8 mai 2024 - 07:41
Marilène Gill parle de ses souvenirs sorelois avec nostalgie
Par: Stéphane Fortier
Marilène Gill se lève en Chambre pour déposer son projet de loi / stands up to introduce her Private Memeber's Bill

 Ottawa, ONTARIO, le 29 March, 2022. 

© HOC-CDC
Credit: Bernard Thibodeau, House of Commons Photo Services

Marilène Gill à la Chambre des communes. Photo gracieuseté

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Marilène Gill n’a jamais vraiment quitté Sorel-Tracy dans son cœur. On la voir ici avec son fils Ulysse. Photo gracieuseté

Marilène Gill, députée du Bloc québécois dans la circonscription de Manicouagan, est une pure enfant de Sorel-Tracy qui, malgré les distances que ses fonctions l’obligent à parcourir, revient sur une base hebdomadaire dans la ville qui l’a vue naître et grandir.

Marilène Gill, née à l’Hôtel-Dieu en 1977, a grandi dans le secteur du boulevard Fiset et la rue Victoria à Sorel. Sa mère était infirmière et son père travaillait à la Celanese. « Je viens d’un milieu humble et ma famille vit toujours à Sorel, mon frère entre autres. J’ai fait mes études primaires à l’école Maria-Goretti et Saint-Viateur et mes études secondaires à Fernand-Lefebvre. Je me suis ensuite inscrite en Arts et Lettres au Cégep de Sorel-Tracy », relate Marlène Gill d’entrée de jeu.
Ses souvenirs de Sorel? « Le fleuve, le Richelieu. On pouvait partir en vélo et se rendre à la marina de Sainte-Anne. L’accès à l’eau, c’est ce que je retiens de mes années d’enfance et d’adolescence et cela me manque toujours », dit-elle avec nostalgie.
Alors qu’elle était encore au cégep, la région a baigné dans une atmosphère qui aura certes une influence sur son avenir. « En 1995, c’était le référendum, un événement qui était sur toutes les lèvres. Cela a été mes premières implications militantistes. Le référendum a été un déclencheur pour moi. On ne peut pas dire que c’était très politisé à la maison, mais mon grand-père, qui travaillait dans le milieu industriel, m’avait offert un drapeau du Québec. C’est un peu comme s’il me passait le flambeau », raconte Marilène Gill.

La carrière professionnelle débute

C’est le militantisme qui a habité Marilène Gill dans ses jeunes années, pas la politique active. Elle quitte Sorel-Tracy pour s’inscrire à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et elle y complète, par la suite, une maîtrise en études littéraires en 2004. « Quand on quitte un lieu, c’est comme si on oubliait tout ce qu’on y a vécu, mais chaque fois que je reviens à Sorel, c’est là que mes souvenirs de jeunesse refont surface », d’indiquer Marilène Gill avec émotion.
Après ses études, elle devient enseignante en littérature au Collège Laflèche de Trois-Rivières d’abord, puis au Cégep de Chicoutimi et, à partir de 2008, fait un saut vers la Côte-Nord pour enseigner au Cégep de Baie-Comeau.
Parallèlement à sa carrière d’enseignante, elle agit comme militante syndicale, agente de développement et coordonnatrice de la table de concertation en condition féminine de la Côte-Nord. « J’ai toujours été sensible à la cause de la violence faite aux femmes », précise-t-elle. Elle est aussi auteure, ayant publié deux recueils de poésie aux éditions Les Herbes rouges.

La politique

En 2015, la vague orange déferle sur le Québec, mais, se souvient Marilène Gill, Louis Plamondon, député de Bécancour-Nicolet-Saurel, est l’un de ceux qui a résisté à la vague. « Marjolain Dufour (ancien député du PQ) a quitté la politique à ce moment-là. Il connaissait mon implication et m’a suggéré de faire le saut. J’avais de jeunes enfants à ce moment et je me suis dit que peut-être, plus tard…. Je ne me suis jamais dit à moi-même que je me lancerais en politique active, mais j’ai toujours été impliquée dans les exécutifs. Sans me l’avouer, je me disais que lorsque mes enfants seraient assez grands, je ferais peut-être le saut », confie celle qui avait été attachée politique de Michel Guimond, député du Bloc québécois, de 1993 à 2011.
À l’aube des élections de 2015 au fédéral, elle dit finalement oui et passe de la politique militantiste à la politique active. « J’ai fait une vraie campagne et pas comme militante, cette fois. À ce moment, il n’y avait pas de chef au Bloc. Mario Beaulieu avait quitté et plus tard, Gilles Duceppe a pris la relève. Cela a été une période tumultueuse. »
En 2015, malgré la vague orange, elle remporte les élections avec 41,2 % des votes exprimés et devient donc députée de Manicouagan. « Mon premier mandat en a été un d’apprentissage. C’est un autre univers, la politique active. Il faut se créer une équipe solide autour de nous. Il y a aussi la joute parlementaire et surtout, il faut apprendre les enjeux de la circonscription », décrit Marilène Gill, qui est très heureuse des responsabilités qu’on lui a confiées.
De fait, durant son premier mandat, elle est porte-parole de son parti en matière de Pêches et Océans, d’Affaires indiennes et du Nord canadien ainsi que de Ressources naturelles. Elle est également whip de son parti de mars 2017 à août 2018. Lorsqu’une crise éclate au Bloc québécois en mars 2018, elle est une des trois députés qui restent fidèles à la cheffe Martine Ouellet. Elle devient alors leader en chambre du Bloc, et ce, jusqu’au mois d’août suivant. Mais au moment où Marilène Gill est sur le point de déposer un projet de loi, des élections sont déclenchées. « Louis Plamondon me disait qu’être député, c’est apprendre à gérer ses frustrations », souligne-t-elle.
Lors des élections de 2019, elle est réélue avec 54 % des voix. « Nous étions déterminés à ce que le Bloc redevienne une force importante pour le Québec », rappelle Marilène Gill.
Au cours de ce second mandat, elle est porte-parole en matière de Pêches et Océans ainsi que d’Emploi et Développement social tout en étant whip adjointe de son parti.
Lors de l’élection de 2021, elle est réélue une deuxième fois avec 54 % des voix. Elle demeure whip adjointe de sa formation politique et redevient porte-parole en matière d’Affaires autochtones et du Nord.
Et en prévision des élections de 2025? « Je veux continuer le travail amorcé, notamment celui de défendre les travailleurs et lutter contre les briseurs de grève. J’ai encore l’énergie et ma famille est derrière moi », assure Marilène Gill.

Sensibilisation

Marilène Gill est mère de trois enfants, soit Loïc, Charlotte et Ulysse. Ce dernier est le fils de Xavier Barsalou-Duval, collègue député bloquiste, rencontré au cours de l’élection de 2015. Il s’agit du premier enfant d’un couple de députés de la Chambre des communes à naître au cours du mandat de ses deux parents.
Ulysse, 6 ans, a été diagnostiqué TSA (Trouble du spectre de l’autisme). Le mois de l’autisme était en avril et Marilène Gill y attache toujours une grande importance, cela va de soi. « Ulysse est aux prises avec un TSA non spécifique. Il ne parle pas. Va-t-il être autonome un jour? Ulysse n’a peur de rien. Il passe beaucoup de temps chez sa grand-mère à Sorel-Tracy. Je veux dire aux parents qu’il faut être capable d’en parler, faire lever les tabous, aller vers les autres qui vivent la même expérience. On ne doit pas, non plus, tout prendre sur nos épaules. Cela fait du bien de savoir que l’on n’est pas seuls. Les enfants et adultes ayant un TSA sont uniques. Ils sont tous extraordinaires selon les individus », indique fermement Marilène Gill en conclusion.

 

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