des municipalités. Toutes y ont sûrement gagné quelque chose, mais la région n’a pu profiter de ce qu’aurait créé cet argent levier. Globalement, comme le démontrent les études, un dollar investi dans un projet en génère au moins quatre ou cinq autres. C’est le début d’une roue qui tourne et c’est la différence entre de l’argent dépensé et de l’argent investi.
Au moment où l’optimisme est de retour dans la région, que des voies de développement nouvelles apparaissent, la MRC prépare un deuxième projet de parc éolien. Souhaitons que nos élus régionaux s’entendent dès maintenant sur la façon d’utiliser les bénéfices attendus. Bien sûr, il est à parier que les conditions offertes par Hydro-Québec seront moins alléchantes qu’elles le furent il y a une quinzaine d’années, d’où l’ouverture à un projet qui se ferait en partenariat avec le privé. Il reste encore de nombreuses étapes et plusieurs années à traverser avant que ce projet puisse se réaliser.
Mais il demeure que la MRC pourrait bénéficier de sources de revenus qui s’ajouteront à celles du premier parc éolien. La région est-elle prête à agir autrement?