25 avril 2023 - 08:08
RTFT et nous
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Pierre angulaire du développement régional, Rio Tinto Fer et Titane (RTFT) fait partie du paysage sorelois depuis 1950. Qu’en dire?

Son imposante présence le long du Saint-Laurent a cependant longuement menacé notre environnement. Il fut un temps où ses méthodes de production et ses rejets dans l’environnement ont valu à la région la triste réputation de « région la plus polluée du Québec ».

Reconnaissons que RTFT a injecté plus de 700 M$ pour traiter ses eaux usées, diminuer ses rejets dans l’air, draguer son quai, etc. Et elle injectera 737 M$ (avec subvention fédérale) pour décarboner ses opérations. Un virage vert essentiel pour lutter efficacement contre les changements climatiques et ses conséquences inévitables. Une avancée qui polira sa réputation et aussi l’image de notre région.

Une des clés de son succès fut certes l’embauche de chercheurs créatifs et proactifs à son centre de recherche sorelois. Ils ont permis tant une amélioration de ses façons de réduire son empreinte écologique que l’élargissement de sa gamme de produits, lui permettant de continuer à être un leader mondial.

Oui, RTFT marque plusieurs points. Malheureusement, elle néglige ce qui sont probablement pour elle de menus détails sans importance, mais qui peuvent agacer concitoyens et municipalités qui font eux-mêmes des efforts pour embellir leur environnement.

Quiconque emprunte la route Marie-Victorin est frappé par l’importance de ses installations, mais trop souvent par ces flammes émanant de ses cheminées, affectant ainsi l’air qu’il respire.

On peut apprécier, du côté de Saint-Joseph-de-Sorel, l’imposant mur de verdure fort bien aménagé qu’elle y a érigé alors qu’on peut déplorer les haies à moitié mortes le long de son site ainsi que la rouille qui couvre entièrement l’usine des poudres. Un laisser-aller qui porte à se demander si RTFT, un des principaux employeurs de la région (1450 employés), est ce colosse de l’acier qu’on pense ou si ses pieds sont d’argile. Sera-t-il encore là dans 10 ans? Nul ne le sait.

Son sort est entre les mains d’une importante multinationale anglo-australienne. Et ses dirigeants locaux ne s’identifient pas nécessairement à la région à l’inverse de leurs prédécesseurs – les Gilles Charette, Terry Bowles, Jean-François Turgeon et Sylvain Paul-Hus qui habitaient ici et avaient grandi avec et dans l’entreprise. La région leur tenait aussi à cœur que l’entreprise même. Et ils ont mis beaucoup d’énergie à convaincre l’actionnaire de la faire grandir. Rien de moins. La région a même conféré à M. Charette le titre de « Grand bâtisseur »!

Aujourd’hui, la taille des multinationales et leur complexité font que les préoccupations pour les communautés où elles sont implantées sont moins évidentes.

D’où l’importance pour la région de se rappeler à son attention, elle qui a tout à perdre en termes d’emplois, de stabilité de ses revenus de taxation et d’un important soutien à ses organismes éducatifs, communautaires, culturels et sportifs.

Élus et intervenants doivent donc nourrir cette relation, exprimer clairement leurs préoccupations et inquiétudes et applaudir à ce qui les satisfait. Même chose pour l’entreprise. La région doit prendre connaissance de ses attentes, résultats et défis dont certains sont communs.

Par exemple, c’est le même nouveau résident que la région veut attirer qui pourra travailler chez RTFT, y trouvant qualité de vie et travail rémunérateur. D’ou l’importance d’être sur la même longueur d’ondes et ainsi tirer mutuellement avantage de cette relation.

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