14 novembre 2016 - 00:00
Pont à Sorel-Tracy: les maires de la Rive-Nord sont divisés
Par: Deux Rives
Luc Poirier a été loquace sur son projet de pont devant plusieurs convives venus l’écouter lors du dîner-conférence de la Chambre de commerce, le 8 novembre, à l’Hôtel de la Rive. | PHOTO: TC Média -Pascal Cournoyer

Luc Poirier a été loquace sur son projet de pont devant plusieurs convives venus l’écouter lors du dîner-conférence de la Chambre de commerce, le 8 novembre, à l’Hôtel de la Rive. | PHOTO: TC Média -Pascal Cournoyer

Le projet de l’homme d’affaires Luc Poirier de construire un pont reliant la Rive-Nord à Sorel-Tracy ne fait pas l’unanimité chez les élus de la MRC de D’Autray.

Questionnés à savoir s’ils appuieraient le projet de Luc Poirier, les élus de Lanoraie, Sainte-Geneviève-de-Berthier et Saint-Ignace-de-Loyola ont des avis partagés.

D’abord, le maire de Lanoraie, Gérard Jean s’est opposé à la construction d’un pont sur le territoire de sa municipalité, soulignant que les citoyens ne sont pas intéressés par le projet. « Les impacts du projet sont trop importants sur notre population. Plusieurs citoyens s’y opposent, puisque le pont gâcherait le paysage, en plus de perturber le voisinage, qui est présentement paisible », affirme M. Jean.

Le maire estime que les citoyens en ont assez de se faire imposer des projets contre leur gré. « Il y a le projet de loi 106 [NDLR : Projet de loi concernant la mise en œuvre de la Politique énergétique 2030], le pipeline Énergie Est et maintenant on leur demande d’accepter un projet dont ils ne sont pas intéressés. J’espère que le promoteur prendra en compte l’acceptabilité sociale du projet avant d’aller de l’avant. Pour moi, il s’agit d’un élément majeur à considérer », note Gérard Jean.

La municipalité de Saint-Ignace-de-Loyola est également contre le projet. Le maire, Jean-Luc Barthe, estime que la construction du pont pourrait avoir des répercussions économiques importantes pour la municipalité. « Avec un pont, il n’y aurait plus de traversier. Sans traversier, on devient un cul-de-sac. Ça aurait un impact considérable sur notre économie locale. »

M. Barthe a également tenu à défendre le traversier, soulignant qu’il est encore très utile pour la population. « Le traversier est non seulement utilisé par les véhicules, mais également par les piétons et les cyclistes. Ça serait dommage pour eux de faire un détour de plusieurs kilomètres pour aller emprunter le pont à Lanoraie. De plus, le traversier s’autofinance à 77% actuellement, ce qui est considérable. »

Des appuis

Malgré cette opposition, le projet est bien perçu du côté du maire de Sainte-Geneviève-de-Berthier, Richard Giroux. « Le projet ne serait pas mauvais pour notre économie régionale. Plus de voitures circuleraient sur notre territoire, considérant que plusieurs véhicules arriveraient du Grand Montréal, plutôt que d’utiliser le pont-tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine ou le pont Laviolette de Trois-Rivières. Cela pourrait être bon pour nos commerçants », estime-t-il.

M. Giroux est cependant d’accord en ce qui a trait à l’acceptabilité sociale du projet, qui, selon lui, devra être accepté par la majorité des citoyens. Il affirme également que le projet pourrait désavantager Saint-Ignace-de-Loyola.

La mairesse de Berthierville, Suzanne Nantel est également en faveur du projet. Berthierville faisait partie des municipalités qui ont demandé une étude de faisabilité en 2015.

« Je crois que le projet pourrait être bénéfique pour le tourisme et pour les emplois dans la région. Présentement, les gens doivent obligatoirement passer par le traversier s’ils ne veulent pas faire un long détour par Montréal. Ce pont permettrait de leur offrir une alternative », explique Mme Nantel.

Elle affirme également que les membres de la Chambre de Commerce et d’Industrie Berthier-D’Autray appuient le projet.

De son côté, le préfet de la MRC de D’Autray, Gaétan Gravel souligne également qu’un pont serait favorable pour le développement économique du territoire. « J’ai toutefois un bémol concernant le projet, puisqu’effectivement, la municipalité de Saint-Ignace-de-Loyola deviendrait orpheline. Il faudrait s’asseoir et travailler conjointement sur le projet, pour trouver une solution afin d’éviter que ce genre de situation ne survienne. »

Pour l’instant les élus de la MRC de D’Autray n’ont pas eu de discussions avec le promoteur du projet, Luc Poirier. Ils aimeraient en savoir davantage sur ses intentions avant de commencer à consulter la population.

Rappel du projet

Le 8 novembre, M. Poirier a présenté son projet devant les membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Sorel-Tracy, soulignant qu’il était prêt à assumer les coûts reliés à la construction du pont (361 M$) et à son entretien. Le pont serait ainsi payant, dont le tarif d’usage pourrait être de 9,50$ pour une voiture et 29$ pour un camion lourd.

Il a toutefois demandé à la municipalité de Sorel-Tracy ou à la MRC de Pierre-De Saurel de devenir propriétaire du pont, une demande qui a surpris le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin et le préfet Gilles Salvas.

Ces derniers souhaitent avant tout consulter toutes les municipalités concernées dans le dossier, tant celles de la Rive-Sud que la Rive-Nord avant d’aller plus loin dans les démarches entourant le projet.

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