30 avril 2019 - 11:59
Qui l’eût cru?
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit une chronique hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Pompes, génératrices, sacs de sable sont les outils privilégiés des riverains de Sainte-Anne-de-Sorel pour se protéger des inondations printanières. Des solutions pratiques à court terme. Mais le long terme doit prévaloir!

Car la crue des eaux est aussi un classique pour les résidents de la Pointe du Nord-Est à Yamaska. La MRC de Pierre-De Saurel compte ainsi trois zones plus sensibles d’inondation.

Sorel-Tracy a aussi les siennes : le chemin St-Roch (près du parc Dorimène-Desjardins), le parc des Bateaux blancs (près du pont Turcotte) et les alentours du quai Catherine-Legardeur et du parc Regard-sur-le-Fleuve.

Depuis 2017, les inondations semblent plus importantes. L’an dernier, un citoyen de Sainte-Anne-de-Sorel a même dû démolir sa maison trop abimée par l’eau qui a tardé à se retirer.

Mais habiter au bord de l’eau exerce toujours sur plusieurs un attrait irrésistible, peu importe le prix! Et les municipalités ne disent pas non à l’ajout à leur assiette fiscale de propriétés souvent cossues.

Ainsi les élus de Sainte-Anne ne veulent pas entendre parler de modifier les règles qui régissent la construction dans leur zone inondée à tous les 0 à 2 ans. Les gens y sont habitués, dit son maire. Cette zone et ses îles sont un patrimoine qui s’est adapté au gré du fleuve, insistait-il en déposant un mémoire à cet effet. « Ne pas imposer de nouvelles règles évitera un problème d’aménagement et assurera la sauvegarde de ce patrimoine. Il y a 300 ans que ces résidents connaissent des crues. Ils savent comment y faire face », dit-il.

Mais comment s’adapter aux réalités nouvelles imposées par le réchauffement climatique? Une question qui se pose à toutes les villes riveraines du fleuve, de la Richelieu et de la Yamaska notamment.

Oui, des comités municipaux et régional de sécurité civile et/ou d’urgence suivent la situation de près, assurent les maires. Heureusement, ils n’ont pas eu vraiment à intervenir. Les citoyens en parlent aussi. Tous compatissent avec les sinistrés, imaginant avec empathie tous les tracas qu’ils subissent.

Interrogeons nos élus sur ce qu’ils font pour prévenir ces situations. Connaissent-ils bien toutes les zones inondables actuelles et éventuelles – si les inondations se font plus volumineuses et fréquentes – de leur secteur? Tiennent-ils compte des changements climatiques actuels dans les réglementations de zonage de leur milieu? Avertissent-ils clairement et automatiquement des acheteurs des risques printaniers d’inondation d’un terrain qu’ils convoitent? Réviseront-ils les règles de construction dans ces zones? Y interdiront-ils par exemple remblais et murs de béton, hibernation de chalets d’été avec ajout de sous-sol? Exigeront-ils la construction sur pilotis dans des secteurs inondables? Pensent-ils aussi investir pour mieux protéger contre la crue des eaux des zones inondables possible?

L’idée est bien sûr d’épargner aux citoyens riverains une perte de la valeur de leur bâtiment – souvent le principal actif de leur portefeuille. Mais aussi de planifier un amendement éventuel à l’usage et à l’aménagement des municipalités.

Car même si le premier ministre pense à aider financièrement les sinistrés, il considère aussi les inciter à déménager. Une situation qui non seulement affectera la vie de ces riverains, mais forcera les municipalités à repenser ses espaces résidentiels de la bonne façon et ses espaces publics libérés également.

Déjà les municipalités doivent se préparer à cette éventualité qui pourrait aussi se traduire par une perte de revenus de taxe foncière. Ainsi affectera-t-elle leur plan de développement futur. Les élus se doivent donc de ne pas improviser une solution, mais de la prévoir!

Décidément, la crue des eaux doit se transformer en crue de solutions adaptées à chaque milieu. Le nôtre n’y échappe pas. On n’aurait jamais pensé comme cela il y a 20 ans!

image
image