8 mars 2023 - 07:01
Maude Lévesque, une femme de convictions
Par: Deux Rives

Maude Lévesque travaille chez ArcelorMittal depuis bientôt 10 ans. Photo gracieuseté

Un texte de Louis Latraverse

À titre de coordonnatrice sénior procédé, Maude Lévesque travaille depuis bientôt 10 ans dans l’une des meilleures usines de réduction au monde au sein du groupe Mittal. Elle est responsable du groupe d’ingénieurs de procédé de l’usine de réduction au complexe d’ArcelorMittal à Contrecœur.

Elle veille au bon fonctionnement de l’usine, à l’optimisation des procédés et aux projets de développement. À la fin de ses études, forte d’un baccalauréat en génie chimique, elle a œuvré dans le secteur de la pétrochimie dans l’Ouest canadien et dans l’Est de Montréal.

Les femmes sont plus rares dans le secteur de la production, étant plus nombreuses dans l’administration et les ressources humaines. « Dix ans après mon arrivée, au quotidien avec ma gang, la différence, je ne la vois plus. À côtoyer la même équipe depuis plusieurs années, on développe un lien. Quand j’ai été embauchée, j’étais la deuxième femme à l’usine de réduction. Bien sûr, je me suis fait taquiner comme n’importe quel nouvel employé », constate Maude Lévesque.

Ses collègues l’appellent Madame Maude, un signe d’appréciation et d’intégration réussie. « Faire sa place, se faire accepter, être capable de s’affirmer, démontrer ses compétences avec beaucoup d’humilité, il faut accepter d’apprendre des plus anciens. J’ai bon caractère, je ne m’offusque pas facilement. J’ai un bon sens de l’humour, je pense que ça m’a aidée. Aujourd’hui, la nouvelle génération arrive avec une ouverture sur le monde, tant au niveau de l’environnement que sur la place des femmes », expose-t-elle.

Des clichés à déconstruire

Néanmoins, selon Maude Lévesque, il reste quand même beaucoup de clichés à déconstruire. « Une femme qui monte le ton, c’est encore mal perçu. Au cours d’une réunion, un homme et une femme peuvent dire la même chose, mais ce ne sera pas perçu de la même façon », soutient-elle.

Selon des données récentes de Statistique Canada, malgré des décennies de progrès en milieu de travail, les femmes continuent d’être sous-représentées au sein des postes de direction et décisionnels, représentant un cadre supérieur sur quatre au Canada. « C’est plus difficile de s’intégrer si on n’aime pas jouer au golf ou si le résultat de la game de hockey nous laisse complètement indifférente. L’aspect PR [réseautage], ce qui te permet de bâtir ton réseau de contacts, tout l’aspect social en dehors du travail, il y a encore du travail à faire pour l’inclusion des femmes », confie Maude.

Selon elle, l’accès à des places en garderie demeure un enjeu pour l’égalité. « Les femmes sont sur le marché du travail, elles ont des enfants, mais elles ne sont pas capables de revenir travailler parce qu’il n’y a pas de place en garderie. Si l’enfant est malade, c’est souvent la femme qui prend congé. Avoir une carrière, concilier travail et famille, c’est encore très difficile pour la mère et ce n’est pas vrai qu’elle n’aura pas de compromis à faire », soutient Maude Lévesque.

« Je suis une optimiste dans la vie et il faut regarder ce que les gens souhaitent si on veut avancer. Une garderie en milieu de travail, ce serait bon, autant pour les femmes que pour les hommes, malgré la complexité des horaires. Pour attirer la main-d’œuvre, il faut innover », conclut Maude Lévesque.

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