12 septembre 2023 - 09:27
Les retraités de Rio Tinto Fer et Titane manifestent
Par: Stéphane Fortier

Pas moins de 150 retraités cadres de Rio Tinto Fer et Titane on manifesté devant l’entreprise, le 6 septembre dernier, afin de revendiquer leurs droits concernant leurs prestations de retraite. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Plusieurs d’entre eux avaient apporté leur affiche pour dénoncer l’entreprise. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

En pleine canicule le 6 septembre dernier, un groupe de 150 employés retraités de Rio Tinto Fer et Titane (RTFT) ont démontré leur mécontentement concernant leurs prestations de retraite, et ce, devant les portes de l’entreprise.

C’est que, depuis 2012, les pensions, autant des employés retraités cadres que des syndiqués retraités de l’entreprise, n’ont vu le montant de leur prestation de retraite indexé. Les manifestants, rassemblés sous le nom de GRRI (Groupe de Retraité(e)s pour le Rétablissement de l’Indexation) demandent que l’entreprise respecte l’entente existant depuis 1982, soit une indexation au coût de la vie de retraites aux deux ans. « C’est la lutte que les retraités mènent depuis que l’entreprise a cessé en 2012 toute indexation de leurs prestations de retraite. Jusqu’à aujourd’hui, 30 % d’inflation n’ont pas été compensés, malgré une pratique de plus de 37 ans (1974-2011), fait remarquer Serge Bergeron, lui-même retraité depuis 2013. À partir des années 75-76, il n’y a jamais eu de problème et en 1982, l’entreprise a décidé de réévaluer le montant de retraite aux deux ans ».

Serge Bergeron explique que, malgré une politique d’indexation partielle biennale inscrite en 1980, Rio Tinto a décidé unilatéralement de cesser celle-ci sans avis dès 2012. « L’entreprise n’a pas assez de considération envers ses ex-employés qui ont contribué plus que les actionnaires, à l’augmentation de la valeur de l’action de Rio Tinto, de plus de cinq fois. La perte de leur pouvoir d’achat depuis 2011 s’élève à plus de 30 %. Le rétablissement de cette politique représenterait moins de 1 % des profits de Rio Tinto Iron & Titanium », souligne M. Bergeron.

Ce dernier dénonce les dividendes extraordinaires que Rio Tinto a versés à ses actionnaires qui, selon lui, sont passées de trois milliards de dollars en 2012 à 17 milliards de dollars en 2021. « Pendant cette période (2012-2022) Rio Tinto Iron & Titanium a engrangé plus de sept milliards US de profits avant impôt dans ses coffres. Rio Tinto est sur le point d’obtenir un prêt pardonnable (entre d’autres mots, non remboursable) de 150 millions de dollars du gouvernement du Québec au Lac-Saint-Jean, contre un maintien d’emplois et une promesse d’investir dans le nouveau procédé AP60. En plus, le gouvernement fédéral a annoncé une subvention pouvant atteindre 222 millions de dollars si Rio Tinto investissait 537 millions US dans la décarbonisation et le scandium », énonce-t-il.

Finalement, le GRRI demande aux deux paliers de gouvernement de lier toute subvention au respect des engagements passés (la politique d’indexation de 1982) au même titre que ceux reliés aux emplois et aux investissements futurs. « Nous valons autant que la décarbonisation, le AP60 et le Scandium parce que nous, les retraités, avons contribué à propulser l’entreprise pour lui permettre de prospérer. Nous ne voulons pas d’argent des deux gouvernements, nous voulons que l’argent versé le soit conditionnel au respect des engagements de Rio Tinto envers ses cadres retraités », martèle M. Bergeron, qui fait remarquer que si Rio Tinto vient de verser 28 M$ à leurs retraités, il subsiste un espoir pour les retraités du GRRI.

Par ailleurs, une poursuite a été intentée par les retraités contre l’entreprise à ce sujet.

Un régime de retraite « très avantageux »

L’entreprise RTFT avait peu de commentaires à formuler suite à la manifestation du 6 septembre. « Les retraités de RTFT bénéficient d’un régime de retraite très avantageux. Le régime est bien géré et il est en bonne situation financière. Les priorités de RTFT, en ce qui a trait à son régime de retraite, consistent à fournir les prestations prévues au régime et à assurer sa pérennité à long terme, le tout conformément à nos engagements et aux lois », s’est contenté de déclarer le porte-parole de l’entreprise, Simon Letendre.

« Le régime de retraite de RTFT ne prévoit pas l’indexation des prestations et, contrairement aux allégations formulées dans la poursuite, RTFT n’a jamais eu d’obligation d’indexer les prestations du régime. La poursuite déposée contre RTFT est non fondée. Nous verrons donc à faire valoir les droits de RTFT devant la cour », a précisé M. Letendre qui a ajouté que, comme le dossier est devant les tribunaux, l’entreprise ne peut commenter davantage.

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