13 janvier 2021 - 03:00
Reconnu comme le député francophone avec le plus long mandat continu
Louis Plamondon veut rester en selle pour encore quelques années
Par: Katy Desrosiers

Le député Louis Plamondon a battu le record du mandat continu le plus long pour un député francophone à la Chambre des communes. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le député fédéral pour le Bloc Québécois dans Bécancour – Nicolet – Saurel, Louis Plamondon, a battu le 27 novembre un record de longévité à la Chambre des communes pour un élu francophone en atteignant un mandat continu de 36 ans, 2 mois et 25 jours. Il ne lui reste qu’à surpasser cinq élus anglophones, un record qu’il veut atteindre.

Louis Plamondon a battu le record de Charles Marcil, qui datait de 83 ans. Ce dernier avait été élu député de Bonaventure en 1900.

Pourtant, battre des records n’a jamais traversé l’esprit du député lorsqu’il a été élu pour la première fois en 1984. À cette époque, un des organisateurs de sa campagne avait prédit qu’il serait député au moins 10 ans.

« Je lui disais que c’était long 10 ans. Mais ça passe vite. D’une élection à l’autre, le défi est toujours là, la passion aussi et j’ai toujours envie de servir », souligne M. Plamondon.

Les prochains records à battre sont ceux de cinq élus anglophones, deux ayant atteint des mandats de 37 ans et trois des mandats de 39 ans.

« Le plus vieux, c’est 39 ans et six mois. Herb Gray, un ex-libéral de Toronto. Quand il a atteint ce sommet après avoir battu John Diefenbaker, on lui avait donné le titre d’honorable. Quand j’ai vu ça, je suis parti à rire. Je ne me vois pas recevoir le titre de très honorable au Parlement canadien. Si je refais un terme de quatre ans, ça me donnerait 40 ans et je les aurais tous battus. Ça serait assez original qu’un souverainiste ait le record d’avoir siégé à la Chambre des communes le plus longtemps! », lance-t-il.

Certains députés dans l’histoire comme Wilfrid Laurier ont aussi été en poste pendant des décennies. Toutefois, certains ont été exclus de la liste détenue à la bibliothèque du Parlement puisqu’ils ne respectaient pas certains critères établis pour calculer le record.

Témoin de parcelles d’histoire

Au fil des ans, Louis Plamondon a été témoin de plusieurs moments marquants comme les changements de premiers ministres, les traités de libre-échange, la confirmation de l’abolition de la peine de mort et les débats sur l’avortement.

Un des plus marquants pour lui demeure la visite de Nelson Mandela, qu’il admire pour s’être battu pour le droit de vote et l’égalité.

« On devait être tous assis en chambre, mais j’étais en retard à cause d’une entrevue. Je suis arrivé en même temps que lui dans le corridor, en attendant qu’on ouvre les portes. Le guide m’a vu et a dit «Voici un de nos députés». Je lui ai donné la main et quand je suis venu pour parler, la bouche m’a barré. Je n’étais pas capable de parler tellement j’étais impressionné. Il m’a salué dignement et dans son visage, tu voyais une sérénité que tu voies rarement dans les gens. Tu voyais la paix et le pardon », se souvient-il.

Il s’était senti sensiblement de la même façon lorsqu’il avait vu le pape Jean-Paul II lors de sa visite au Canada en 1984.

Un autre moment exaltant pour lui est lorsque le Bloc Québécois est devenu l’opposition officielle en 1993. M. Plamondon venait de quitter le Parti progressiste-conservateur pour participer à la fondation du Bloc Québécois. « On ne savait pas si on venait de sauter de l’avion sans parachute. Quand on a été élu, c’était le peuple qui avait sanctionné notre choix », remarque-t-il.

Parmi les moments plus sombres, il se souvient entre autres d’un accident de voiture qui a coûté la vie à huit enfants près de Nicolet en 2000, de la mort de deux de ses confrères députés du Bloc Québécois également dans des accidents de voiture ainsi que les divisions au sein du parti.

Avec la pandémie de COVID-19, le député a perdu le contact humain qu’il aimait tant. « Tous les événements qui se passaient, j’y allais. Mais là, d’un coup sec, il n’y avait plus rien. J’avais l’impression d’avoir pris ma retraite. Heureusement, je n’ai pas fermé mon bureau et le téléphone ne dérougissait pas à cause de tous les programmes d’aide. […] Ça m’a rendu actif, mais c’est épouvantable comme je m’ennuie d’aller voir les gens », relate-t-il.

Bien que son quotidien soit différent, cela ne l’empêche pas de vouloir se représenter à nouveau aux prochaines élections.

Et dans l’actualité…

Le député Louis Plamondon salue la décision de Justin Trudeau de ne pas offrir l’aide de 1000 $ aux voyageurs pour leur quarantaine obligatoire à leur retour au pays si leur voyage n’était pas de nature essentielle. Toutefois, le député croit que la décision aurait dû être prise plus tôt.

Il affirme que lorsque le programme a été adopté, personne ne croyait qu’il servirait aux gens qui transgressent les mesures de prévention sanitaires.

Il soutient que le Bloc Québécois est le premier parti à avoir demandé au gouvernement d’intervenir. « Il est intervenu, mais avec beaucoup de lenteur. Ç’a aurait dû être immédiat. […] En mars dernier, il a fermé les aéroports 15 jours trop tard et cette fois, on n’aurait pas eu ce problème-là si à la fin novembre, il avait interdit les voyages pour les gens qui prennent des vacances », avance-t-il.

Il croit qu’une compensation financière aurait dû être offerte aux compagnies aériennes pour leur permettre de garder la tête hors de l’eau sans qu’elles aient à vendre des voyages.

Pour l’imposition d’un test négatif avant le retour, M. Plamondon croit que la mesure arrive aussi trop tard puisqu’au 7 janvier, déjà 35 000 personnes étaient revenues sans ce test.

Le député espère aussi que la cadence s’accélèrera pour la vaccination.

Pour le prochain budget, le Bloc priorisera les aînés dans ses demandes. M. Plamondon mentionne qu’ils sont ceux qui souffrent le plus de l’augmentation du coût de la vie et qu’il n’y a pas eu d’augmentation de la pension de vieillesse depuis des années. La seule aide reçue consiste en un montant de 300 $ en raison de la pandémie.

« Il faut vivre d’espoir et se souhaiter que cette année va être meilleure. On va regarder ça positivement en étant extrêmement prudents et respectueux des mesures sanitaires », conclut-il.

 

 

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