3 septembre 2024 - 07:39
Payer nos élus municipaux
Par: Deux Rives

Maire de Massueville de 2005 à 2021, Denis Marion commente l'actualité en tant que chroniqueur au journal Les 2 Rives depuis décembre 2021. Photo Simon Ménard

Si quelque chose a changé depuis 25 ans, c’est bien la professionnalisation de la fonction municipale. C’est vrai pour l’administration, c’est vrai pour les élus. La rémunération offerte doit être directement proportionnelle à leur contribution à la vie démocratique du Québec et à notre développement collectif.

Le journal Les 2 Rives a offert la semaine dernière un dossier sur les salaires des élus. On y retrouvait des chiffres, mais on y lisait aussi notre ambivalence collective devant les questions d’argent. Payer trop ou pas assez les élus? Il faut dépasser cette question et se demander quels sont leurs rôles dans une société qui a de plus en plus besoin de paliers local et supralocal dynamiques pour agir concrètement et positivement sur le développement de nos collectivités et pour livrer les services qu’on attend d’eux.

Durant 20 ans, de 2001 à 2021, j’ai été un élu municipal, d’abord conseiller puis, pendant 16 ans, maire de la municipalité qui dispose de l’assiette fiscale la plus petite de la MRC, Massueville. J’ai toujours gagné moins de 20 000 $ par année pour jouer ce rôle, pour celui de membre du conseil de la MRC et de membre des régies intermunicipales de protection des incendies et d’aqueduc. Personnellement, j’avais la chance d’avoir de bons revenus personnels grâce à mon emploi professionnel et un agenda que je pouvais gérer pour remplir mes obligations. J’ai rarement investi moins de 25 heures par semaine pour mon travail de maire et pour remplir mes obligations envers des concitoyens qui ont toujours été généreux avec moi. J’ai adoré mon travail et je n’ai aucun regret.

Pendant mes années de vie municipale, j’ai connu des centaines d’élus de partout au Québec. J’ai constaté leur dévouement et leur détermination. J’ai aussi vu leur travail changer, évoluer. Le palier municipal est actuellement confronté à des défis qui n’étaient pas les siens à la fin des années 1990.

Une ville, une municipalité, même petite et rurale, est appelée à jouer un rôle en développement économique, en développement social, en développement culturel. Si elle a toujours des responsabilités pour ce qu’on appelle les services à la propriété (rues, trottoirs, infrastructures souterraines, protection des incendies, gestion des matières résiduelles), la municipalité assume de plus en plus, et je parie que ce n’est pas près de s’arrêter, des responsabilités pour la qualité de vie de la population (loisir, gestion des milieux de vie, adaptation aux changements climatiques, réalité de l’itinérance, environnements favorables à la santé pour ne citer que ceux-là).

Il y a des décisions à prendre dont l’impact est réel sur leurs concitoyens; du leadership à assumer, de la représentation à faire, de la complexité à gérer, des apprentissages à réaliser, de la pression à subir.

Le gouvernement du Québec sait très bien aujourd’hui que pour atteindre ses grands objectifs pour la société québécoise, il doit compter sur le soutien et la collaboration des acteurs municipaux. On néglige souvent cet aspect lorsqu’on traite du salaire des élus.

La fonction d’élu municipal, particulièrement à la mairie, doit être assumée par des citoyennes et citoyens prêts à s’engager. Il est bien dommage que certains d’entre eux ne puissent le faire, car ils risqueraient une baisse de leurs revenus familiaux. Est-ce vraiment ce que nous souhaitons? Faut-il donc être riche ou retraité pour pouvoir être maire au Québec?

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