31 octobre 2023 - 08:35
[OPINION DU LECTEUR] Lettre à Germaine Guèvremont…
Par: Deux Rives

Chère Germaine,

Auriez-vous apprécié pianoter sur un clavier d’ordinateur comme je le fais aujourd’hui? Même si les ordis n’ont pas le charme des vieilles machines à écrire qui nous fredonnent un joyeux tape, tape, ding, ding, reconnaissons tout de même le côté pratique de la technologie.

Récemment, j’ai déambulé au cœur de l’exposition dédicacée à celle qui a fait connaître ma région natale au reste du monde. Installée devant une vieille télévision, j’ai écouté avec attention une entrevue que vous aviez accordée à un monsieur qui parlait d’une façon un peu constipée. Je souriais lorsque vous décriviez avec beaucoup de couleurs la population soreloise de l’époque. Parfois, je fronçais aussi un peu les sourcils. Bien sûr, la plupart des personnages ne témoignaient pas d’une grande ouverture face à l’arrivée d’un être extraordinaire comme le Grand-Dieu-des-routes. Mais si Venant avait débarqué à Saint-Jérôme, votre lieu de naissance, ou encore à Sainte-Scholastique, où vous avez étudié, il est permis de croire que sa présence aurait suscité des réactions similaires. La crainte de l’inconnu va-t-elle un jour être éradiquée?

Il y a longtemps déjà, j’ai complété un baccalauréat en littérature française. Vous ne tomberez pas en bas de votre nuage si je vous confie que votre roman, qualifié de terroir, suscitait de passionnantes discussions. Nomadisme contre sédentarité! Là encore, votre œuvre me semble toujours d’actualité. Comment il lance ça à son auditoire votre héros? « Vous aimez mieux piétonner toujours à la même place (…) ». Il y a de plus en plus de déplacements sur la planète bleue, c’est certain. Par plaisir, oui, mais aussi par contrainte question de fuir guerres, famines et catastrophes climatiques. N’empêche que pour la majorité des êtres humains, le paysage demeure plutôt réduit. C’est vrai qu’on « piétonne » presque tout le temps dans la même zone…

Après ma visite au Biophare, je me suis assise sur une balançoire afin de contempler le fleuve. Devant moi, les dessins d’enfants pendus à la rambarde me divertissaient. Je lisais les prénoms de quelques-uns des jeunes artistes comme Benaïah, Alenzo et Zenab. À chaque fois que je reviens à Sorel-Tracy, la Montréalaise d’adoption que je suis se réjouit de constater que la diversité fait son nid au Pays du Survenant. Combien de fois me suis-je cependant demandé comment se sentaient ces gens qui avaient choisi de s’établir ici. Eh bien, il semble que l’on aura la réponse bientôt. Excellente idée que cette étude commandée par la MRC et la Société historique Pierre-De Saurel afin que les néo-Sorelois et les néo-Soreloises nous confient leurs expériences.

Bon, j’arrête ici. Avez-vous déjà écrit des lettres d’opinion? On demande habituellement aux monsieur et madame tout-le-monde qui s’y expriment de faire preuve de concision. Oups! Je crois mériter le bonnet d’âne aujourd’hui. Neveurmagne!

Martine Lacroix, native de Sorel-Tracy, résidente de Montréal

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