12 juillet 2022 - 07:56
Politique de l’arbre : où se situeront les élus?
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

La politique de l’arbre adoptée par le conseil sorelois la semaine dernière révèle une ville qui a cerné sa réalité verte et travaillera à favoriser l’arbre, cette infrastructure si vivante.

Aussi Sorel-Tracy se propose-t-elle de lutter contre les effets ravageurs des changements climatiques en réduisant de 5 % ses îlots de chaleur tout en augmentant le périmètre de la canopée de 9 %. Pour renouer en quelque sorte avec un développement durable plus affirmé. L’objectif est d’y arriver dans 25 ans!

Cela peut paraitre lointain compte tenu de l’urgence ressentie quand on constate l’importance des débordements climatiques actuels. Mais on pourrait certes accélérer le rythme si les élus concluaient d’étroites collaborations et décrochaient des engagements fermes de la part des entreprises, propriétaires et services du territoire d’en faire autant sur leur propriété, et ce, à brève échéance.

Il leur appartient donc de trouver des incitatifs et ententes pour stimuler ces interventions. On a bien senti depuis le dernier scrutin que cette politique était prioritaire pour eux. Leur reste à décider de coups qui porteront pour l’actualiser, et ce, dès aujourd’hui.

Il urge aussi de garder l’inventaire forestier à jour pour mieux intervenir quand nécessaire et assurer une atteinte systématique sinon plus rapide des objectifs poursuivis. Et ainsi vivifier ce maillon essentiel de la biodiversité.

Il importe surtout de déposer au plus tôt les règles que chacun devra suivre, particulièrement les entrepreneurs en construction désireux de développer des secteurs. Car inévitablement, ils repèrent vite les grandes superficies boisées qu’ils trouvent idéales pour réaliser leurs projets.

Un premier test sera certes le sort réservé au boisé attenant au cimetière anglican, où un entrepreneur veut ériger 224 logements. Le changement de zonage que ce projet exige a déjà été entériné en mars dernier par cinq des huit conseillers. Il faudra voir où ils se situeront maintenant qu’ils ont voté fièrement cette politique de l’arbre.

L’ajout de logements est nécessaire, la protection de la canopée déjà insuffisante aussi. Il y a des priorités à établir. Aucun conseiller ne pourra se taire si référendum il y a. Non le travail d’élu, en complicité avec les fonctionnaires au dossier, n’est ni simple, ni de tout repos. Il impose de proposer une alternative adéquate ou des amendements cohérents à des promoteurs qui déposent des projets et ainsi gérer aujourd’hui tout en préparant de meilleurs lendemains. Tout un mandat!

Reste enfin aux élus à rallier les Sorelois à cette démarche. Bon nombre y est déjà sensibilisé – les dénonciations citoyennes ne manquent pas quand quelqu’un coupe ne serait-ce qu’un arbre! Mais cela ne suffit pas.

Non seulement devra-t-on continuer à leur offrir des arbres à planter chez eux, mais aussi dûment les informer sur ceux que la ville recèle en les identifiant bien, leur donnant les soins appropriés et en mettant en valeur leurs plus beaux spécimens.

Et, condition sine qua non, il faut leur communiquer clairement les étapes à franchir, les efforts attendus de leur part, fournir les résultats atteints ou ratés. En faire somme toute une affaire de collectivité, de responsabilité partagée plutôt que du seul ressort de la municipalité.

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