3 septembre 2024 - 08:32
Incursion nocturne dans les coulisses de l’Hôtel-Dieu de Sorel
Réaliser l’extraordinaire du crépuscule à l’aube
Par: Alexandre Brouillard

Maude, infirmière clinicienne en cardiologie (3D) à l’Hôtel-Dieu de Sorel. Photo gracieuseté

L’équipe du département de la chirurgie (2D), dont Nancy la chef d’unité (troisième à partir de la gauche), accompagnée par Vincent Poitras (deuxième à partir de la gauche) coordonnateur des activités hospitalières. Photo gracieuseté

L’équipe de l’unité mère-enfant, dont Isabelle Herbert (première à partir de la gauche), infirmière clinicienne. Photo gracieuseté

De l’extérieur, l’Hôtel-Dieu de Sorel semble bien tranquille lorsque le soleil se couche. Pourtant, plusieurs employés arpentent chaque nuit les couloirs plongés dans la pénombre et réalisent l’extraordinaire auprès d’une centaine de patients nécessitant des soins.

Notre journaliste est allé à la rencontre de ces sentinelles qui, nuit après nuit, s’assurent d’offrir les meilleurs soins possibles dans les différents départements de l’hôpital.

À 1 h du matin, ce dernier a été accueilli par Caroline Doucet et Vincent Poitras, respectivement conseillère aux communications et coordonnateur des activités hospitalières au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME).

Par son travail, M. Poitras joue un rôle de pivot, assurant une gestion de proximité auprès des employés pour optimiser la performance, l’amélioration continue et la fluidité dans les différents secteurs de l’hôpital pour les périodes de soir, nuit, fin de semaine et lors des jours fériés. « Nous [coordonnateurs] sommes les représentants de la direction sur les quarts où il n’y a pas de chef d’unité, ni de directeur ou qui que ce soit au niveau de la gestion. […] Je dois m’assurer que chacune des infirmières travaille du mieux qu’elle peut pour assurer des soins de qualité », explique le chef d’orchestre hospitalier.

Durant son quart de travail, Vincent Poitras est aussi responsable des ressources matérielles et humaines. Ce dernier travaille conjointement avec un chef d’unité dans chaque département. D’ailleurs, tous les coordonnateurs ont une formation en soins infirmiers pour s’assurer qu’ils ont les compétences de gérer des situations critiques.

Trois départements visités

Vers 1 h 30, notre journaliste est parti à la rencontre de trois départements, soit l’unité mère-enfant, le 2D (chirurgie) et le 3D (cardiologie). Cette nuit-là, 135 patients étaient dispersés dans l’Hôtel-Dieu de Sorel, sans compter ceux de l’urgence.

À l’unité mère-enfant, six femmes, soit une infirmière, un médecin ou une préposée, étaient aux petits soins , alors que deux femmes étaient sur le point de donner naissance, sans compter les familles qui venaient d’accueillir un poupon et un patient à la pédiatrie. Malgré la quiétude qui régnait dans l’unité, elles devaient être aux aguets, car un imprévu arrive rapidement, selon leurs dires. « On doit être prêtes pour les imprévus », souligne Isabelle Herbert, infirmière clinicienne.

Malgré leur devoir d’assurer de bons soins aux enfants et aux familles, les six femmes ont assuré en chœur travailler dans le meilleur département. « On voit naître la vie chaque jour, justifie Mme Herbert. C’est magique de voir la réaction des parents. »

Ensuite, au département de cardiologie, notre journaliste a échangé avec le personnel hospitalier s’y trouvant, lequel était tout aussi passionné que celui de l’unité mère-enfant. « On a choisi la cardiologie parce que ça nous passionne », prévient d’emblée Maude, infirmière clinicienne, qui assurait les soins en compagnie de sept collègues lors de cette nuit.

Malgré l’amour qu’elle a pour son métier, Maude assure que les nuits sont rarement tranquilles en cardiologie. « Déjà, nous sommes moins de personnel la nuit que le jour. Cette nuit, nous avons 40 patients sous notre responsabilité. Mais on travaille en équipe et ça va bien », explique celle qui travaille de nuit depuis 12 ans.

Les employés de ce département doivent aussi être versatiles, alors qu’ils accueillent des gens avec différentes pathologies depuis la fermeture du 4D. « On doit savoir tout faire ici », signale Maude.

Finalement, notre journaliste a terminé sa tournée au département de chirurgie. Encore une fois, l’enthousiasme à l’égard de leur métier était palpable chez le personnel hospitalier. « On travaille dans ce département parce que c’est gratifiant. On accueille les patients en mauvais état et on travaille le plus efficacement possible pour qu’ils sortent sur leurs deux jambes », explique avec fierté Nancy, chef d’unité.

Les cinq employés présents devaient s’occuper de 36 patients, le 21 août. « C’est toujours très occupé et les cas sont variés ici », soutient la chef d’unité.

Travail continuel

Après ces rencontres, la nuit de travail était terminée pour notre journaliste, mais elle ne faisait que commencer pour le personnel hospitalier, dont Vincent Poitras.

« Je devrai refaire le tour des départements pour m’assurer que tout soit sous contrôle. Je vais m’assurer que l’information circule et qu’elle soit bien transmise pour les gens du prochain quart de travail », explique-t-il.

Ces quelques heures passées à l’Hôtel-Dieu de Sorel ont mis en lumière un travail de l’ombre, celui de professionnel de la santé qui priorise une approche humaine et qui ne met pas l’emphase sur la pathologie des usagers. « Ce sont des gens de cœur qui sont sur la première ligne. L’humanité est essentielle dans nos rangs », conclut Vincent Poitras, affichant un large sourire.

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