5 mai 2022
Trois employées de Sorel Forge témoignent
Moins compliqué qu’avant de faire sa place dans un monde d’hommes
Par: Jean-Philippe Morin

Janie Lavallée, Alexiann Mongeau-Lachance et Patricia Pelletier adorent leur travail à l’usine Sorel Forge de Finkl Steel. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Janie Lavallée est machiniste depuis cinq ans. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Patricia Pelletier est machiniste depuis quatre ans. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Alexiann Mongeau-Lachance travaille dans les hauteurs de l’usine comme opératrice de pont roulant depuis moins d’un an. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Sur environ 300 employés sur le plancher, elles ne sont que 13 à l’usine Sorel Forge de Finkl Steel, située à Saint-Joseph-de-Sorel. Les femmes sont encore rares dans le domaine de la métallurgie, mais peu à peu, elles tracent leur chemin et font leur place. Rencontre avec trois employées inspirantes de l’entreprise.

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Janie Lavallée a 38 ans. Elle était auparavant assistante dentaire, mais malgré son emploi stable, elle a voulu changer de carrière. La mère de trois enfants est retournée sur les bancs d’école à 30 ans pour terminer ses mathématiques 436 et réaliser un AEC en génie mécanique.

« J’aimais les maths, la science. C’était un beau défi. J’ai eu beaucoup d’aide et de support de mon conjoint. Ça fait maintenant cinq ans que je suis machiniste aux Forges et je ne le regrette aucunement… au contraire! », s’exclame-t-elle.

Alexiann Mongeau-Lachance a 23 ans. Elle a commencé comme journalière chez Sorel Forge il y a sept mois, puis elle est devenue opératrice de pont roulant à l’aciérie. La Soreloise n’était pourtant pas destinée à pratiquer ce métier.

« J’effectuais des études en pâtisserie et j’étais barmaid (rires). J’ai besoin d’un défi et de quelque chose de stable. Dans ma famille, les gars travaillent tous dans des shop et je me voyais là moi aussi. J’ai essayé et j’ai accroché tout de suite », raconte-t-elle.

Patricia Pelletier a 25 ans. Elle est machiniste depuis quatre ans chez Sorel Forge, mais contrairement à ses deux collègues, elle savait depuis longtemps que ce métier était pour elle.

« Je voulais être ingénieure, mais après une session en sciences de la nature, j’ai su que je voulais plus travailler avec mes mains. J’ai donc fait un cours en génie mécanique et c’est à ce moment que c’était clair pour moi. Mon père a l’entreprise Socomec industriel et il était peut-être prévu que je prenne la relève, mais finalement, j’ai abandonné ce projet pour devenir machiniste aux Forges et je ne le regrette pas du tout », indique-t-elle.

Une bonne intégration

Les trois collègues sont unanimes : leur intégration chez Finkl Steel s’est très bien déroulée. L’esprit d’équipe est bel et bien présent, peu importe le sexe. « Quand quelqu’un nous voit forcer, il vient nous aider », indique Janie.

« On s’aide beaucoup entre nous. Moi aussi je vais les aider quand je les vois forcer, affirme Patricia. Il n’y a pas de discrimination. Les filles et les gars, on ne travaille pas de la même façon. Les outils sont souvent conçus pour des gars, alors au lieu de forcer, il faut être plus créatives. Ça peut prendre un peu plus de temps, mais c’est plus sécuritaire et on a moins de chances de se blesser. »

Les préjugés qui pouvaient persister avant n’existent presque plus, considèrent-elles. « Il peut y avoir des blagues de temps en temps, mais ça prend un peu d’autodérision aussi. Je suis parmi la quatrième génération à travailler ici. Mon grand-père et mon oncle sont tous d’excellents travailleurs. Mes collègues savaient que je venais d’une famille de travaillants, ils n’avaient pas de doute sur moi », avance Alexiann.

Quand Patricia et Janie ont commencé à travailler chez Sorel Forge il y a quatre ou cinq ans, elles n’étaient que trois ou quatre filles dans l’usine. Depuis, leur nombre a triplé.

« Ça facilite quand même beaucoup les choses pour les nouvelles qui arrivent. On a un peu tracé le chemin. Les gars sont contents de nous voir dans la shop. Ils voient qu’on est contentes d’entrer travailler, ça change l’ambiance et la dynamique, ça leur fait du bien, je pense », indique Alexiann.

Des défis

Des défis sont toujours présents malgré tout, comme la conciliation travail-famille. « Je veux des enfants un jour, il va falloir que j’analyse ce que je fais et avec des quarts de travail de jour et de nuit, ce n’est pas évident. Souvent, avec les enfants, c’est la femme qui doit en faire plus, donc ce sera à voir dans les prochaines années », souligne Patricia.

Selon Janie Lavallée, qui est entrée aux Forges lorsque ses trois enfants étaient plus jeunes, cette conciliation peut se faire. « Mon conjoint a réduit son nombre d’heures à 30 par semaine et il travaille maintenant dans la région. C’est sûr que la fin de semaine que je travaille de nuit, les enfants savent que maman dort et que papa en fait plus. En même temps, j’ai mes congés la semaine pour les rendez-vous ou autre, il y a des avantages à avoir un horaire atypique », évoque-t-elle.

Et quels conseils donneraient-elles à une femme qui hésite à se lancer dans un métier du domaine métallurgique?

« Fonce!, lance Janie. Ne te préoccupe pas des mythes ou préjugés. »

« Le mieux, c’est de l’essayer, renchérit Alexiann. Si ça ne te plait pas, tu peux te réorienter, mais tu ne le sauras jamais si tu ne l’essaies pas. »

« Il n’y a pas de charge mentale à amener à la maison. Quand je suis chez nous, je suis chez nous et quand je suis au travail, j’y suis à 100 % », conclut Patricia.

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