26 mars 2024 - 07:01
Réanimer la vigie santé
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Une fois encore, des citoyens à la tête desquels on retrouve l’homme d’affaires Benoit Théroux s’inquiètent de la qualité et quantité des services de santé dispensés dans la région. Ils ignoraient que la MRC avait créé à cette fin, en 2022, un comité de vigie santé. Et pour cause. Ce comité ne siège pas!

Depuis 2017, des comités ont été formés à plusieurs reprises pour mener cette lutte sans fin.

Car les problèmes affectant la dispense de soins sont toujours omniprésents. Oui, Québec a nommé des administrateurs locaux, ce qui répondait aux attentes régionales de nouvelle gouvernance déjà articulées depuis 2017.

Mais la région vit encore avec l’absence de groupes de médecine familiale (GMF) suffisamment nombreux pour répondre aux besoins de la population. Surtout qu’ils sont fermés quelques soirs et les fins de semaine. Absence aussi de clinique sans rendez-vous qui recevrait les malades sans médecin de famille. Et enfin services médicaux manquants, ce qui force plusieurs à se rendre à Saint-Hyacinthe ou Boucherville pour subir examens et interventions.

M. Théroux pensait même former un comité pour s’assurer que ses concitoyens puissent profiter de soins et de services de première ligne adéquats, condition sine qua non de désengorger la salle d’urgence.

C’est vrai que son accès est difficile et la plupart du temps exige une patience d’ange. Mais une fois admis, on reçoit des soins fort satisfaisants pour la plupart. Mais encore faut-il pouvoir consulter au besoin sans attendre une éternité des médecins spécialistes attachés à plein temps à l’Hôtel-Dieu de Sorel, présents à la semaine longue. Leur exode inquiète les citoyens. D’autant que ces fuites professionnelles sont parfois justifiées par le fait que leur petit nombre leur impose ainsi des périodes de garde plus rapprochées qu’ailleurs. Et que souvent ils ne disposent pas d’équipements récents pour diagnostiquer et traiter comme ils le voudraient les patients.

Ce pourquoi il est inquiétant de constater que ce comité de vigie formé en 2022 – qui devait se préoccuper de la santé des résidents de la MRC – n’ait pas cru bon poursuivre ses interventions. Il était composé de 15 personnes : quatre élus, un communicateur et deux représentants de chacune des organisations suivantes : milieu communautaire, services sociaux, services de santé, résidences pour personnes âgées et société civile.

Comment expliquer que ce beau monde n’a pas assumé sa responsabilité? Des intervenants trop occupés eux-mêmes? Déjà satisfaits des modifications apportées? Considèrent-ils que ce mandat n’appartient pas au milieu? Qui devait le convoquer? À quel rythme?

Chose certaine, « ce comité n’est pas très actif », a avoué le préfet Vincent Deguise. Pour ne pas dire pas actif du tout, ajouterais-je.

Il serait sain que Benoit Théroux et son équipe – qui veulent poursuivre leur démarche – prennent désormais en mains cet épineux dossier et animent ce comité dont ils pourront peut-être changer la composition.

Pas que je n’aie pas confiance en l’intelligence collective. Oui, il y a plus d’idées dans la tête de 15 personnes que dans quelques-unes. Mais cela impose une logistique lourde qu’il est difficile d’imposer à des bénévoles.

Ce dossier nécessite des gens disponibles, capables de concertation et d’imagination pour trouver des solutions et combler ces lacunes de notre système de santé. Mener à bien ce dossier nécessitera moult discussions!

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