J’imagine le malaise que vos collègues du caucus de la CAQ et vous-même devez ressentir à entendre ces réactions et à voir s’installer une espèce de stupéfaction devant les arguments invoqués pour justifier a posteriori l’annonce faite par le ministre des Finances, Éric Girard.
Jusqu’au premier ministre qui essaie de nous faire avaler l’idée qu’une subvention à ce club de la LNH, milliardaire, est un investissement dans le loisir. Parlez aux maires de la région et aux bénévoles qui se démènent avec peu de moyens pour organiser des activités de sport et de loisir et vous verrez qu’ils ne partagent peut-être pas avec monsieur Legault la même idée de ce qu’est le loisir.
Disons-le tout de suite, ce n’est peut-être pas le montant de la somme elle-même qui est l’objet de l’indignation des gens, c’est plutôt l’espèce d’inconscience révélée par les propos de certains membres du conseil des ministres.
Le Québec est entré dans une zone de turbulence qui se ressent partout au Québec, y compris chez nous. On parle souvent de la crise du logement ou de la forte inflation, mais il faut ajouter l’impact des négociations dans le secteur public et parapublic qui affectent maintenant au quotidien toute la population avec les écoles perturbées et les hôpitaux sous pression.
Tout le monde n’a pas à être d’accord avec les orientations d’un gouvernement, une réalité avec laquelle on doit être prêt à vivre. C’est une règle du jeu démocratique qui permet à un parti d’être élu et au gouvernement qui en est issu de gouverner. Mais on s’attend d’un premier ministre qu’il ne génère pas le cynisme. Parce que c’est dangereux.
En quelques semaines, d’abord avec la renaissance spontanée d’un projet de troisième lien à Québec puis avec cette rocambolesque histoire de subvention à un club de hockey professionnel, notre confiance est ébranlée.
Nous avons vu pendant la pandémie combien la confiance de la population dans la capacité du gouvernement à gérer les affaires publiques en temps de crise était essentielle pour la traverser sans trop de heurts. La confiance constitue probablement le capital le plus important dont dispose un premier ministre pour naviguer en temps de forte tempête.
C’est le rôle d’un député qui est proche des gens, comme vous l’êtes, monsieur Émond, de faire connaître aux ministres et au premier d’entre eux le malaise qui nous saisit.
La perception des gens sur la capacité d’un gouvernement à bien juger des enjeux et à prendre de bonnes décisions pour eux constitue les fondements pour un bon climat social, essentiel en temps de crise.
Il faut dire au premier ministre et à ses ministres qu’ils ne doivent pas, par leurs décisions et leurs déclarations, creuser un fossé qui les éloigne de la population.