3 janvier 2023 - 08:13
Retrouver son « état de grâce »
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Il en va des régions comme des personnes. Elles doivent composer avec le vieillissement. Certaines y arrivent bien. D’autres moins.

La nôtre a un âge vénérable. Elle doit se donner les moyens de se redéployer pour retrouver le second souffle dont elle rêve depuis belle lurette. Tout ne se fera pas sans effort.

Heureusement elle a des atouts indéniables – cours d’eau importants, accès à la nature, à l’énergie et au transport, prix abordable des maisons, activités sportives et culturelles nombreuses, institutions de formation et de santé sur place, vie communautaire bien structurée et agissante.

Mais sa vie économique a besoin de stimulus. Pas que les employeurs et travailleurs ne font pas leur large part. Disons toutefois qu’elle doit trouver comment l’enrichir d’activités plus durables, diversifiées, élargir son bassin de main-d’œuvre et ajouter entreprises et commerces à sa carte d’activités. Il y a encore tant à construire, à consolider ou à initier pour atteindre un environnement adéquat et propice à une meilleure qualité de vie.

On n’y arrivera qu’à la condition de solidifier encore plus les arrimages entre les milieux urbains et ruraux, entre les groupes d’âge, entre élus et intervenants et entre citoyens aussi. Pour assurer une vision claire de développement durable des institutions et des gens, et ce, dans le respect de l’environnement et de sa biodiversité. Ils doivent se parler et trouver comment se partager ces responsabilités. Il n’y aura progrès que si l’on transgresse toutes les barrières qui subsistent pour trouver des solutions innovantes. Cela demande du leadership et de la fierté ainsi qu’un milieu local collaboratif de tous les instants.

Ce sera d’autant possible si on retrouve graduellement un débat respectueux. Pour renouer notamment avec la bienveillance et la solidarité!

Oui, la grande majorité en a manifesté pendant la pandémie. Mais comme société, on n’a pas toujours appris et retenu la leçon quand elle s’est atténuée. Plusieurs restent bienveillants à l’égard de leurs proches, de certains groupes qui leur sont chers, de ceux qui pensent comme eux.

Mais cette pandémie a éveillé, paradoxalement chez plusieurs, un certain individualisme malaisant qui influence tant leurs comportements que leurs attitudes, idées et décisions. Souvent, il les amène à revendiquer leurs droits au détriment de ceux des autres, leurs besoins aux dépens de l’environnement, leurs désirs au détriment d’une logique de survie collective. Comme s’ils n’arrivaient plus à faire confiance ni aux élus ni aux penseurs ou scientifiques. Comme s’ils n’avaient plus de patience. Comme s’ils n’avaient pas les mots justes pour traduire à la fois leurs idées ou réactions. Comme s’ils ne pouvaient pas dire les choses autrement qu’en utilisant invectives, voire insultes et injures.

Reste donc tout un bout de chemin à faire, comme citoyens aussi pour corriger ces écarts et ainsi contribuer à ce que notre région vieillisse mieux, retrouve son «état de grâce». Ce que je nous souhaite pour 2023!

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