8 février 2022 - 07:15
Question de développement économique
Par: Deux Rives

Maire de Massueville de 2005 à 2021, Denis Marion commente l'actualité en tant que chroniqueur au journal Les 2 Rives. Photo Simon Ménard

Pénurie de main-d’œuvre, transition numérique et développement durable sont à l’ordre du jour un peu partout autour de nous et nous mettent au défi de revoir nos façons de penser pour assurer un développement économique qui a un impact réel pour la région et pour les gens qui y vivent. Le Québec bourdonne de toutes sortes de travaux visant à adapter le développement local ou régional aux réalités en rapide évolution. Qu’en est-il de nous, ici? Saurons-nous nous adapter à ces changements et en profiter pour dynamiser la région?

On a longtemps cru que l’avenir d’une région dépendait de sa capacité à accueillir une nouvelle usine ou l’implantation d’une nouvelle entreprise, associées à de nouveaux emplois. Cette stratégie était pertinente lorsque le taux de chômage était élevé. Il y a maintenant un consensus qui se crée à l’effet que nos vieux modèles de développement économique sont dépassés. Le concept même de croissance économique est remis en question.

Depuis le début de la pandémie, on a vu s’accélérer des tendances déjà présentes avant mars 2020 comme le télétravail ou le commerce électronique qui bousculent l’organisation de notre travail ou nos habitudes de consommation.

Difficile de parler de création d’emplois quand il manque de main-d’œuvre dans le secteur commercial ou dans les secteurs manufacturier et industriel. Les candidats aux élections ne peuvent plus promettre de nouveaux emplois, le contexte a changé. Aux prises avec des enjeux à court terme, les entreprises souhaitent plutôt qu’on les aide à trouver de la main-d’œuvre pour continuer à produire et à répondre aux commandes. La réalité est assez semblable dans nos commerces.

Mais saurons-nous, dans la région, faire la différence entre le soutien aux entreprises, essentiel bien sûr, et une véritable stratégie de développement économique? Le gouvernement du Québec lui-même est en train de faire évoluer ses stratégies de développement et nous invite à revoir nos façons de faire.

Dans la région, nous avons des employeurs très importants : Rio Tinto Fer et Titane, le réseau de l’éducation, le réseau de la santé, le milieu agroalimentaire, pour ne citer que ceux-là. Avec leurs clients et leurs fournisseurs, ils constituent l’ossature de notre économie régionale.

Pourtant, depuis plus de 20 ans déjà, nous savons que nous avons intérêt à diversifier notre tissu économique; nous savons, parce que nous avons dû tirer les leçons de la fermeture d’importantes usines dans les années 1980, que notre avenir dépend de notre capacité à soutenir et à développer le dynamisme entrepreunarial. Chaque entreprise qui se crée, ancrée dans son milieu et aussi petite soit-elle à ses débuts, nous rend plus forts, moins dépendant des soubresauts que peuvent vivre les grands employeurs. Le Centre local de développement (CLD) de Pierre-De Saurel (auquel a succédé Développement économique Pierre-De Saurel) et la Société d’aide au développement de la collectivité (SADC) de Pierre-De Saurel ont été à l’avant-garde de cette stratégie de développement de l’entreprenariat.

Ces organismes, Développement économique et SADC, pourraient avoir pour mission d’accompagner les entrepreneurs dans les changements qui se profilent devant leurs entreprises. Ils doivent les sensibiliser à ce qui constituent les nouvelles clés du succès et leur offrir les outils qui les aideront à prendre la transition numérique à bras le corps, à favoriser une économie plus verte et à écouter les jeunes générations qui veulent des modèles d’affaires qui tiennent compte de l’impact qu’ils sont sur la société et sur leur propre avenir. Mais ce ne sera possible que si les entreprises d’ici, elles-mêmes, acceptent de réévaluer leur façon de calculer leur performance pour s’adapter aux grands changements auxquels elles sont réellement confrontées.

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