Dans son rapport de 94 pages, le BAPE établit 41 constats et émet 12 avis. La commission d’enquête qui s’est penchée sur le dossier établit, au terme de son analyse, que le projet « s’apparente davantage à de l’élimination qu’à de la valorisation de MDR ». Le rapport mentionne également que le projet proposé par Triumvirate « présente trop d’inconvénients pour le Québec par rapport aux avantages qu’il pourrait lui procurer », ce qui fait en sorte que la commission d’enquête recommande au gouvernement de ne pas l’autoriser.
« Toutefois, la commission considère que la désorption thermique anaérobie est une avenue prometteuse qui pourrait être mise à profit au Québec, si les conditions favorables permettant des retombées positives pour la province étaient réunies », peut-on lire dans la conclusion du rapport.
Projet majeur
Les principales activités de Triumvirate consistent à entreposer, trier et regrouper des MDR en vue de les expédier vers des entreprises autorisées à les traiter.
L’entreprise désirait ainsi ajouter à ses installations actuelles un procédé de traitement comprenant une unité de désorption thermique anaérobie qui permettrait de récupérer les substances organiques contenues dans les MDR en vue de les valoriser. Selon Triumvirate, le taux de valorisation des MDR passerait de 70 % à 75 % avec l’ajout de ce nouveau procédé. Comme l’entreprise prévoit qu’à terme ce procédé permettrait de traiter jusqu’à 30 000 tonnes de MDR par année, le projet ferait passer les quantités de MDR transitant sur le site à plus de 36 000 tonnes.
La commission estime que de 62 % à 90 % des MDR qui seraient traitées par Triumvirate à Contrecœur proviendrait de son centre d’élimination de Lowell au Massachusetts, une valeur s’approchant de 90 % étant plus probable selon son analyse. Selon la commission, l’entreprise n’a pas démontré que son projet répondrait à la demande de traitement de MDR organiques des établissements québécois, à l’échelle de la capacité de traitement de son procédé. De plus, le projet entraînerait des émissions des gaz à effet de serre (GES) qui s’ajouteraient au bilan du Québec, en plus de l’enfouissement de plusieurs tonnes de noir de carbone.
Ce projet était évalué à environ 13,2 M$ et consistait en la création de 25 emplois pendant la construction et 50 pendant l’exploitation.
Consultations
Ce projet a fait l’objet de nombreuses consultations auprès de la population lors du mandat d’enquête du BAPE qui s’est déroulé du 23 septembre 2024 au 23 janvier 2025.
Lors de la première partie de l’audience, les 24 et 25 septembre, plusieurs questions ont été posées par des organismes et des citoyens dans trois différentes consultations publiques, notamment sur la dangerosité du procédé et les impacts sur les résidences.
La deuxième partie de l’audience, le 22 octobre, était consacrée exclusivement à l’audition des mémoires, des opinions verbales et des suggestions des personnes, des municipalités, des organismes et des groupes désireux de donner leur avis à la commission.
Lors des quatre séances de consultation publique, une centaine de personnes étaient présentes et sept mémoires ont été déposés, dont quatre qui ont été présentés en séance publique.
Ce rapport du BAPE a été déposé au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, le 23 janvier dernier.
