22 juillet 2025 - 08:08
Mille et une raisons pour trier adéquatement les matières résiduelles
Par : Alexandre Brouillard

La brigade verte de la MRC de Pierre-De Saurel poursuivra son travail jusqu’à la fin du mois d’août. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Josée Aubry et Omer Bambara, respectivement inspectrice et coordonnateur à la gestion des matières résiduelles à la MRC de Pierre-De Saurel. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

La brigade verte laisse parfois des billets « avis important », empêchant ainsi la récolte par les camions d’un bac dont le tri est problématique. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Le 15 juillet, plusieurs aérosols ont été trouvés dans le bac bleu dédié au recyclage. Les aérosols sont des résidus domestiques dangereux (RDD) qui peuvent être apportés à l’écocentre. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Un billet « avis important » avait été apposé contre un bac de recyclage qui contenait du textile, de la styromousse et du métal. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Plus la quantité de matières résiduelles envoyée au site d’enfouissement est grande, plus importants seront les impacts financiers et environnementaux pour les résidents de la MRC de Pierre-De Saurel.

Voilà le message verbalisé par Josée Aubry et Omer Bambara, respectivement inspectrice et coordonnateur à la gestion des matières résiduelles à la MRC de Pierre-De Saurel.

Lors d’une rencontre avec le journal Les 2 Rives, ils ont présenté l’enjeu de taille auquel ils sont exposés : la gestion des matières résiduelles et, plus précisément, la quantité d’ordures ménagères envoyées vers l’enfouissement.

Dans les dernières années, la moyenne d’ordures ménagères envoyées à l’enfouissement par chaque habitant de la MRC de Pierre-De Saurel est en constante augmentation. Entre 2022 et 2024, elle était de 276 kg par habitant. Parallèlement, durant la même période, le coût de la collecte a augmenté de plus de 30 %.

Omer Bambara rappelle que c’est l’entreprise EBI qui est responsable de la collecte des matières résiduelles sur le territoire de la MRC. Cette dernière est située de l’autre côté du fleuve Saint-Laurent, à Joliette. « En 2023, nous avons reçu un courriel pour nous avertir que d’ici 2030, ils auront un droit de regard sur les matières résiduelles qui viennent des autres régions. Ils ne seront peut-être plus en mesure de recevoir nos déchets. Ils seront en pleine capacité », dévoile le coordonnateur.

La MRC souhaite donc voir les ordures ménagères engendrées annuellement par habitant diminuer de 27,5 %. Elle a donc fixé l’objectif de 200 kg par habitant.« Ç’a l’air loin 2030, mais c’est demain. […] L’objectif est donc de réduire l’enfouissement, faire beaucoup plus de compost et de recyclage à l’année », ajoute Josée Aubry, admettant que si EBI refuse nos ordures ménagères, la solution de rechange est encore inconnue.

Plusieurs solutions sur la table

Pour diminuer les ordures ménagères envoyées à l’enfouissement, l’équipe de la MRC de Pierre-De Saurel étudie plusieurs possibilités.

Déjà, le conseil des maires a entériné, le 2 juillet, un règlement qui renforce l’obligation d’un tri optimal. Maintenant, l’instance régionale pourra imposer des amendes pouvant atteindre 600 $ aux gens qui gèrent mal leurs bacs. Aussi, depuis environ six semaines, deux étudiants embauchés par la MRC forment la brigade verte et parcourent le territoire pour s’assurer que la gestion des bacs soit adéquate. « Pour l’instant, c’est vraiment dans une optique de sensibilisation. Si on voit que c’est répété à un endroit, il y aura des lettres d’avis envoyées avant d’en arriver au constat. […] Ce n’est pas notre but de donner des contraventions. On veut plutôt sensibiliser les gens », explique Josée Aubry.

Puis, en 2026, la MRC modifiera vraisemblablement le calendrier de la récolte du bac noir, qui serait ramassé une fois toutes les trois semaines, dévoile Mme Aubry. « Ç’a été beaucoup discuté, confie-t-elle. Je commence à dire aux citoyens « forcez-vous à faire votre tri parce que sinon vous allez vous apercevoir que le bac noir se remplira vite aux trois semaines » ».

Ensuite, en 2026, le coût d’une vignette pour avoir le droit de posséder un bac noir excédentaire passera de 160 $ à 180 $ par année. « Sur le compte de taxation, chaque adresse paye pour un bac noir. C’est illimité pour les bacs bleus et bruns », précise Mme Aubry.

Finalement, différentes campagnes de communication seront mises de l’avant dans les prochains mois.

De concert, Josée Aubry et Omer Bambara répètent que les résidents doivent comprendre que le tri ou non de leurs matières résiduelles a des impacts directs dans leur portefeuille et sur l’environnement. « Plus les citoyens vont composter et recycler, plus les taxes en gestion de matières résiduelles vont baisser », précise M. Bambara.

Matières résiduelles en kilogramme par habitant

Ordures ménagères : 270 (2022), 278 (2023), 279 (2024)

Matières recyclables : 91 (2022), 90 (2023), 85 (2024)

Matières organiques : 128 (2022), 141 (2023), 141 (2024)

Immersion au sein de la brigade verte

Depuis six semaines, Laurent et Jocelyne forment la brigade verte régionale. Équipés de leurs plus beaux sourires et de leur meilleure paire d’espadrilles, ils sillonnent la MRC de Pierre-De Saurel et s’assurent que la gestion des trois bacs est adéquate. Bien qu’ils témoignent d’améliorations depuis leur embauche, beaucoup de travail reste à faire.

Le mardi 15 juillet, notre journaliste a accompagné la brigade verte durant 2 heures 30. Ensemble, ils ont parcouru les rues Angers, Poirier, Lévesque, Arthur, des Violettes, des Jonquilles, des Tulipes et des Marguerites à Sorel-Tracy.

Durant ce court laps de temps, ils ont été témoins de tris problématiques; dans les bacs bleus, ils ont notamment trouvé carcasse de poulet, vêtements, styromousse, bois, terre et même des résidus domestiques dangereux (RDD) comme des aérosols.

Rien pour impressionner Laurent et Jocelyne, qui depuis six semaines, en voient des vertes et des pas mûres. Des paires de bottes au vibromasseur dans le recyclage, le duo n’est jamais au bout de ses surprises, alors qu’il peut vérifier le contenu des bacs de plus de 100 domiciles par jour. « Au départ, on voyait beaucoup de bacs dont le tri était mauvais, assure Laurent. Mais graduellement, on constate de l’amélioration. »

Lorsque le duo constate un tri problématique, que ce soit dans le bac bleu (recyclage), noir (déchets ultimes) ou brun (compost), il laisse un billet de courtoisie appelé « bac impact » attaché sur le bac concerné. Sur ce billet, il coche la matière non acceptée et indique quel élément doit être corrigé. « On doit rappeler que l’objectif est de sensibiliser et d’éduquer les gens au tri adéquat », souligne Laurent.

Si le contenu du bac est vraiment problématique, la brigade verte laisse un billet « avis important » et empêche par le fait même sa récolte par les camions. Sur l’avis, le duo indique pourquoi le bac n’a pas été ramassé. Par exemple : « des déchets ou des matières recyclables sont déposés dans votre bac brun » ou « des matières recyclables ou organiques sont déposées dans votre bac noir ».

Au total, le 15 juillet, lorsque notre journaliste était présent, Laurent et Jocelyne ont donné trois cartons « avis important » et une dizaine de billets « bac impact ». « Durant nos premières journées de travail, on pouvait donner jusqu’à 30 billets par jour. Il y a donc une amélioration. On constate qu’en général, la gestion du bac brun n’est pas problématique. C’est plus la gestion du bac bleu qui est difficile », mentionne Jocelyne.

« On doit aussi s’attarder au bac noir, ajoute Laurent. Souvent, les choses qu’on y trouve peuvent être mises dans le brun ou le bleu. On doit sensibiliser les citoyens à bien trier parce que la cadence de ramassage du bac noir pourrait être appelée à diminuer. »

Curiosité, méconnaissance et irrespect

Depuis le depuis de leur été de travail – Laurent et Jocelyne sont des étudiants, respectivement en milieu naturel (technique) et géographie environnementale (baccalauréat) – ils ont été confrontés à toutes sortes de situations, que ce soit auprès de propriétaires de maisons ou lors d’interactions avec des festivaliers (Gib Fest, Festival Bières vins & terroir ou Régates).

Lors de leurs inspections, ils se font souvent interpeller, poliment ou non, par des résidents. « Souvent les gens se demandent pourquoi on fouille dans leurs bacs », explique Jocelyne.

D’ailleurs, lorsque notre journaliste les accompagnait, le 15 juillet, deux résidents ont été peu cordiaux envers eux, alors qu’ils tentaient tout simplement de leur expliquer de ne pas mettre du styromousse dans le bac bleu. « Dans une municipalité en particulier, c’est beaucoup plus difficile, fait savoir Jocelyne. On s’est souvent fait crier après. Ce n’est pas toujours facile. »

Sinon, d’autres citoyens sont très réceptifs et questionnent même la brigade sur quoi mettre ou ne pas mettre dans les trois bacs. Ce fut le cas de Denis Rodier qui était heureux de voir la brigade verte faire son travail. « C’est important de bien trier, soutient-il. Ça ne me dérange pas que les gens de la brigade vérifient, c’est bien. »

La brigade verte de la MRC de Pierre-De Saurel poursuivra son travail jusqu’à la fin du mois d’août.

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