18 novembre 2020 - 04:12
Le propriétaire du Cinéma Saint-Laurent de Sorel-Tracy est optimiste
« Les salles de cinéma survivront à la pandémie » – Guillaume Venne
Par: Denis Bélanger

Guillaume Venne possède un cinéma à Sorel-Tracy, Belœil, Saint-Hyacinthe, Joliette et deux à Drummondville. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

À l’instar de plusieurs secteurs d’activités économiques, l’industrie du cinéma a vu son chiffre d’affaires baisser de façon draconienne en raison de la pandémie. Le Cinéma Saint-Laurent n’a pas été épargné, mais son propriétaire, Guillaume Venne, voit la lumière au bout du tunnel.

Les salles de cinéma au Québec ont fermé leurs portes lors de la première vague de COVID-19 et n’ont rouvert qu’au début juillet. Cependant, plusieurs grosses productions américaines prévues pour l’été 2020 ont été reportées à des dates ultérieures. « On anticipait un départ progressif. Nous n’étions pas certains de la réponse du public dans le contexte. De plus, nous n’avions pas eu beaucoup de nouveautés. Nous sommes très liés à la sortie des films américains. 85 % de nos revenus proviennent d’Hollywood. »

M. Venne, qui possède six cinémas sous la bannière des Cinémas RGFM, estime que les limites de clients imposées par la Santé publique n’ont pas vraiment nui au chiffre d’affaires. « Le taux d’occupation des salles de cinéma demeure assez bas. Notre modèle n’a jamais été basé sur des salles combles. Si un soir, c’est plein, le lendemain ou la veille, c’est plus vide. »

Selon l’homme d’affaires, le mois de juillet a permis de générer seulement un chiffre d’affaires d’environ 10 % de celui enregistré l’an dernier. Les affaires ont été mieux en août et en septembre avec la sortie de quelques nouveautés. « Nous avons atteint au mieux 40 % des recettes que nous faisions avant la pandémie. »

Depuis deux semaines, tous les cinémas RGFM sont en zone rouge. M. Venne estime toutefois être en mesure de garder la tête hors de l’eau pour un certain temps. « Nous n’avons aucune inquiétude pour la suite des choses, car nous sommes en bonne position. Nous ne pouvons évidemment pas survivre d’une manière indéfinie. Nous sommes tributaires d’une réouverture et d’un réapprovisionnement de films, [mais] nous avions prévu une deuxième vague et pris des décisions permettant à l’entreprise de continuer. »

Le cinéma a encore sa place

Malgré la multiplication des plateformes de diffusion numériques, Guillaume Venne est convaincu que les cinémas auront toujours leur place dans l’économie. « Le cinéma offre un divertissement. C’est un besoin de l’être humain que de socialiser et de sortir de chez lui. L’exemple classique est celui des restaurants que les gens fréquentent même s’ils ont l’option de se faire livrer à la maison. Cette possibilité d’aller au cinéma va avoir manqué encore plus aux gens. Dans mes cinémas cet été, il y en avait de tous les âges. »

Les agissements récents du géant Disney ont jeté une douche froide sur l’avenir de l’industrie, selon certains observateurs. Ayant lancé sa plateforme de diffusion numérique Disney+ l’an dernier, l’entreprise a finalement décidé en 2020 d’y lancer quelques films qui devaient pourtant atterrir en salle. L’exemple le plus probant est celui de Mulan, où les gens devaient débourser 30 $. Encore là, Guillaume Venne ne se fait pas alarmiste.

« Les cinémas n’étant pas ouverts, ces gens-là doivent avoir des revenus d’une manière ou d’une autre alors que beaucoup d’argent a été investi. Une compagnie comme Disney est basée sur le divertissement qui va de pair avec les rassemblements. Elle offre comme produits des parcs d’attractions, des croisières et des films. La production de films demeure la première fenêtre pour faire connaître ces produits. Les gens de Disney nous disent que les cinémas demeurent un marché important pour eux. »

Venne a accueilli aussi d’un bon œil la réouverture récente des salles de cinéma de l’État de New York, un marché névralgique pour l’industrie du cinéma. Ce développement permet de croire à des jours plus fastes, selon lui.

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