7 mai 2024 - 08:37
Plus de 120 personnes assistent à une séance d’information à Sainte-Anne-de-Sorel
Les promoteurs du projet de cannebergière répondent aux citoyens
Par: Jean-Philippe Morin

Environ 120 citoyens se sont déplacés pour assister à la séance d’information du BAPE, le 30 avril dernier, au centre de services municipaux de Sainte-Anne-de-Sorel. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Environ 120 citoyens se sont déplacés pour assister à la séance d’information du BAPE, le 30 avril dernier, au centre de services municipaux de Sainte-Anne-de-Sorel. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Le consultant Félix Grenier, le président de Fruits des Îles inc. et promoteur du projet Éric Lupien et le biologiste Dominic Sénécal ont pris la parole. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) conviait les citoyens à une séance publique d’information concernant le projet d’aménagement d’une cannebergière, à Sainte-Anne-de-Sorel. Plus de 120 personnes ont répondu à l’appel et posé de nombreuses questions aux promoteurs, le 30 avril dernier, au centre de services municipaux de l’endroit.

Le président de Fruits des Îles inc., Éric Lupien, était accompagné du consultant Félix Grenier et du biologiste Dominic Sénécal afin de présenter tous les aspects du projet, allant des impacts sur l’environnement aux retombées économiques. Plusieurs autres experts étaient également mis à la disposition des citoyens.

« Nous qualifions ce projet de modèle de cannebergière écoresponsable pour le Québec », a lancé d’entrée de jeu Félix Grenier, avant de présenter les promoteurs, Éric Lupien, qui a 25 ans d’expérience comme gestionnaire et Mario Lavallée, qui a 43 ans d’expérience en agriculture, notamment dans la canneberge.

Les citoyens ont pu apprendre que le projet s’étale sur 700 000 mètres carrés et comprend 12 bassins de culture, un bassin d’irrigation, deux bassins de récupération, une station de pompage et un bâtiment administratif ressemblant à une ferme.

Environnement

Éric Lupien a d’abord tenu à démystifier certaines croyances entourant les cannebergières. Par exemple, les champs ne sont pas recouverts d’eau en tout temps, mais seulement au début de l’hiver et lors de la récolte à l’automne; les champs sont donc secs environ 48 semaines sur 52.

Le président a aussi assuré qu’il n’y aura aucun bruit émanant du bâtiment administratif. « Nous aurons la salle de contrôle la plus hi-tec du Québec », a-t-il promis.

Le biologiste Dominic Sénécal a ensuite pris la parole. Il a immédiatement parlé des compensations qui seront faites pour les milieux humides et les boisés qui seront détruits. Pour réaliser ce projet, on estime à sept hectares la perte de milieux humides et à 15 hectares les boisés à détruire.

« Les boisés détruits seront compensés à 125 %. Donc pour un arbre détruit, on plante 1,25 arbre. Quant aux milieux humides, ils seront compensés à 110 % », informe M. Sénécal, en ajoutant que des ruches d’abeilles seront implantées et de la végétation sera ajoutée autour des champs, comme la culture de sarrasin pour favoriser la présence d’insectes pollinisateurs.

Plusieurs questionnements

Après la présentation, une vingtaine de questions ont été posées aux promoteurs sur différents sujets : les zones inondables, le bruit, les poussières, les pesticides, le transport, etc. La plupart des interrogations concernaient toutefois le transport de sable du site de Sainte-Victoire-de-Sorel à la cannebergière située près du 1350, chemin du Chenal-du-Moine, à Sainte-Anne-de-Sorel.

Les promoteurs ont expliqué qu’une telle cannebergière nécessitait 12 000 voyages de camions de sable, soit un camion parcourant le chemin du Chenal-du-Moine environ tous les cinq minutes. « Au lieu de faire le transport en deux mois à 240 transports par jour, on a baissé à 160 transports par jour en quatre mois, puis ensuite à 100 transports par jour en six mois. C’est plus de coûts pour nous, mais c’était important pour déranger le moins possible les gens. Les transports se feront uniquement du lundi au vendredi, de 8 h à 17 h, de septembre 2024 à mars 2025, donc pas pendant l’été quand les châssis seront ouverts », a décrit le biologiste.

Concernant les pesticides, les instigateurs du projet se sont également montrés rassurants. « En ce moment, le champ est composé de maïs et de soya. Pour des canneberges, on utilise 25 fois moins de pesticides que pour le maïs et 15 fois moins que pour le soya. On réduit aussi la superficie du champ, donc c’est encore moins de pesticides », a justifié Éric Lupien.

En entrevue après la présentation, M. Lupien n’était pas surpris des questions en raison de son porte-à-porte effectué au cours des dernières années. Il dit avoir trouvé l’expérience très enrichissante. « On a été capables d’adresser les préoccupations des citoyens. On ne peut pas satisfaire tout le monde, mais je pense que les gens ont compris que le dérangement sera temporaire et qu’on aura quelque chose de bon pour l’environnement et mieux pour notre lac St-Pierre qui est malade », a-t-il soutenu, en ajoutant qu’il y aura une « hot line » téléphonique 24 heures sur 24, sept jours sur sept afin de prendre en note les plaintes citoyennes.

De nombreux appuis

Si les questions étaient variées, le projet semblait tout de même bénéficier de l’appui des gens présents. Le président de l’UPA Richelieu-Yamaska, Yan Bussières, ne s’est pas gêné pour le dire haut en fort au micro. En entrevue, il a réitéré son enthousiasme. « C’est un projet colossal qu’on soutient à 100 %. Il faut respecter l’environnement et je suis sûr qu’ils vont respecter toutes les normes. C’est un projet novateur, un nouveau fruit qui arrive dans la région et ça crée des emplois. Le rôle de l’agriculture, c’est de nourrir les gens! » a-t-il déclaré.

Le maire de Sainte-Anne-de-Sorel, Michel Péloquin, est également en faveur du projet. « C’est une bonne chose pour la région. Ils ont bien répondu aux questions. J’avais déjà eu la présentation il y a quelque temps et j’avais été rassuré par rapport à l’environnement et tout le projet », a mentionné le maire après la séance.

Le conseil municipal de Sainte-Victoire-de-Sorel, le Club des Neiges de Sorel-Tracy et Développement économique Pierre-De Saurel (DÉPS) appuient également le projet, qui nécessite entre 26 M$ et 28 M$ en investissements privés et qui rapportera plusieurs retombées économiques. D’ailleurs, 40 emplois seront créés pendant la construction et huit pendant l’exploitation.

« C’est un marché en croissance au niveau de l’exportation, on va rapporter des taxes à la ville et ça vient diversifier l’agriculture dans la région », énumère Éric Lupien, qui ouvre la porte à ce que des visites soient possibles dans les champs lors de la récolte.

La prochaine Ă©tape

La période de consultation publique pour le BAPE se termine le 10 mai. D’ici là, les citoyens ou municipalités concernés peuvent demander un examen public du projet au BAPE en envoyant une demande au ministre de l’Environnement à l’adresse ministre@environnement.gouv.qc.ca avant le 10 mai, à 23 h 59. Advenant qu’aucune demande ne soit faite ou admise comme recevable, le mandat du BAPE se termine et le projet peut aller de l’avant. Sinon, il pourrait y avoir une audience publique, une consultation ciblée ou une médiation.

Toutefois, autant le maire de Sainte-Anne-de-Sorel que le président de Fruits des Îles sont confiants qu’il n’y aura pas d’audience du BAPE. « Avec la qualité des réponses données ce soir et la qualité des études déposées, je ne m’attends pas à aller vers un BAPE. Il ne faut pas oublier qu’on veut faire de l’agriculture en zone agricole où il y en avait déjà. On ne veut pas bâtir une usine pour brûler des pneus ou une cimenterie », conclut M. Lupien.

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