14 mars 2023 - 08:15
Mettre l’économie au régime
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

La région de Sorel-Tracy fut le berceau québécois du développement durable (DD). Aujourd’hui elle met l’accent sur l’économie dite circulaire. Une approche qui découle du même constat : la nécessité de produire, consommer et disposer autrement pour ainsi protéger son environnement. Tout un projet!

Oui, la région a su être avant-gardiste en la matière. Beaucoup dans ses discours. Un peu moins dans ses décisions. L’intérêt mitigé d’élus qui se sont succédé au sein de différents conseils municipaux n’a certes pas joué en faveur de cette démarche. Peut-être leur semblait-elle réservée aux seuls chercheurs et écologistes militants. Ou encore à des intellectuels maniant des concepts difficiles à s’approprier. Peut-être était-elle trop loin de leurs intérêts de quartier. Heureusement, aujourd’hui, l’arrivée de jeunes élus et entrepreneurs lui donne un second souffle.

Le souci du DD, rappelons-le, fut amorcé dans les années 90 en réaction à la dévitalisation de la région et à son image – largement montrée du doigt dans la presse nationale – de « pire région polluée du Québec ». Il fallait corriger le tir. Après réflexion et consultations, elle a alors misé sur le développement de l’industrie de l’environnement et l’écotourisme.

En quête de ce nouvel aura, dès 2000, Sorel-Tracy a voulu se positionner comme un pôle d’excellence en DD. Ce qui lui a donné un nouvel aura. Elle se dota même en 2006 d’un Agenda 21 local. La première au pays à le faire!

Ainsi après avoir vu la région réorganiser la gestion de ses déchets domestiques et implanté le traitement de ses eaux usées et que des grandes entreprises aient amorcé une approche d’écologie industrielle, voilà que la Société d’aide au développement de la collectivité (SADC) annonçait la semaine dernière que d’autres entreprises plus modestes prenaient aussi un virage vert nourri aux mêmes préoccupations de déduction des coûts et d’un meilleur bilan environnemental.

Elles pensent y trouver leur compte, d’autant que la Ville, reconnue en 2012 Technopole en écologie industrielle – une autre première québécoise – bénéficie notamment de la présence du Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI), né en 1999 de la volonté du Cégep de Sorel-Tracy et de la MRC de Pierre-De Saurel de rechercher des débouchés aux produits récupérés. Ce n’est donc pas l’expertise qui manque.

Ainsi l’économie circulaire est-elle une approche qui n’a rien de banal, née aussi de la conviction que les déchets des uns peuvent devenir les ressources des autres. Elle est porteuse d’espoir, s’adressant aussi aux commerces, institutions, entreprises de services et organismes.

Nouveau modèle, elle vise à dissocier le couple croissance économique-épuisement des ressources naturelles. Elle implique de repenser nos modes de production et de consommation. Ça vaut donc aussi pour vous et moi. On doit changer de paradigme.

Cela demandera un effort de tous les instants et de l’aide pour soutenir ceux qui s’y engageront. Car l’économie circulaire appelle à mettre fin à la société du tout jetable et de ses façons d’extraire, fabriquer, consommer puis jeter. Elle fait appel à la consommation responsable de tous. Elle créera des emplois – ne serait-ce qu’en limitant l’enfouissement – si elle sait alimenter l’innovation. Ce sera notre façon privilégiée de mettre l’économie au régime. Essentiel à la bonne santé régionale et à la nôtre!

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