Sera-t-il doublé d’un plan d’action réunissant les gestes à poser, et un échéancier pour les implanter? Qui décidera de quoi et quand? Quelle place réserve-t-il aux parents? À l’équipe-école? Cette démarche vise à gagner des rangs aux examens du ministère tout en instaurant un environnement de qualité aux 5000 élèves qui fréquentent les écoles de la région. Voilà beaucoup de travail en perspective!
Le Centre de services scolaire dit ainsi placer l’élève au centre de ses préoccupations. Une sacro-sainte expression qui revient tel un motto que la plupart des services gouvernementaux utilisent ad nauseam. Car on sait fort bien que ces organisations manquent de ressources humaines et financières pour dispenser des services à la hauteur de leur engagement et des besoins de leur clientèle.
Dès le départ, il faut instaurer un climat propice à l’apprentissage. Que les élèves aient le goût d’entrer à l’école chaque jour dans un climat de « bien-être, de bienveillance et de sécurité », le décrit-il. Mais il n’énonce pas comment il arrivera à contenir toute cette violence qui sévit dans tous ses secteurs.
De fait, dans un sondage réalisé auprès des élèves, environ 80 % disent en avoir été victimes. Et elle prend différentes formes : 79 % des élèves au primaire disent avoir été menacés; et 80 % au secondaire. Respectivement 68 % et 80 % rapportent avoir été frappés; 34 % et 40 % insultés et 86 % et 83 % harcelés sur Internet. Devant l’ampleur du phénomène, on peut penser que le seul dépôt des cellulaires à l’entrée de la classe ne suffira pas à régler la situation. Le plan n’indique pas quelles mesures il adoptera pour rétablir la paix et la sécurité dans ses écoles. Ira-t-il jusqu’à implanter dès le primaire des cours de relations humaines et de savoir-vivre? Quel rôle les parents auront-ils à y jouer?
Sur le plan scolaire, les cibles sont précises : hausser les résultats de 3 à 5 % selon les matières et le niveau scolaire et ainsi s’approcher de la moyenne des élèves québécois.
Dommage toutefois qu’il n’explique pas pourquoi il a retenu ces cibles aussi précises. Sont-elles réalistes ou théoriques? Atteignables ou pas?
Car il a à pallier le fait que 28 % de ses élèves tout niveaux confondus sont déjà l’objet de plans d’intervention – car élèves handicapés, à risque ou en difficulté d’adaptation. Qu’en 2021, 13 % des élèves étaient en retard – plus de filles que de garçons! De fait, toutes ses écoles sont considérées comme défavorisées parce qu’implantées dans un milieu socioéconomique plus faible. Comment travailler en complicité avec les parents dont bon nombre ont eux-mêmes connu des problèmes d’apprentissage ou n’ont pas fréquenté l’école longtemps?
Le Centre vise améliorer le taux de diplomation après sept ans d’étude. Il est de 66 % pour les garçons et de 69 % pour les filles. Moins performants que les résultats pour le Québec!
Bon point : le plan n’esquive pas les limites de la réalité scolaire régionale. S’il atteint les cibles visées, ses élèves en profiteront sûrement, mais la réputation du secteur public d’éducation y gagnera aussi. Moins de ses élèves plus forts opteront pour le secteur privé!