5 mai 2017 - 00:00
Québec songe à racheter certains lopins de terres agricoles souvent inondées
Par: Louise Grégoire-Racicot

Onze propriétaires de terres agricoles de la région ont confié au contentieux de l’Union des producteurs agricoles (UPA), le soin de discuter avec le ministère des Transports du Québec (MTQ) du sort réservé aux parties de leurs terres inondées de façon récurrente en dehors des périodes de crues.

Il y a deux ans, l’UPA avait tenu un point de presse rapportant les difficultés financières que connaissaient ces producteurs incapables de semer à une date suffisamment hâtive pour tirer de leurs terres des rendements viables.

Ils demandaient alors aux ministères de l’Agriculture (MAPAQ) et de la Faune (MFFP) d’intervenir afin de régler une fois pour toutes cette situation.

Depuis, les ministères ont commandé une étude hydrologique de la baie Lavallière et de la rivière Pot-au-Beurre.

Un rapport a été déposé en mai 2016, obtenu grâce à la Loi d’accès à l’information. Il contient une multitude de données sur les niveaux d’eau, mais il évalue des scénarios d’intervention, leur effets possibles, leurs coûts associés. Il aborde aussi le rachat de certaines lopins de terre. Mais cette partie est caviardée.

Une première rencontre

« Le MTQ est mandaté pour aborder la question avec les producteurs qu’il a rejoints par lettre pour les convier à une rencontre tenue le 2 mai », raconte Sylvain Joyal, président de l’UPA Richelieu-Yamaska.

Le MTQ voulait savoir combien il devrait débourser pour l’achat de parties des terres ou encore pour avoir une servitude sur ces lopins, résume M. Joyal.

« Mais les producteurs ne veulent pas vendre. Ils souhaiteraient plutôt être compensés pour les pertes de production encourues depuis la dizaine d’années que ce phénomène existe », explique-t-il.

Ils sont toutefois ouverts à discuter avec le MTQ, mais préfèrent que ce soit l’UPA qui le fasse pour eux « pour s’assurer que tous recevront les mêmes explications. Que s’il y a règlement, il soit aussi équitable pour tous », décrit-il.

Étude peu satisfaisante

De fait, les producteurs sont insatisfaits des analyses faites lors de l’étude hydrologique.

« Nous sommes sceptiques. Parce qu’il y a des parties biffées dans le rapport qui nous a été remis. Puis à cause des données qu’on y trouve. Les calculs sont théoriques. Ils ne ressemblent pas aux réalités du milieu. On ne peut modéliser des courbes de cours d’eau comme celles que nous avons à la rivière du Pot-au-Beurre. Nous les confronteront à nos propres études », poursuit Sylvain Joyal.

C’est vrai que 100 000$ pour réaliser cette étude n’était pas cher, nuance-t-il. Les consultants étaient limités dans leurs démarches.

M. Joyal rappelle qu’en parrallèle on doive aborder la question de l’entretien à long terme des cours d’eau. « Il semble peu possible d’arriver à des arrangements satisfaisants pour tous, mais au moins qu’ils soient le moins dommageables possible », conclut M. Joyal.

Sans commentaire

Quant à la MRC qui gère les cours d’eau et le député Sylvain Rochon qui s’inquiète du sort réservé aux producteurs agricoles, ils prennent quelque temps encore avant de déterminer comment ils contribueront au jalon suivant de ce dossier

La Société d’aménagement de la baie Lavallière se réjouit

Directeur général de la Société d’aménagement de la baie Lavallière (SABL), Paul Messier se dit satisfait de l’étude hydrologique sur la baie et la rivière Pot-au-Beurre déposée récemment au ministère de l’Agriculture.

Il y a trouvé, comme il le pensait, l’assurance que le barrage construit par l’organisme Canards illimités ne nuit pas à l’agriculture, comme des producteurs agricoles s’en plaignent. « Il n’a pas d’effet sur le niveau d’eau en amont. Tout se passe plus haut, où la pente est quasi inexistante », insiste-t-il.

Il rappelle que le barrage, qui a été construit par Canards illimités, appartient au ministère de la Faune et est construit sur des terres publiques.

M. Messier témoigne que les spécialistes ont mis beaucoup de temps sur le terrain, à prélever les données sur lesquelles ils ont appuyé leurs recommandations.

Il reconnaît aussi que la nature est bouleversée par les changements climatiques. « Ce qui devait arriver dans dix ans se produit en cinq, en accéléré », dit-il.

Il devient aussi très compliqué d’intervenir dans ce dossier où plusieurs sont concernés par ce qui se vit à la baie Lavallière et au lac St-Pierre, tant au niveau de la faune, que de la flore, de l’agriculture et de la sédimentation du marais, croit M. Messier. « Beaucoup d’organismes sont impliqués : la SABL, la ZIP du lac Saint-Pierre, la MRC, les ministères provinciaux et fédéraux. Et les coûts que cela demande pour corriger la situation seront exhorbitants », envisage-t-il.

« On a un portrait de la situation. Reste à impliquer tout ce monde pour trouver une solution qui soit surtout durable », conclut-il.

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