Assumant la direction depuis 1992, Lucie Hénault a commencé à y travailler comme intervenante en novembre 1988. « Mon premier emploi était auprès d’hommes violents dans le contexte de la psychiatrie légale pendant près de 10 ans à l’Institut Philippe-Pinel. À un moment où j’avais une remise en question, j’ai fait une petite pause et j’ai vu passer l’offre d’emploi. Travailler avec des femmes, pour les femmes, j’ai dit pourquoi pas! », relate-t-elle.

« Je n’étais pas originaire de la région, mon premier défi a été de prendre ma place. Pendant les quatre premières années, je me suis intégrée », se rappelle la détentrice d’un baccalauréat en criminologie.

Elle éprouve de la fierté quand elle pense à d’anciennes collègues de travail et intervenantes qui ont fait leur place dans d’autres organisations, mais aussi pour celles qui reviennent la seconder dans son rôle à la direction de la Maison.

Selon la directrice, malgré l’avancement dans les dernières années, il reste encore des pas à faire, dans la compréhension de ce qu’est la violence conjugale et de sa dynamique. « Il faut assurer une meilleure défense des droits des femmes et une meilleure protection, ce qui n’est pas sans défi à l’ère des médias sociaux et de la géolocalisation », soutient-elle.

« Avec toutes les activités de sensibilisation qui ont été faites, à tous les niveaux, y compris par La Maison La Source, les femmes attendent moins avant de venir consulter. Au fil des ans, on a pu développer et consolider des services de consultation en externe. On peut rencontrer une intervenante sans avoir à venir en hébergement. À un moment donné, tu ne te sens plus bien dans ton couple. T’aimerais ça y voir clair, prendre un pas de recul, nos services de consultations externes sont là pour ça », explique Mme Hénault.

Femmes ou hommes, des besoins et des droits qui sont égaux

Malgré un soutien gouvernemental accru, la violence conjugale existe encore. Avec toutes les nouvelles technologies, les stratégies de contrôle ont évolué. Même après une séparation, la domination et le contrôle peuvent se poursuivre.

Selon Lucie Hénault, les femmes doivent être vigilantes face aux signaux de comportements toxiques. « Au début de la relation, avant qu’il y ait trop d’engagements dans le couple, écoutez bien comment cet homme parle de ses anciennes conjointes. Dites-vous qu’un jour, il pourrait parler de vous de la même façon. Quand vous commencez à vous sentir mal à l’aise dans une relation, que vous marchez constamment sur des œufs, c’est le temps de prendre un rendez-vous », explique-t-elle.

Au chapitre du droit des femmes, elle fait preuve de lucidité. « Il ne faut jamais rien prendre pour acquis, assure Mme Hénault. Il n’y a pas encore de réelle égalité entre les hommes et les femmes. En tant que femmes ou hommes, nous avons des besoins et des droits qui sont égaux. Les relations humaines doivent être basées sur le respect, la collaboration et la capacité de négociation. »