Une catastrophe annoncée…
La parlante photo du journal illustre bien les conditions locales : en amont, un petit bassin alluvial de près de 500 m de large « barré » en aval par un boisé dense. Lors d’événements extrêmes, il suffit d’un obstacle minime (comme un arbre tombé en travers du cours d’eau) pour en augmenter sensiblement le niveau. Ces risques doivent être prévus, pris en considération et corrigés. Par exemple, en contrôlant les points sensibles par drones (autre resserrement problématique au confluent du ruisseau Piette). Et en agissant préventivement comme à la fin de l’hiver, on se débarrasse des débâcles.
Dans de telles zones cultivables, les cours d’eau ont été rectifiés et ne peuvent plus paresser à travers les méandres qu’ils avaient l’habitude d’emprunter. Les creusements – pour la plupart artificiellement effectués par l’Hydraulique agricole il y a plus d’un demi-siècle pour le drainage – font alors exactement le contraire de ce qu’ils sont censés. Surtout s’ils se sont comblés faute d’entretien. Là encore, il faut revenir à de saines gestions préventives. Comme la nature ne peut plus absorber les excès climatiques, clairement dus aux excès humains, leurs autorités doivent veiller au grain.
… exacerbée par l’humain
Une simple reconnaissance de terrain et d’autres photos aériennes montreraient encore plus : vu du pont sur la 223, le niveau du lit amont est nettement plus haut que de l’autre côté, vers l’aval. Où les méandres deviennent subitement « naturels ». Et profonds! Conséquence : pas (ou plus) en mesure d’absorber de semblables événements, ce pont est directement responsable des séquelles catastrophiques. Multiples. Devenu mal conçu (il retient les sédiments en amont au lieu de les envoyer dans le Richelieu) et sous-dimensionné : à rectifier; pas correctement entretenu, diverses obstructions s’y étant accumulées : à surveiller et corriger. Sans les délais habituels des lenteurs ou chicanes entre Municipalités, MRC et MTQ : qu’on pense au ponceau à Contrecœur bloquant le rang du Ruisseau pour des années avant sa réfection! Si les autorités sont « passées à côté » cette fois, la prochaine, elles déclencheront un ouragan de protestations et de réclamations. Amplement justifiées.
Des compensations automatiques et obligatoires
Il faut arrêter de dire timidement changement climatique comme si tous ces événements étaient dus au hasard. Des études sérieuses – de celles qu’on fait jouer à l’autruche depuis des décennies – montrent que ce que les pouvoirs publics ont entrepris a eu relativement peu d’impacts. Donc gaspillage. Et aussi (science…) que le moyen d’action le plus efficace est de faire payer à hauteur de dommages. Exemple : si les frais encourus par les autorités s’élèvent à la somme X, et ceux aux particuliers à Y, imposer une somme de X+Y+Y (pour y ajouter les dommages collatéraux psychologiques et autres) pour des mesures concrètes. Et contraignantes. Exemples locaux : remplacement – obligatoire – des gazons par un couvert végétal; réduction – obligatoire – de l’asphalte des stationnements; réduction – obligatoire – du stationnement institutionnel avec recours au transport en commun là où il est disponible (finie la filée de voitures entrant et sortant en même temps aux usines métallurgiques pour se suivre à la queue-leu-leu! Chaque bloc d’accumulation de CO2 contribue au désastre…) Et au niveau national : un programme automobile bonus / malus pour décourager les gros véhicules individuels. Même électriques, ils sont plus dommageables ne serait-ce que par leur masse. Vu l’urgence, tout ça va coûter beaucoup plus qu’un troisième lien!
Conclusion : c’est d’abord parce que le nécessaire n’a pas été fait par l’humain que la Ferme des Quatre-Jeudi a subi ces dommages déplorables.
Joseph A. Soltész, Contrecœur