5 mars 2024 - 10:43
Question vitale!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Inquiétantes ces données compilées par le Journal de Montréal qualifiant les services ambulanciers de « médiocres » pour Contrecœur et de « risqués » pour Sorel-Tracy.

C’est en compilant le temps moyen de réponse à un appel dans les 112 municipalités de 10 000 habitants et plus sur un an que le journaliste est arrivé à cette conclusion.

Ainsi, Ambulance Richelieu semble souvent incapable de répondre à un appel entre 8 à 10 minutes, le délai recommandé par des experts. Contrecœur est une des pires municipalités québécoises (111/112) avec un délai moyen de 21m57s. Sorel-Tracy est plutôt en milieu de peloton (50/112) avec un temps de réponse de 11m43s. Une différence notable si l’on considère en plus le temps de déplacement des ambulances pour atteindre l’Hôtel-Dieu où elles sont pour la plupart dirigées.

Pour avoir dû emprunter ce service plusieurs fois ces dernières années, je peux témoigner du professionnalisme des paramédics et leur souci de bien desservir leurs clients. Mais je questionne le nombre de véhicules disponibles pour dispenser le service: trois ambulances de jour et deux de nuit pour la MRC de Pierre-De Saurel, Contrecœur, Saint-Louis et Saint-Marcel-de-Richelieu. Un nombre qui n’a pas changé depuis une dizaine d’années, et cela malgré la superficie du territoire, le vieillissement flagrant de sa population et sa comorbidité, mais aussi que Contrecœur ait doublé son nombre d’habitants en moins de 10 ans.

Voilà à mon sens ce qui devrait atténuer le raisonnement fait par le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre (CISSSMC) qui administre ce service à partir du nombre d’appels de 5000 à 6000 placés annuellement.

De plus, la mesure d’en appeler à des ambulances desservant d’autres territoires que le nôtre, comme on le fait d’ailleurs souvent, ne parait pas améliorer les choses. Pas étonnant dans ces conditions qu’à l’instar d’autres régions, l’on ait enregistré au cours des dernières années des incidents malheureux, dont la mort d’un patient et des délais importants dans la dispense de soins.

Déjà, il y a quelques années, Contrecœur réclamait pour une deuxième fois une ambulance qui resterait sur son territoire et répondrait plus rapidement aux appels. Mais le CISSMC n’y a pas donné suite. Pourtant, quand on sait que le taux de survie d’une personne en arrêt cardiorespiratoire diminue de 7 % à 10 % à chaque minute qui s’écoule sans que cette personne ait accès à un défibrillateur, il y a lieu de croire que le nombre d’ambulances en service devrait plus dépendre des conditions de santé et sanitaires des gens que du nombre d’appels enregistrés. Et ce même si les pompiers ont le statut de premiers répondants pour lequel ils ont été formés.

Face à cette situation, les conseils municipaux de la région n’ont guère d’autres choix que de réclamer tout au moins une réévaluation de la situation tant au CISSMC qu’à leur député. Que ce dernier plaide cette cause auprès du ministre, pas comme membre du gouvernement, mais comme défenseur des droits de ses concitoyens à recevoir un service amélioré. Non sans avoir au préalable rallié Ambulances Richelieu et ses paramédics et tous les organismes du milieu qui s’intéressent à la santé pour bien articuler la demande et multiplier les moyens de pression susceptibles d’alléger cette situation. Oui, cela mérite plus qu’une simple résolution. C’est une question vitale!

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