25 septembre 2015 - 00:00
On ne veut ni allonger ni abréger la vie des gens –Dr M. Bernatchez
Par: Louise Grégoire-Racicot
Médecins et infirmières de l'Unité  de soins palliatifs Myosotis n'offriront pas l'aide médicale à mourir. | Photo: Déposit Photo

Médecins et infirmières de l'Unité de soins palliatifs Myosotis n'offriront pas l'aide médicale à mourir. | Photo: Déposit Photo

À l’instar de 26 des 29 maisons de soins palliatifs du Québec, les médecins et infirmières de l’unité Myosotis de Sorel-Tracy n’offriront pas l’aide médicale à mourir aux patients malgré son entrée en vigueur en décembre prochain.

Le Dr Michel Bernatchez travaille à l’unité Myosotis depuis de nombreuses années. Il explique: « On ne veut ni rallonger ni abréger la vie des gens, mais offrir une présence, de l’écoute et de l’accompagnement à ceux qui en demandent. On veut ainsi soulager leur souffrance. Nous croyons que l’aide à mourir ne changera rien à la souffrance que connait celui qui approche de la mort. Une souffrance beaucoup plus morale que physique. »

Cette souffrance morale, décrit-il, vient souvent du fait que le malade se sent un fardeau pour sa famille. S’y ajoutent celle de la perte grandissante d’autonomie et le sentiment de ne plus être utile à personne.

Des questionnements

Dans quel état est la conscience de celui qui demandera l’aide à mourir? Comment évaluer que sa condition lui permet de raisonner de la bonne façon? Qu’est cette dignité dont on parle?, questionne le médecin.

Oui, quand ils entrent à Myosotis, les malades savent ce que cela signifie. Mais la plupart des patients s’accrochent à la vie, veulent vivre même si c’est difficile, constate le Dr Bernatchez.

« Car la fin de vie est intense, pleine de désirs – faire le bilan de sa vie, se réconcilier, parler à ceux qu’on aime, demander pardon ou pardonner. C’est plus à l’intérieur de soi que dans son corps que cela se passe. »

Soulager

Comment soulager? C’est là qu’il met ses énergies. « Je m’occupe de gens qui vivent, pas de gens qui meurent. La notion d’aide réside là pour moi. D’autres pensent autrement et c’est correct. »

Enfin, remarque-t-il, alors que la majorité des gens se disent en faveur de l’aide à mourir, partout où elle est légalement apportée, peu de gens la réclament. « Ça signifie quoi? », conclut-il.

En vigueur en décembre

« Au CISSS, un comité a été formé en juin pour énoncer une politique et des procédures à suivre quand une demande d’aide à mourir sera présentée par un malade », explique son porte-parole Daniel Vincent.

La Dre Jocelyne Bonin de Saint-Hyacinthe est responsable de ce dossier pour les trois hôpitaux réunis dans le CISSS de la Montérégie-Est, dont l’Hôtel-Dieu de Sorel.

Chose certaine a dit M. Vincent, la loi 52 entre en vigueur à la mi-décembre. Cette loi définit les droits, l’organisation et l’encadrement relatifs aux soins de fin de vie dont l’aide médicale à mourir.

« Nous serons prêts. Et les médecins qui ne veulent pas offrir l’aide médicale à mourir sont libres de refuser. Mais nous devons trouver le moyen de répondre à la demande des malades. »

Les omnipraticiens encore en réflexion

Représentant local de l’Association des médecins omnipraticiens du Richelieu-Saint-Laurent, le Dr François Godbout a révélé que les médecins généralistes de la région n’ont pas encore discuté de la façon dont ils réagiront à l’entrée en vigueur de la Loi 52, sur l’aide médicale à mourir.

Ils préfèrent attendre de recevoir les trois guides que leur fournira le Collège des médecins devant les aider dans la dispensation de ces soins.

Se préoccuper des proches

Personnellement, ajoute le Dr Godbout, « je ne veux pas qu’on m’impose une façon de faire qui ne tiendrait pas compte aussi de l’état des proches d’une personne qui demande à mourir. »

Il rappelle que cette aide à mourir ne sera pas accessible à tous, mais seulement aux patients qui sont en mesure de prendre leur décision en ce sens. Ce qui exclut nécessairement les personnes qui souffrent d’Alzheimer ou autres maladies qui amoindrissent leur capacité de jugement. Comme des personnes qui seraient déprimées ou suicidaires, sans maladie terminale.

Pourront y accéder, rappelle-t-il, les malades sans pronostic ou traitement possible.

Quant à la demande d’aide médicale, elle se discutera entre le patient et son malade, note-t-il. Chaque cas sera analysé à la pièce et il ne faut surtout pas penser que le Collège mettra ainsi à la disposition du corps médical des « kits » d’euthanasie.

« Je ne veux pas qu’on m’impose une façon de faire. Je ne veux pas d’une approche style exécution! »

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