14 novembre 2019 - 14:48
Originaire de Sainte-Victoire-de-Sorel
Pascale Parenteau se dévoue à l’accessibilité aux arts en Nouvelle-Zélande
Par: Katy Desrosiers

Pascale Parenteau est originaire de Sainte-Victoire-de-Sorel. Photo Stephen AíCourt

Des élèves ont pu toucher le costume de la danseuse de ballet Kirby Selchow. Photo gracieuseté

Originaire de Sainte-Victoire-de-Sorel, Pascale Parenteau est responsable du volet éducatif et de la communauté au Royal New Zealand Ballet en Nouvelle-Zélande. Grâce à son implication là-bas, elle a remporté deux prix d’importance pour avoir, avec son équipe, adapté les représentations du ballet aux personnes aveugles, malentendantes et autistes.

La violoniste de carrière, qui habite en Nouvelle-Zélande depuis plus de 20 ans, travaille depuis cinq ans avec la compagnie de ballet. Elle a d’ailleurs remporté en juillet dernier le prix des champions en accessibilité de Wellington, la capitale de la Nouvelle-Zélande et en septembre le prix national de la Nouvelle-Zélande, offert par le conseil des arts, pour l’accessibilité aux arts.

« J’ai réalisé que dans les cinq dernières années, avec le travail que j’ai fait, 5000 personnes qui n’auraient jamais vu un ballet de leur vie y ont eu accès », nous a-t-elle confié, très émue.

La mission de rendre les spectacles de ballet accessibles était importante, d’autant plus que son conjoint et elle connaissent bien les défis des personnes différentes.

« Notre premier enfant, Dominic, quand il avait trois ans, il a arrêté de parler. On s’est inquiété. [Après des évaluations], ils nous ont dit qu’il était autiste. […] Ç’a affecté beaucoup de choses. Quand je suis arrivée au ballet, ils avaient besoin de quelqu’un qui irait aux rencontres d’un organisme qui essaie de rendre les arts accessibles. J’y suis allée. Ça m’a vraiment touchée. Je me suis dit : il faut faire quelque chose », souligne Mme Parenteau.

Elle avoue qu’il a été complexe de mettre en place un plan d’action puisqu’il fallait changer la manière de faire les choses au sein de l’organisation et que de tels changements coutent plus cher.

Un ballet en audiodescription

« C’est comme un match de football. Il y a quelqu’un qui voit et qui décrit ce qui se passe. […] Ce n’est pas comme une pièce de théâtre ou l’opéra où il y a du texte. C’est complètement visuel. Ils ont un écouteur d’un côté et de l’autre rien pour qu’ils puissent écouter la musique. Avant la représentation, ils peuvent venir toucher aux accessoires et à la scène pour se donner une idée. En plus, si les gens ne connaissent pas le ballet, on a acheté des figurines en bois et on les met dans des positions de ballet, qu’ils peuvent toucher. Puis on fait un atelier pour apprendre la terminologie du ballet », explique Pascale Parenteau.

Pour les personnes malentendantes, elles peuvent aller voir les danseurs et les costumes avant les représentations et peuvent assister aux pratiques qui se font avec le piano. Ainsi, elles peuvent sentir les vibrations de la musique sur le plancher.

Pour les personnes autistes, des relaxed performances sont tenues, pendant lesquelles les lumières sont tamisées dans la salle au lieu d’être éteintes et le volume de la musique est plus bas. Les gens peuvent également se lever, bouger, sortir et rentrer de la salle sans problème.

Des programmes pour les écoles défavorisées

Pascale Parenteau explique qu’en Nouvelle-Zélande, il y a beaucoup d’écoles défavorisées dans la communauté maorie. Grâce à des partenaires, ils peuvent maintenant offrir des billets à 5 $ pour les élèves et fournir le transport gratuitement. Ainsi, 2200 enfants de milieux défavorisés ont pu voir un spectacle de ballet.

Aussi, l’entreprise effectue des ateliers dans les prisons. « Je ne fais pas ça pour les prix, je fais ça pour les gens. […] Si je peux faire le meilleur monde pour mon fils et en même temps pour tous les autres enfants et parents qui sont dans le même bateau que moi, ça me fait plaisir. Les gens me disent que c’est extraordinaire ce que je fais, mais moi, je trouve que je n’en fais pas assez. Il y a tellement de choses qu’on pourrait faire », lance Mme Parenteau.

De passage quelques jours au Canada en septembre, Pascale Parenteau a pu rencontrer des représentants de diverses organisations comme les Grands Ballets Canadiens, le National Ballet of Canada et l’Orchestre Symphonique de Montréal, afin d’échanger sur différentes pratiques en lien avec l’accessibilité.

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