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« En ce moment, on ne connaît pas tous les détails et on ne sait pas comment nos clients vont réagir aux annonces », signale le PDG de Finkl Steel – Sorel Forge, Louis-Philippe Lapierre-Boire.
Selon lui, l’aspect névralgique n’est pas l’accès au marché américain, bien qu’il représente une part importante des activités de Sorel Forge. Actuellement, l’entreprise a plutôt les yeux rivés sur le marché automobile ontarien, dont sont issus ses principaux clients.
« En Ontario, si la chaîne d’approvisionnement de l’automobile est impactée, évidemment cela aura des répercussions plus importantes pour nous, prévient le PDG. Donc, s’il y a un ralentissement dans le secteur automobile, eux [clients ontariens] seront impactés, donc nous serons impactés indirectement. Donc, en ce moment, l’inquiétude est vraiment autour de cette industrie. L’incertitude, c’est l’aspect le plus dommageable. Personne ne sait comment ça va fonctionner le 12 mars. Ça met tout sur pause. »
Actuellement, environ 30 % des expéditions de Sorel Forge quittent vers les États-Unis, à Warren, au Michigan. « Une grosse partie de nos expéditions vont vers un de nos entrepôts aux États-Unis, qui sert principalement le marché ontarien tout près à Windsor, nuance le PDG. Donc, on ne doit pas nécessairement considérer ces ventes parce que si le marché automobile continue de bien aller, ces ventes pourraient être directement desservies de Sorel-Tracy. Il resterait réellement entre 5 et 10 % des ventes de Sorel vers les États-Unis. »
Le lundi 10 février, on apprenait que les premiers tarifs de 25 % évoqués pour le 4 février, mais suspendus pour une période de 30 jours, pourraient s’additionner aux tarifs de 25 % sur l’acier et l’aluminium. Ainsi, ces deux métaux pourraient être taxés jusqu’à 50 %. « Pour l’instant, je ne commenterai pas ça parce que ce n’est pas une nouvelle avérée. On n’a pas l’information de première main, mais on traite toutes les informations comme des scénarios potentiels », confie Louis-Philippe Lapierre-Boire.
Vers une réduction de personnel?
En 2018 et 2019, des tarifs douaniers de 25 % avaient notamment été appliqués sur l’acier canadien. L’entreprise Sorel Forge ne navigue donc pas en terrain inconnu actuellement. « On a appris beaucoup de choses à cette époque, assure-t-il. Dès le mois de novembre dernier, à l’élection de Donald Trump, on se préparait à l’imposition de possibles tarifs. »
À ce moment, une cinquantaine d’employés de Sorel Forge avait perdu leur emploi. Toutefois, l’entreprise ne prévoit pas réduire le personnel pour l’instant. « Tout va dépendre de ce qui va se passer avec les industries qu’on dessert. On prépare des stratégies pour diversifier nos ventes. On va redoubler d’ardeur pour ne pas couper de gens », conclut-il, ajoutant que l’investissement pour la nouvelle presse va aider l’entreprise à demeurer compétitive sur le marché international.
Incertitude aussi au syndicat
Le président du Syndicat des Aciers Forgés – CSN, Jean-François Cartier, affirme également que l’incertitude règne chez Sorel Forge. « Les gars sont toujours un peu inquiets, admet-il. C’est surtout l’incertitude de savoir ce qui va se passer à long terme. Les gars aimeraient prévoir, mais ce n’est pas évident. Les informations arrivent de partout et rien n’est clair. »
« C’est dommage parce qu’on a le vent dans les voiles actuellement. On vient de célébrer notre 85e anniversaire et la nouvelle presse est en marche. Maintenant, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Je vais suivre la situation de près pour les 250 employés syndiqués dans l’usine », conclut M. Cartier.