17 octobre 2023 - 07:51
Rien de moins certain
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Que dire de l’agrandissement du port de Montréal à Contrecœur? Des doutes planent. Les coûts explosent. Des citoyens en questionnent la pertinence. Tout n’est pas rose dans ce projet qui tarde à voir le jour!

Sur la table depuis 20 ans, il a pourtant soulevé des attentes de prospérité pour la région notamment. Sorel-Tracy, obnubilée par l’injection de quelque 750 M$ pour l’implanter et la création de 1200 emplois permanents pour l’opérer, y voyait la perspective de renouer avec la richesse des années 60. Tout de suite, elle rêve de création d’emplois multiples, de hausse de la construction domiciliaire, d’arrivée de nouvelles entreprises et commerces. Le gros lot, quoi!

Mais comme tout ce qui tarde à se concrétiser coûte plus cher, les coûts éventuels du projet atteignent maintenant 1,4 milliard $, selon La Presse. Pas étonnant que des investisseurs privés se soient retirés du projet. L’inflation et les taux plus élevés d’intérêt sévissent et le commerce international stagne. Ce qui assombrit pour le moment l’avenir de ce projet.

Le Port de Montréal prévoit y manipuler 1,15 million de conteneurs sur 468 hectares dont 4 km de berges. Il faut préparer l’avenir, avance-t-il. Assurer au Québec des retombées économiques estimées à 140 M$ par année. Ce dont certains experts doutent, évoquant l’incapacité du port de recevoir les gigantesques porte-conteneurs qui sillonnent les mers et l’alternative d’améliorer la productivité des installations actuelles.

Ces avis plairont certes aux citoyens inquiets des impacts du projet tant sur leur santé et qualité de vie que sur l’environnement. Depuis 2021, un comité s’objecte, à la manière de tous ceux qui lèvent le bouclier dès qu’ils apprennent l’annonce de construction d’une installation majeure à proximité. C’est le cas à McMasterville. Ce fut le cas pour la MRC de Pierre-De Saurel lors du dépôt de son projet de parc éolien. On est ici en présence de cette fameuse dualité économie-environnement. Sorel-Tracy a souvent connu pareil dilemme. Et l’a payé cher.

Bien sûr, il est normal que les gens s’inquiètent des impacts que peuvent avoir un projet sur leur milieu et cherchent des réponses à leurs questions. Ils ont cependant des alliés environnementalistes qui luttent toujours pour la protection de la biodiversité dont la conservation de l’habitat essentiel du chevalier cuivré. D’autant que Pêches et Océans Canada tarde depuis trois ans à lui donner son aval. Ils espèrent l’appui de leur Ville dans leurs démarches. Ce n’est pas du tout le cas à Contrecœur. Ce projet reçoit de nombreux appuis. Il est irréaliste de croire que le Port de Montréal le rayera de sa liste.

Mais il est fort possible de croire que des citoyens préoccupés d’environnement, de santé et de qualité de vie, avec des arguments bien sentis et articulés, bien fondés et dépouillés d’émotivité, puissent contribuer à améliorer le projet. Un débat public est nécessaire. C’est au promoteur d’écouter, d’expliquer pour apaiser leurs doutes.

Rappelons que chaque fois que des citoyens de la région ont lancé un cri d’alarme au sujet du chevalier cuivré, par exemple, les promoteurs ont dû s’ajuster pour protéger sa période de fraie, ses allers-retours au Richelieu ou ses habitats dans le fleuve.

Mais il faudra que le Port de Montréal présente une preuve béton et de nouvelles mesures d’atténuation qui les satisferont. Rien de moins. Et c’est bien ainsi.

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