2 Décembre 2024 - 07:42
[OPINION DU LECTEUR] À qui profitent les éoliennes?
Par: Deux Rives

À la lecture de l’article du Devoir du 5 novembre, nous apprenons que la MRC de Pierre-De Saurel s’associe avec Hydroméga (propriété de l’entreprise américaine Firstlight Power) pour ériger une vingtaine d’éoliennes de plus de 200 mètres sur le territoire de la MRC, afin de réduire les risques financiers d’ une telle aventure.

Le développement éolien au Québec a largement été confié au privé : c’est un détournement de fonds publics qui doit être dénoncé et corrigé.

Nous lançons donc un appel à la Fédération québécoise des municipalités (FQM), à l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et à tous leurs membres d’agir rapidement en arrêtant de cautionner ce détournement de fonds publics et la dépossession du bien commun au profit de l’industrie éolienne privée.

En cautionnant la production d’électricité par le privé et la poursuite de partenariats public-privé, les élus municipaux soutiennent activement un recul historique en regard de la nationalisation de l’électricité. Ce recul n’est pas qu’idéologique : il entraîne une perte d’expertise technique et scientifique sur le plan de la production d’électricité et un appauvrissement collectif sur le plan économique.

Une récente étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) confirme cette affirmation et démontre que la population québécoise a dépensé plus de 6 milliards $ pour accorder la priorité à l’énergie éolienne privée et dépenserait jusqu’à 22 milliards $ d’ici 2035. Cette perte doit être évitée en priorisant une planification énergétique basée sur les besoins de la population plutôt que sur des intérêts privés et en confiant la production d’électricité éolienne à Hydro-Québec.

Dans sa conclusion, l’étude souligne que même si certaines municipalités profitent d’une partie de la rente éolienne, une question de fond se pose : « Qui sont les réels bénéficiaires de cette privatisation? » Si les municipalités étaient partenaires à 50 % avec Hydro-Québec plutôt qu’avec les promoteurs, « les revenus pour chaque partie en 2023 auraient pu être compris entre 450 et 840 M$ et devraient atteindre entre 910 M$ et 1,70 G$ à l’horizon 2035. »

De tels manques à gagner ont un impact majeur sur les finances publiques et ainsi sur la capacité de l’État à procurer des services de qualité à ses citoyens. Sans compter qu’à ces déficits économiques s’ajoute le prix à payer pour les transformations du paysage et les nombreux conflits d’usage et impacts sur les populations riveraines telles la division sociale, les diverses nuisances, la perte de qualité de vie, etc. qu’entraîne un tel développement de la filière éolienne en milieu habité.

La FQM et l’UMQ offrent des services d’accompagnement payants aux MRC afin que ces projets éoliens s’implantent sur leurs territoires. Ces services poursuivent la même finalité que celle du gouvernement provincial : octroyer une plus grande place au privé dans la production d’électricité au Québec.

Cessons d’accepter ce modèle de développement énergétique par décrets! Passons à l’action et exigeons une politique globale de développement énergétique du Québec dans sa lutte aux changements climatiques.

Dans son Plan énergie, l’UMQ nous invite à être ambitieux pour nos communautés et pour les générations futures. Au Québec, dans nos municipalités, nous avons tout ce qu’il faut pour nous démarquer et devenir un modèle de développement économique durable.

Nous invitons donc l’UMQ et la FQM à être à la hauteur de telles ambitions! Le modèle de développement économique que constitue la privatisation de la filière éolienne n’est pas durable et ne bénéficie qu’à quelques-uns au détriment du plus grand nombre.

Il n’est jamais trop tard pour agir ensemble pour le bien commun de la population québécoise : l’avenir de nos communautés et des générations futures en dépendent.

André Pepin, Contrecœur

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