1 mars 2022 - 08:12
L’invasion russe en Ukraine inquiète la Soreloise d’adoption Olena Pokhvalii
Par: Alexandre Brouillard

Olena Pokhvalii vit beaucoup d’inquiétude depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, son pays natal, par l’armée russe. Photo | Les 2 Rives ©

La Ville de Severodonetsk, dans l’Oblast de Louhansk, où habitent des membres de la famille d’Olena Pokhvalii, a été violemment bombardée le 27 février. Photo capture d’écran

Installée depuis 2012 à Sorel-Tracy avec sa fille de neuf ans et son mari, Olena Pokhvalii assiste impuissante à l’invasion de l’Ukraine, son pays natal, par l’armée russe. Depuis la semaine dernière, elle vit beaucoup d’inquiétude, alors que des membres de sa famille et ses amis vivent dans l’oblast de Donetsk, à seulement 40 kilomètres de la ligne de démarcation.

« Je suis très inquiète, a confié Olena Pokhvalii, à peine 12 heures après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Je ne dors vraiment pas bien parce que ma famille, ma belle-famille et mes amis sont tous là-bas. Je voyais les tensions augmenter dans les derniers jours et je m’attendais au pire parce qu’on ne peut pas rester tranquille après les événements survenus en Crimée en 2014. »

En 2014, les Ukrainiens ont connu leur lot d’inquiétude et de violence, alors que plusieurs affrontements entre Pro-Européens et Pro-Russes ont eu lieu dans la foulée de la révolution de Février (révolution de Maïdan). Des événements qui ont mis en lumière de profondes cicatrices : Pro-Européens, Pro-Russes, intégration de l’Union européenne, intégration de l’OTAN et rapprochement entre l’Ukraine et la Russie.

Bien que la situation ne se soit pas totalement résorbée dans les dernières années, Mme Pokhvalii confie que le niveau d’inquiétude des Ukrainiens avait diminué. Toutefois, peu avant les Fêtes, les images de véhicules d’assaut et de milliers de soldats russes se massant aux frontières de l’Ukraine faisaient craindre le pire. C’est finalement au petit matin le 24 février que les Russes sont entrés en Ukraine au grand désarroi d’Olena Pokhvalii.

« Dans ma ville natale, à Kramatorsk, il y a eu beaucoup d’affrontements. Ma tante et mon oncle sont actuellement à Severodonetsk où il y a eu beaucoup de bombardements. Ils se réfugient dans la cave. Ma famille reste là-bas pour l’instant parce qu’il n’y a pas de sens par où s’enfuir. Les bombardements sont partout. J’aurais aimé que mes parents viennent au Québec, mais je ne crois pas que ce sera possible », raconte-t-elle avec beaucoup de tristesse.

Beaucoup d’incompréhension

Depuis le début des affrontements, Olena Pokhvalii se remémore le stress qu’elle a vécu en 2014 lorsque sa ville natale était occupée par les Pro-Russes. « On ne veut pas que l’histoire se répète, confie-t-elle. Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de Vladimir Poutine. Il ment sur l’histoire de l’Ukraine! C’est vraiment fâchant et c’est impossible d’accepter sa version. »

« J’ai habité dans cette région [ville de Kramatorsk] pendant 30 ans, toute ma famille et moi étions russophones et on ne s’était jamais fait menacer pour parler le russe, ajoute-t-elle avec émotion. C’est fou comment Poutine a réussi à passer le message comme quoi il sauverait les gens là-bas. Il n’y a rien à sauver. »

Finalement, Olena Pokhvalii rappelle qu’en 2014, plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Russie avaient signé le Mémorandum de Budapest qui accorde des garanties d’intégrité territoriale et de sécurité à trois anciennes Républiques socialistes soviétiques, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan.

« Comme on peut voir, ça ne fonctionne pas. Après 2014, des actions auraient dû être adoptées pour protéger l’Ukraine. Ça n’a pas fonctionné avec ma région et on voit comment c’est rendu grave », conclut Olena Pokhvalii.

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