Assurément, les doses d’endorphines sont moins intenses, mais j’y suis maintenant habitué.
Acculé au pied du mur, j’ai dû faire mon deuil de la course à pied pratiquée pendant 30 ans.
Quand on marche, on prend le temps de regarder autour de soi, ce qui n’était pas nécessairement le cas lorsque je courais. De plus, à la course, on entre dans une sorte de transe et à vrai dire, nous ne disposons pas toujours d’un esprit présent.
Alors, je réalise, lors de mes balades matinales, toute la misère qui sévit dans notre région. Jamais je n’aurais imaginé voir une telle tristesse parmi les êtres humains.
Et c’est varié.
Les gens qui couchent au carré Royal, dans un racoin du Marché des arts Desjardins, dans le hall d’entrée du terminus au traversier, j’en vois de toutes les couleurs. Et à chaque fois, je laisse échapper un grand soupir de découragement en me demandant comment notre société a pu en venir là.
Il y a quelques jours, je suis parti de la maison malgré un temps nuageux. C’était frisquet. J’étais bien habillé. Puis, une petite bruine s’est abattue. Que cela ne tienne, je continue, car déjà trop avancé sur mon parcours habituel, je n’avais pas le goût de rebrousser chemin.
Je me suis retrouvé au parc Regard-sur-le-Fleuve avec cette même bruine et un vent que je devais affronter. Je me disais : mais qu’est-ce que je fais ici?
Seul au monde, comme dans le film.
Puis, juste avant de quitter le parc, j’ai levé la tête.
Un homme marchait en sens contraire. Il portait un enfant dans ses bras. Je me suis vraiment demandé ce qu’ils faisaient à cet endroit, tôt le matin, le long du fleuve avec une pareille température. Lorsque nous nous sommes croisés, j’hésitais à le regarder. Il portait son enfant devant son visage, comme s’il avait voulu se cacher.
J’ai dévié la tête. Le respect s’imposait.
Des exemples du genre, j’en vois beaucoup trop et ça devient très pénible à accepter.
Ce manque flagrant de chaleur humaine s’avère malheureusement la réalité. Je suis impuissant devant de telles scènes et elles viennent me chercher à chaque fois.
Inévitablement, je fais un examen de conscience et m’interroge sur les conditions dont je dispose. Et la question qui tue, je me la pose à chaque fois : pourquoi lui ou elle?
Vous ne trouverez jamais la réponse à cette interrogation, car elle n’existe tout simplement pas.
La vie est ainsi faite. Elle nous est imposée sans que nous en connaissions les vraies raisons, les vraies valeurs.
Voilà l’un des motifs qui explique que l’on doit profiter du bonheur lorsqu’il passe près de nous.
À l’approche de la période des Fêtes, il devient essentiel de drainer notre cerveau, d’oublier les conflits, les petites chicanes. On le dit souvent, mais si on prend la peine de le répéter, c’est que la leçon n’est jamais vraiment retenue et appliquée.
Appréciez ce que vous avez, car sachez que vous disposez d’une longueur d’avance sur bien des êtres humains. À chercher trop la perfection, on s’y perd.
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