11 février 2025 - 07:02
Pierre Mondou n’a que de beaux souvenirs de sa vie dans le hockey
Par: Stéphane Fortier

Pierre Mondou est fier de son parcours dans le hockey professionnel et aussi fier d’être Sorelois. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

Pierre Mondou est fier de son parcours dans le hockey professionnel et aussi fier d’être Sorelois. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

Pierre Mondou est fier de son parcours dans le hockey professionnel et aussi fier d’être Sorelois. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

Il y a 40 ans, Pierre Mondou a dû accrocher ses patins à cause d’une blessure à un œil qui lui laissé des séquelles avec lesquelles il doit encore composer aujourd’hui. Avec sa gentillesse proverbiale connue de tous, il a accepté de se confier au journal Les 2 Rives et de revenir sur une carrière qui lui a laissé les plus beaux des souvenirs.

Pierre Mondou, faut-il le rappeler, a remporté trois coupes Stanley avec les Canadiens de Montréal au cours de sa carrière de hockeyeur professionnel. Il est et demeure un Sorelois tissé serré, fier de ses origines. Le mousse, comme ses coéquipiers l’appelaient affectueusement, est donc né et a grandi à Sorel. Son père était policier et la famille était composé de cinq enfants : trois garçons (dont Pierre) et deux filles.

« J’ai fait mes études primaires au Collège Mgr-Desranleau et mon secondaire au Collège Sacré-Cœur pour ce qu’on appelait la huitième année, puis à la polyvalente Fernand-Lefebvre », relate Pierre Mondou qui n’en garde que de beaux souvenirs.

Comme tous les garçons du coin, Pierre adorait le hockey et il y brillait. « J’ai eu la chance de jouer mon hockey junior chez moi, deux ans et demi avec les Éperviers de Sorel dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Les belles années des Éperviers avec les Déziel (un autre Sorelois), Cossette, Pierre Larouche, un club très offensif. En 1973-1974, nous avions manqué la finale de la Coupe Memorial de peu, puisque les Remparts nous avaient battus », relate Pierre Mondou, qui avait connu une saison de 62 buts en 60 matchs et ce, sur le troisième trio, avec Lucien Deblois, c’est pour dire.

« Il n’était pas rare que l’on gagnait des matchs par 10 buts. Je pense bien qu’on revendique le record de nombre de buts marqués dans une année dans la ligue. Avec moi, il y a eu Michel Déziel, Michel Fréchette, Rénald Gill et Denis Desgagnés qui venaient de Sorel et qui ont joué avec les Éperviers. D’ailleurs, avec la Ville, on est en train préparer un tableau au Colisée afin d’honorer les Sorelois qui ont évolué plus de 30 matchs dans la LHJMQ depuis 1969. On laisserait des espaces pour les prochains qui se rendront dans la LHJMQ », dévoile le Mousse, qui rappelle qu’il n’a jamais été facile d’y accéder.

Et pour la suite? « En janvier 1975, j’ai été échangé au Canadien Junior à Verdun qui appartenait au grand club. D’ailleurs, on jouait nos matchs au Forum. Et la même année, j’ai été repêché en première ronde par les Canadiens », souligne-t-il.

Débuts professionnels

Joueur très convoité par les équipes de la Ligue nationale, Pierre Mondou avait aussi été repêché par les Nordiques alors qu’ils évoluaient pour l’Association mondiale de hockey (AMH). « J’ai ensuite commencé avec les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse. C’était écrit dans le ciel, avec le talent qu’on retrouvait avec les Canadiens que je commencerais ma carrière dans les mineures. Mais j’ai été rappelé pour la fin de la saison 1976-1977 comme joueur de réserve en cas de blessure de joueurs réguliers. Peter Mahovlich s’est blessé, Doug Risebrough aussi, et j’ai pu participer aux séries de la Coupe Stanley, ce qui m’a valu d’avoir mon nom inscrit sur le trophée… mais Sam Pollock avait décidé que je n’aurais pas de bonus, ni de bague », relate en rigolant celui qui a connu une saison de 44 buts dans la Ligue américaine et remporté deux Coupes Calder à Halifax.

« Mais à ma première saison, il me fallait faire mes preuves. En début de saison, le club donne toujours des billets aux joueurs pour la famille, les amis. Il m’en avait donné par tranche de 10 parties, pas pour la saison. Bowman aimait garder ce climat d’incertitude », raconte Pierre Mondou, qui avait finalement et définitivement fait sa place parmi ses joueurs d’élite.

Porteur du numéro 6, le joueur de centre a connu ensuite huit belles saisons avec les Glorieux. Reconnu comme un marqueur de 30 buts et plus (il en a compté 35 en 1981-1982), aurait-il évolué sur le premier trio de n’importe quelle équipe à l’époque?

« Toutes les équipes, à l’époque, comptaient sur un premier trio solide. J’aurais peut-être joué sur le deuxième trio. Mais chez les Canadiens, ce n’est pas comme cela que cela fonctionnait. Il y avait deux trios offensifs et deux trios défensifs », fait-il remarquer.

Le meilleur joueur avec lequel il a évolué? « Sans nul doute Guy Lafleur, mais on ne reverra non plus jamais dans le hockey le fameux Big Three (Savard-Lapointe-Robinson) », de répondre spontanément le Sorelois.

Et Wayne Gretzky est celui qui a été le meilleur chez les adversaires. « Mais des gars comme Gilbert Perreault, Peter Stastny, Marcel Dionne, Denis Potvin, Darryl Sittler, Bobby Clarke étaient aussi d’excellent joueurs », croit-il.

Et la rivalité Canadiens-Nordiques? « Ça, c’était le fun. J’ai joué trois séries éliminatoires contre les Nordiques. Ç’a été les plus belles expériences de hockey de ma carrière contre les Nordiques. Et comme dépisteur, il y avait une rivalité aussi », se souvient Pierre Mondou.

Quand le rideau tombe

Comme notre joueur sorelois l’explique, avec l’âge, lorsqu’on joue régulièrement, les blessures subies en cours de route rattrapent souvent les joueurs de hockey. « L’usure rattrape les joueurs et c’est plus difficile pour les joueurs d’avant », précise-t-il.

Arrive la fatale blessure à son œil. « À la fin de la saison 1984-1985, en séries, j’éprouvais déjà des difficultés avec mon œil, mais je suis tout de même allé au camp d’entraînement la saison suivante. Mes troubles de la vision ne s’amélioraient pas, alors j’ai décidé d’arrêter », relate-t-il.

Pierre Mondou raconte que les joueurs en milieu de peloton avaient rarement une carrière qui dépassait 32-33 ans. « Il y avait moins de possibilités dans ce temps-là. Aujourd’hui, les gars peuvent aller jouer en Europe et finir leur carrière là-bas, mais pas à mon époque. C’était beaucoup moins attrayant », indique celui qui a somme toute connu une belle carrière chez les professionnels.

« Je me suis rendu compte, en faisant le bilan de ma carrière, qu’il faut avoir la main heureuse. Il faut être au bon endroit au bon moment. Regardez Michel Déziel repêché par Buffalo. Là, il y avait la French Connection, pas beaucoup de place pour lui. Il avait beaucoup de talent, mais beaucoup de joueurs moins talentueux que lui ont gradué dans la LNH. Parfois, tu arrives dans une équipe et la chimie se crée immédiatement, car ton style correspond à celui dont l’équipe a besoin. Tu n’as pas de malchance, pas de blessure, les étoiles s’alignent parfaitement pour toi. C’est un peu ce qui est arrivé à Éric Messier (maintenant instructeur-chef des Rebelles du Cégep de Sorel-Tracy) qui a fait carrière avec l’Avalanche. Il a eu un beau cheminement et c’est pleinement mérité. Il arrive que pour un poste libre, il y a six ou sept joueurs au même niveau de talent. La compétition est forte, aujourd’hui, comme à mon époque. C’est le cas de Joshua Roy avec les Canadiens. C’est un peu ce qui lui arrive. Quand la porte s’ouvre un peu, il faut en profiter, éviter les blessures. C’est difficile parfois entrer par cette porte », élabore Pierre Mondou.

Et s’il fallait faire le bilan de votre carrière? « Mon numéro est accroché au Centre Bell, mais ils l’ont juste mis à l’envers », raconte Pierre Mondou, en riant de bon cœur, faisant allusion ici à Maurice Richard et son numéro 9.

Opportunité

Forcé de prendre sa retraite, Pierre Mondou s’est estimé chanceux dans sa malchance. « Les Canadiens étaient toujours propriétaires du Canadien Junior et on m’a offert un poste d’instructeur adjoint pour la saison 1985-1986. Le Canadien Junior a été vendu. Des dépisteurs ont pris leur retraite chez les Canadiens et j’ai été embauché comme dépisteur avec le grand club. J’ai été 17 ans dépisteur avec les Canadiens : 11 ans dépisteur amateur (je couvrais les ligues mineures un peu partout au Canada et aux États-Unis) et 6 ans dépisteur professionnel. C’est beaucoup de déplacements. J’ai dû arrêter pendant une année, j’étais fatigué. Pendant 17 ans, toujours parti… Un an après, un gars avec qui je travaillais était dépisteur professionnel avec les Devils du New Jersey et il m’a appelé. Il s’est ouvert un poste de dépisteur au Québec. J’avais pris ma retraite du hockey, mais comme c’était seulement pour le Québec, c’était beaucoup plus facile, moins demandant. J’ai fait un autre 17 ans avec les Devils et en 2022, j’ai définitivement pris ma retraite. »

Pierre Mondou aura donc été associé aux Canadiens de Montréal pendant 27 ans, dont 17 ans comme dépisteur.

Et le hockey d’aujourd’hui? « J’aime beaucoup. C’est extraordinaire. Il y a une parité, un équilibre qu’il n’y avait pas dans mon temps. Le hockey, en général, va bien. À mes débuts, sur 16 équipes, il y en avait 6 bonnes et une dizaine de clubs assez ordinaires. Au mois de novembre, tu savais déjà qui ferait les séries », de dire Pierre Mondou.

Aujourd’hui, Pierre Mondou, qui vient de fêter ses 69 ans à la fin de l’année 2024, se tient toujours en forme. Il va patiner au Colisée Cardin, joue au golf, mais surtout, on peut le rencontrer régulièrement au Colisée aux matchs des Éperviers et il aime les gens. Il est toujours prêt à jaser avec les amateurs. « Je suis une bête sociale. C’est sûr que les plus jeunes ne me reconnaissent pas nécessairement », conclut Pierre Mondou en riant.

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