On ne peut pas reprocher au ministre Fitzgibbon de ne pas dire ce qu’il pense. Il nous a déjà fait grincer des dents avec sa franchise qui frise parfois l’arrogance. Cette fois, il a lancé un débat sur l’obligation que nous avons de changer nos habitudes pour atteindre la carboneutralité en 2050.
Pierre Fitzgibbon n’est pas le prototype du doux rêveur peu en prise avec la réalité. Comme ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, il porte à lui seul la responsabilité de conduire la politique du gouvernement en matière de développement économique, indissociable de la gestion optimale des ressources énergétiques.
Maintenant, parlons de chars.
Est-ce vraiment possible de se passer de notre voiture dans le contexte actuel? Bien sûr que non. Depuis plus de 70 ans, nous construisons nos villes et planifions le territoire pour la voiture. Pierre Fitzgibbon ne nous dit pas que le gouvernement du Québec veut empêcher d’acheter des autos. Il dit simplement que nous avons tous intérêt à comprendre que nous avons à peu près 25 ans pour repenser nos moyens de transport.
Il lance un appel à ses collègues du gouvernement, mais aussi aux acteurs locaux qui ont la possibilité d’influencer la façon dont nous pourrons nous transporter à l’avenir. Il y a longtemps, il me semble, qu’un membre du gouvernement ne nous a pas proposé un idéal à atteindre collectivement, surtout dans le domaine des bouleversements climatiques.
Il est probablement trop tard pour atténuer les changements climatiques. Notre incapacité à bouger rapidement pour en limiter les impacts nous oblige maintenant à assumer que nous devrons nous y adapter. Et pour ça, il faut que nos dirigeants nous indiquent comment nous pourrons le faire. L’appel du ministre Fitzgibbon est clair. On ne peut pas simplement remplacer les voitures à combustion fossile par des voitures électriques, ce n’est pas suffisant. Il faudra investir dans le transport collectif. Et tant et aussi longtemps que les services offerts dans ce domaine ne permettent pas d’en augmenter l’utilisation en visant l’efficacité, la rapidité et le confort, nous ne changerons pas nos habitudes.
Mais il y a de l’espoir. Les investissements réalisés par la MRC de Pierre-De Saurel pour soutenir la Société de transport Pierre-De Saurel sont le début d’un tel projet. J’étais en réunion cette semaine dans le Vieux-Montréal et j’ai surpris tout le monde en disant que pour 3,85 $ (en achetant 10 billets pour 38,50 $), j’ai pu me rendre confortablement de Sorel-Tracy au métro Longueuil en 50 minutes. J’ai économisé l’essence, le coût du stationnement et les tracas de la circulation à Montréal. J’ai été surpris de voir que j’ai fait des jaloux.
L’appel est lancé. Il y a du travail à faire pour structurer le changement. Espérons que nos leaders régionaux entendront l’appel et contribueront à l’effort collectif.
Et, au fait, le Forum économique mondial, rendez-vous annuel des leaders le plus puissants de la planète, évoque quant à lui une réduction de 75 % du parc automobile. Le ministre Fitzgibbon n’a pas osé reprendre ce chiffre. Il s’est gardé une petite gêne.