22 juillet 2016 - 00:00
Saint-Aimé s’inquiète d’un projet du camping de Massueville
Par: Louise Grégoire-Racicot
Quelques emplacements au camping Le Québécois. | Photo: TC Média - Jean-Philippe Morin

Quelques emplacements au camping Le Québécois. | Photo: TC Média - Jean-Philippe Morin

Fervent de la nature, Florian Chicoine, du camping « Le Québécois » de Massueville, désire restaurer le milieu humide qui occupe une partie de son terrain actuellement envahi par la phragmite. Le conseil de Saint-Aimé craint les impacts que ce projet peut avoir en amont.

M. Chicoine caresse ce projet depuis plusieurs années, et ce, avec sa fille et son gendre qui sont tous deux biologistes. Un projet estimé à plus de 200 000$.

« En plus de réduire les problèmes d’érosion des berges du ruisseau des Sœurs, il augmenterait la biodiversité dans notre milieu agricole et permettrait de mettre en valeur les milieux humides, un habitat peu disponible aux alentours de Massueville », plaide-t-il.

Un deuxième marais?

Mais a-t-on besoin d’un autre milieu humide? demande la mairesse, Maria Libert. « Nous en avons déjà un important à la baie Lavallière et on connaît tous les problèmes que cela cause. » Et 9,54% des marais humides de la Montérégie-Est sont déjà dans notre MRC, avance-t-elle.

« Ce projet implique le creusage de deux des trois décharges qui passent ici pour que l’eau arrive dans un lac plutôt que d’aller directement à la rivière », explique M. Chicoine.

Il n’y voit là que des avantages pour l’environnement : filtration de l’eau, diminution de la vitesse du courant, réduction de l’érosion des berges et du nombre d’arbres déracinés le long du ruisseau des Sœurs, amélioration de la qualité de l’eau de la rivière, énumère-t-il.

Ainsi a-t-il, en mai dernier, soumis son projet à Environnement Canada qui encourage la restauration de milieux humides via le Fonds national de conservation des milieux humides.

Le ministère?

Voilà où le bât blesse, poursuit la mairesse. « On peut être en faveur du lac, mais Environnement Canada suit de très près les projets approuvés, et ce, pour deux ans. Les agriculteurs en amont du projet, jusqu’à Saint-Louis, s’inquiètent des contraintes environnementales qui pourraient leur être imposées. Non le milieu agricole n’a pas besoin de ce marais humide », clame-t-elle.

Présence de nouvelles espèces

Quant à M. Chicoine, il voit déjà les sentiers d’interprétation qu’il installera le long du milieu humide (sur 300 mètres), histoire de partager sa passion pour la faune et la flore.

À long terme, ce projet pourrait abriter des espèces menacées ou vulnérables, décrit-il, dont la rainette, le faux grillon de l’Ouest et la tortue des bois, voire même le rétablissement de populations de chauves-souris en déclin.

Dès qu’il aura reçu l’aval du ministère, il ira de l’avant avec les travaux qui prendront deux ans à se réaliser. Il a déjà recensé tous les organismes qui pourraient alléger les coûts du projet par des subventions.

Le principal impact négatif qu’il envisage serait une perte d’habitat pour les grenouilles des bois qui utilisent les étangs temporaires. Ce pourquoi il réservera 25% des étangs actuels temporaires situés en bordure du nouveau marais humide.

Pas avertis

Les élus de Saint-Aimé auraient aimé être mis au courant plus tôt du projet. Que le promoteur rencontre les producteurs. Ces derniers craignent aussi que le ministère qui surveillera ce projet regarde de plus près leur travail, eux qui utilisent pesticides et engrais chimiques. Voilà un projet qui interpelle les élus du conseil, tous agriculteurs, dit Mme Libert.

M. Chicoine affirme qu’il a l’intention de rencontrer les producteurs pour leur faire part de son projet quand toutes les études seront complétées.

Des appuis

Le Regroupement des acteurs municipaux de l’eau de la Yamaska (RAME) a retenu le projet. La MRC de Pierre-De Saurel a confirmé sa collaboration, laquelle représenterait environ 7000$/année en temps de ses employés.

Mais les maires de Yamaska et de Saint-Aimé, Louis R. Joyal et Maria Libert, ont enregistré leur dissidence à cette collaboration. Il aurait fallu voir les plans et les études d’abord, puis décider de cet appui ensuite, conclut Mme Libert. La municipalité de Saint-Louis a aussi appuyé celle de Saint-Aimé.

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