Lorsque le président des États-Unis, Donald Trump, a imposé une taxe sur l’acier et l’aluminium en mai, le gouvernement de la Chine a répliqué en annonçant une taxe sur le soya. Puisque le prix des céréales produites au Québec est basé selon la bourse de Chicago, les prix varient de façon quotidienne. Au moment de mettre sous presse, le prix avait diminué de près de 70$ la tonne comparativement au prix avant l’annonce.
Avant même de connaître les dénouements entourant les négociations de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) et de la gestion de l’offre, les producteurs de la région doivent composer avec une baisse de revenus importante.
« On entend beaucoup parler de la gestion de l’offre. Toutes les taxes que le gouvernement américain a imposées à d’autres pays ont de l’impact sur la production agricole au Québec. […] Ç’a eu un effet dévastateur sur le prix du soya en mai. Et ça s’est maintenu. La Chine a décidé de s’approvisionner avec d’autres producteurs de soya, notamment du Brésil et de l’Argentine. Puisque les producteurs ont perdu des clients, ils sont obligés de vendre au rabais », affirme l’agriculteur de Saint-Aimé, Jacques Cartier.
Ce dernier est président du conseil des entrepreneurs agricoles et administrateur des Céréaliers du Québec. Il produit en moyenne entre 800 et 900 tonnes de soya par année. Ses pertes de revenus pourraient varier entre 56 000$ et 63 000$.
« La principale culture dans la région est le maïs. La deuxième est le soya. Pour ce qui est du maïs, on est pas mal autosuffisant au Canada, mais on exporte beaucoup le soya à l’étranger », soutient le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Richelieu-Yamaska, Sylvain Joyal.
Le prix du maïs a aussi été affecté, selon le président des Céréaliers du Québec, Clément Leblanc. Les deux plus importantes cultures de céréales de la région sont donc touchées par les politiques américaines. « Quand une céréale tire vers le haut, les autres suivent. C’est aussi le cas quand les prix baissent. Le maïs est aussi affecté, mais de moins grande importance. »
Patrick Benoit de la ferme du même nom à Yamaska a également été touché par cette nouvelle taxe. « La quantité que j’ai vendue n’a pas baissé. Cela a seulement touché mes revenus. C’est notre salaire, c’est notre paie. […] D’une année à l’autre, on doit composer avec des facteurs extérieurs, comme la météo ou la bourse. »
M. Cartier ajoute que les producteurs porcins de la région ont aussi été affectés par cette guerre concurrentielle. « Le Québec est un gros exportateur de porc. C’est aussi fixé selon le prix américain. Le prix du porc a baissé de façon importante depuis les annonces du président américain. Il y a plusieurs producteurs de porcs dans la région. Ce sont des producteurs assez importants. »
Les producteurs réclament une aide
Au mois de juillet, le gouvernement américain a annoncé une compensation financière de 12 milliards de dollars à leurs producteurs de soya.
« Ça vient fausser le marché si nos voisins sont subventionnés, mais pas nous. Ça nous désavantage passablement. On réclame au moins d’avoir une subvention égale à celle des Américains. Le gouvernement du Québec a annoncé une subvention au mois d’août, mais le programme de soutien touche surtout les infrastructures et la main-d’œuvre. Il n’y a pas d’aide directe aux producteurs », déplore M. Clément.