Lorsque Marie est venue au monde, le 24 septembre 1917, au Cap-de-la-Madeleine, la Première Guerre mondiale faisait toujours rage sur le vieux continent. Les événements marquants du XXe siècle, elle les a presque tous vécus : les Années folles, la Grande Dépression, la Deuxième Guerre mondiale, la Grande noirceur, la Révolution tranquille, l’arrivée d’un nouveau siècle et on en passe.
Petite fille de « forman », Marie a grandi sur l’île de la Potherie, alors que son père travaillait pour la « Kruger Wayagamack », une usine de pâtes et papier. Elle ne conserve que de bons souvenirs de son enfance avec sa sœur Germaine et ses frères Jules, Marcel et Léo.
« L’hiver, mon frère nous faisait une patinoire près de la maison. J’ai beaucoup patiné avec mes amis et des membres de ma famille. Ce sont des petits moments de bonheur », relate-t-elle avec joie.
C’est en 1953 qu’elle a acheté sa maison au Cap-de-la-Madeleine avec son mari Josaphat Tessier. Là-bas, ils ont élevé leurs trois enfants, Monique, Claire et Jean-Claude. Après plusieurs années de bonheur, Marie a perdu son mari qui est décédé en 1979. Elle a vécu dans la même maison jusqu’à l’âge de 103 ans. À l’automne 2019, elle a déménagé à Sorel-Tracy chez sa fille Claire pour ensuite prendre un appartement à la résidence du Marquis de Tracy.
Citoyenne de Sorel-Tracy depuis deux ans, elle entretient un lien intime depuis plusieurs années avec la région. Son mari venait régulièrement travailler à Sorel comme débardeur, tandis que son gendre Clément Croteau, le mari de sa fille Claire, a ouvert le magasin Croteau en 1960 à Sorel. Encore aujourd’hui, la famille Croteau est intimement liée au magasin, maintenant connu sous le nom Aubainerie, alors que Nathalie, la fille de Claire, est la gérante actuelle du magasin.
Positive coûte que coûte
De son propre aveu, Marie Tessier est une femme positive, qui apprécie discuter et partager des petites anecdotes du quotidien. En plus de 100 ans de vie, ce ne sont pas les anecdotes qui manquent.
Lors de notre rencontre, elle a relaté avec enthousiasme la fois où un policier l’avait arrêtée parce qu’elle « ne roulait pas assez vite ». « Par chance, il ne m’avait pas donné de ticket, lance-t-elle en rigolant. J’ai appris à conduire à 50 ans et j’ai eu ma propre voiture jusqu’à 97 ans. C’était important d’avoir mon autonomie. »
Malgré tous ses bons souvenirs, la vie n’a pas toujours été facile. Vers l’âge de 8 ans, la jeune Marie a eu une pneumonie qui, selon le médecin, avait failli lui coûter la vie. Elle se rappelle aussi les rationnements durant la Deuxième Guerre mondiale. « On avait des coupons pour acheter la farine, le sucre, le café, etc. Mais on était chanceux. Mon frère travaillait dans une épicerie et s’assurait qu’on ne manque de rien », relate la centenaire.
Elle a d’ailleurs vécu plusieurs deuils, dont celui de sa petite fille Monique décédée à l’âge de 9 ans de la méningite. « C’est difficile de voir partir les gens qu’on aime, des enfants, des frères, des sœurs, nos parents, des amis, des connaissances qui ont su marquer notre vie », mentionne-t-elle.
Ironiquement, 97 années plus tard et en bonne santé, Marie nous raconte ses histoires avec éloquence, tout en offrant candidement un petit bonbon à la cannelle. « Il faut prendre la vie positivement! Avoir une bonne attitude est la solution de beaucoup de maux », lance-t-elle tout bonnement.
Elle persiste et signe : le secret de sa longévité est de toujours garder le moral et de ne pas vouloir changer le passé. « Ce qui est fait est fait! Il faut rester positif et actif. J’ai fait du bénévolat, j’ai voyagé et j’ai mené une bonne vie sociale. […] Il faut vivre le moment présent et garder du passé que les bons souvenirs », philosophe-t-elle avec assurance.
Un 105e temps des Fêtes
À l’aube de célébrer son 105e Noël, Marie Tessier se remémore avec justesse le temps de fêtes en Mauricie. « Mon père faisait le père Noël, se rappelle-t-elle. Il mettait des bonbons dans nos bas. Je n’ai que de bons souvenirs. »
Bien qu’elle ait vécu plusieurs Noëls, Marie se réjouit toujours de pouvoir vivre un nouveau temps des Fêtes en 2022 avec ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. « J’en profite, assure-t-elle. On ne sait jamais quand ce sera la fin, mais je suis contente de pouvoir célébrer avec toute ma famille. »
D’ailleurs, ses six petits-enfants et sept arrière-petits-enfants se réjouissent de pouvoir côtoyer celle qu’ils surnomment affectueusement « grand-mère disco » à cause de sa joie de vivre contagieuse.
