J’ai séjourné récemment dans mon lieu d’origine. Comment exprimer ce que j’ai ressenti face à certaines scènes. S’il arrive parfois qu’une main se tende vers moi afin de me demander timidement « un p’tit peu de change S.V.P. » près du centre de services Desjardins, coin Prince et Charlotte, c’était la toute première fois que j’apercevais une tente installée dans le kiosque sis au milieu du carré Royal, une installation non pas pour animer un quelconque événement culturel mais plutôt pour protéger des intempéries quelques êtres en situation de précarité.
Et que dire de ces minuscules campements visibles près du Dollarama du boulevard Fiset, où quelques mines au sourire triste accueillent la clientèle. Puis, avant une promenade rituelle à Regard-sur-le-Fleuve, pourquoi ne pas en profiter pour feuilleter quelques magazines à la bibliothèque. Oups, aujourd’hui, on doit demander la clef pour avoir accès aux toilettes. Cela aurait-il un quelconque rapport avec ces âmes, en peine ou non, qui se reposent à l’horizontale sur la pelouse du lieu public? Sur un autre espace vert, celui-là, en bordure du Maxi tout neuf, un objet azur attire mon attention. Il s’agit d’une ampoule d’eau utilisée lors de l’injection de drogues…
Loin de moi l’idée de blâmer qui que ce soit pour ces changements survenus au cours des derniers mois dans notre région. Cette problématique s’avère fort complexe et ardue à résoudre.
Le 18 octobre, pour la troisième année consécutive, j’étais impliquée à titre de bénévole lors de la Nuit des sans-abri tenue dans ma ville d’adoption. En train de remettre des produits menstruels ainsi que des produits pour l’incontinence urinaire à la Place Émilie-Gamelin, mon cœur était aussi avec toi qui lance des SOS au pays du Survenant…
Martine Lacroix, Montréal
Originaire de Sorel-Tracy