Le chèque est d’environ 28 000 $ pour une ferme moyenne. Une aide directe qui est « accueillie favorablement » par les Producteurs laitiers du Canada, mais qui ne fait pas l’unanimité sur le terrain.
Si plusieurs s’entendent pour dire que ce sera une bouffée d’air pour certains producteurs laitiers, d’autres estiment que ce sera insuffisant, ou encore que ça n’encouragera pas l’industrie à être plus performante. Plusieurs questions demeurent également en suspens sur la suite des choses.
« Ça va faire du bien. Parce que les marges de profit sont de moins en moins élevées », souligne François Cournoyer, un producteur de Sainte-Victoire-de-Sorel qui est administrateur à l’UPA Richelieu-Yamaska et pour les producteurs de lait de la Montérégie Est.
Du même souffle, il estime que l’aide est insuffisante. « Je vais vous dire, 28 000 $ pour 80 kilos de matière grasse, ce n’est pas beaucoup. Si l’on tient compte qu’un kilo de matière grasse représente 7 000$ par année, enchaîne-t-il. Ça c’est le montant brut. Parce qu’il faut enlever les dettes, l’impôt et tous les frais d’exploitation. »
François Cournoyer estime même que cette compensation aux producteurs laitiers devient « un cadeau empoisonné ». D’autant plus qu’ils devront payer de l’impôt sur ce revenu. « Il ne faut pas se leurrer, les libéraux ont annoncé ça simplement pour dire : tenez, on les a payés. Après ça, on est dans le néant », continue-t-il, rappelant que l’aide ne comprend toujours rien pour la brèche créée par l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) dans le système de gestion de l’offre canadien.
Cette annonce faite à la mi-août par la ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, survient également avec quelques mois de retard, alors que l’aide devait initialement arriver au printemps.
Un geste que plusieurs qualifient de hautement politique. D’autant plus que le plan de compensations est annoncé en pleine campagne pré-électorale. Un plan qui ne comprend d’ailleurs toujours rien pour les producteurs de volailles et d’œufs qui doivent encore s’armer de patience.
Il faudra d’abord voir si les chèques arriveront avant les élections, mais également si le plan de compensation sera maintenu advenant un changement de gouvernement le 21 octobre prochain. « Même si les libéraux ne passent pas, les Conservateurs seraient tenus de les maintenir. Parce que le gouvernement s’est engagé à compenser les producteurs », croit tout de même François Cournoyer.
Il faudra également surveiller le montant que les producteurs recevront pour les années subséquentes prévues au programme de 1,75 milliard $ qui doit s’échelonner sur huit ans. Une cagnotte qui sera partagée entre 11 000 producteurs canadiens, dont près de 5000 au Québec.