4 mai 2015 - 00:00
« Qui amènera les jeunes à s’impliquer? » – Vincent Deguise
Par: Louise Grégoire-Racicot

Quatre-vingt-dix jeunes – anciens et membres actuels des Forums jeunesse du Québec – dénoncent la disparition de ces assises où, il y a 15 ans, le gouvernement en appelait les jeunes à contribuer à l’avancement du Québec. Le jeune conseiller st-josephois Vincent Deguise, 24 ans, partage leur désaccord.

Il est membre du conseil d’administration du Forum jeunesse de la Montérégie-Est depuis juin dernier. Son mandat prendra fin le 30 juin, tout comme l’organisme disparaitra à cette date, comme l’a confirmé le 22 avril le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad.

Voilà une décision inquiétante, lance M. Deguise. « C’est le Carrefour jeunesse emploi (CJE) qui recevra l’argent qui nous était destiné avant. Même si le CJE a une mission fort louable d’employabilité des 18-35 ans et leur réinsertion sociale, le forum s’occupait plutôt de leur formation d’implication citoyenne. »

C’était d’autant important que les jeunes votent peu souligne-t-il. À 50%. « Qui va maintenant remplir ce but? Je trouve cela d’autant désolant que nous impliquions les jeunes dans le milieu, pour les amener à s’intéresser à la démocratie par le biais de diverses activités. »

C’est d’ailleurs le forum qui a répondu à ses questions sur l’engagement politique municipal avant qu’il ne se présente et soit élu. « L’engagement ne s’enseigne nulle part. Il s’apprend dans les activités. Ce sera une expertise qui se diluera. »

Il est le seul de la MRC de Pierre-De Saurel à s’impliquer au c.a. du forum, après les Patricia Salvas et Hélène Gagnon. Il appréciait aussi beaucoup la présence d’animateurs de terrain du forum qui accompagnaient les jeunes dans leur implication. Ce fut le cas ici au Forum économique de l’automne dernier, à la Semaine de l’Écocollectivité, au marché de l’emploi. « La fermeture du forum limitera les places où s’impliquer », observe-t-il.

Il espère bien que la région assurera la suite, ne serait-ce que via son conseil jeunesse.

Omniprésent

Les forums jeunesse ont invité les jeunes à siéger sur des conseils d’administration, à voter, à ce qu’ils se présentent aux élections et à donner leur avis sur des politiques publiques, note le coordonnateur de celui de la Montérégie-Est, Luc Martinet.

« Il était un des plus gros du Québec, après ceux de Montréal et de Québec. Je suis outré de la façon dont le gouvernement a aboli ces forums du jour au lendemain. »

Le forum allait même jusqu’à décerner des bourses de 1000$ à des jeunes pour qu’ils mettent de l’avant des projets communautaires. Ils allaient aussi visiter des écoles, histoire de renseigner les plus jeunes sur ce qu’est la vie municipale, former des conseils municipaux d’un jour, ou encore œuvrer sur des projets spéciaux de formation, par exemple la sensibilisation des intervenants à l’hypersexualisation des jeunes, rappelle-t-il.

En Montérégie-Est, le forum disposait d’un budget de 820 000$, dont 210 000$ consacrés à son fonctionnement.

Le député Sylvain Rochon a aussi dénoncé la fermeture de ces forums rappelant qu’en permettant aux jeunes de participer concrètement aux réflexions et aux décisions qui les touchent, les forums jeunesse ont été un modèle unique que l’on nous envie ailleurs dans le monde. Par le biais du Fonds régional d’investissement jeunesse, ils fournissent aussi de l’aide à des milliers de projets pour les jeunes.

« En imposant le bâillon sur le projet de loi 28, on sacrifie plusieurs outils de concertation importants dans toutes les régions du Québec, notamment les forums jeunesse », a-t-il commenté.

Quant au ministre Sam Hamad, il a déclaré en point de presse qu’il y a actuellement, au Québec, 200 000 jeunes entre 15 et 29 ans qui ne sont ni à l’emploi, ni aux études. « Ce que nous voulons, c’est un service direct pour les jeunes. On veut que ces jeunes-là se mobilisent, et le moyen qu’on va utiliser, c’est un partenariat avec les CJE », a-t-il rapporté à l’hebdomadaire Le Brossard Éclair.

image
image