C’était une première victoire depuis que j’ai commencé à dénoncer l’intimidation qu’elle a vécue, et ce depuis le jour de ses funérailles, le 30 mars 2014, mon texte d’oraison funéraire m’ayant même mérité alors une lettre de menaces de la commission scolaire.
Même si j’ai obtenu copie du jugement dès sa publication, je devais attendre d’être prêt et dispo à le lire. Je l’ai lu dans la nuit du samedi 14 septembre dernier. J’étais dans le chalet tout à côté de l’arbre planté en sa mémoire le jour où elle aurait eu 19 ans.. À la fin de ma lecture, je me suis dirigé avec ma lampe frontale devant son arbre pour lui parler de cette victoire…qui fut de courte durée.
Voici donc ma réponse à la demande d’aller en appel du bureau du Coroner, reçue quatre jours plus tard.
Le rapport d’investigation du Coroner affecté au dossier du suicide de Kim fut déposé le 6 juin 2014. Il fît son rapport sans trouver pertinent de me rencontrer. Aucune allusion à l’intimidation vécue par Kim dans son rapport….
Pourtant, à cette date, mes dénonciations de l’intimidation faite à Kim comme cause possible de son suicide avaient déjà faites les manchettes à LCN matin, Dutrizac le midi, Denis Lévesque, TVA nouvelles, Le Journal de Montréal/Le journal de Québec et le journal Les 2 Rives. Faut croire que ce coroner n’écoute pas les nouvelles et ne lit pas les journaux!
Mes premières démarches furent faites auprès de la Sureté du Québec, par une plainte en bonne et due forme. Cette enquête fut abandonnée en fin 2015, avec une tentative infructueuse de réouverture en 2017, suite à de nouveaux témoignages. Parfois, certaines langues mettent du temps à se délier, par peur de représailles.
Voilà pourquoi, monsieur le Coroner en chef-adjoint, pour répondre à votre interrogation pourquoi nous nous sommes tournés vers le bureau du Coroner en chef qu’après.
Et pourquoi j’ai encouragé le recours judiciaire de M. Duhamel, étudiant en droit, suite à votre lettre de refus d’une enquête publique que vous m’avez faite parvenir en octobre 2017.
Et nous avons obtenu ce jugement, que vous désirez maintenant porter en appel.
Extrait:
«ORDONNE à la défenderesse de faire effectuer un complément d’investigation sur les allégations voulant que Kim Petterson, décédée le 18 mars 2014, ait été victime de harcèlement et d’intimidation tout au long de l’année scolaire 2011-2012 par des membres du personnel et de la direction de l’école secondaire Fernand-Lefebvre et d’un geste d’intimidation, au cours du mois de février 2014, de la part de membres du personnel du centre de formation professionnelle Sorel-Tracy, deux établissements qu’elle fréquentait, et qu’il y aurait un lien entre ces gestes et son suicide;»
Je suis déçu de vous voir en appeler de ce jugement. Moi qui croyait que votre mandat était d’élucider les causes de décès, je trouve contradictoire que vous mettiez plutôt vos efforts pour éviter de le faire!
Cela me dégoûte de voir le bureau du coroner affecter des budgets à l’empêchement de son mandat. De plus, combien plus cher coûte aux contribuables cet appel en frais juridiques qu’aurait coûtée une enquête?
Je suis désolé, mais votre bureau perd en crédibilité à mes yeux ainsi qu’aux yeux de plusieurs en agissant de la sorte. Le cynisme de la population face aux institutions s’en retrouvera encore augmenté. De plus, le message que vous lancez est comme si les causes de suicides n’étaient pas importantes pour vous autant que les causes de d’autres décès traumatiques. Pourtant, les recommandations d’un coroner suite à l’enquête sur les raisons d’un suicide ne devraient-elles pas servir à la prévention du suicide? Surtout dans une région comme la mienne qui compte un nombre élevé de cas de détresses chez les jeunes?
Je suis décidé à appuyer résolument l’étudiant en droit dans sa cause qu’il défendra en cours d’appel. J’ai même l’intention de m’inviter à chaque séance comme observateur intéressé et de rapporter le déroulement de celle-ci.
Éric Pettersen
Papa de Kim Pettersen