Revenons d’abord à l’essentiel. Peu importe qui s’engage à remplacer ou à moderniser des infrastructures, l’argent vient des contribuables.
Chaque gouvernement, qu’il soit fédéral, québécois ou municipal, est placé devant l’obligation d’adopter annuellement deux budgets. Un premier pour les opérations, tout ce qui lui permet de fonctionner, comme les salaires, les coûts de systèmes, les projets et l’entretien, devant être renouvelé année après année. Puis un second, celui des immobilisations, pour les grands travaux d’infrastructures de toutes sortes, les bâtiments, les transports et autres, financés sur 20, 25 ou 30 ans.
Les coûts n’ont jamais cessé de croître, mais, depuis une dizaine d’années et plus encore depuis la pandémie, les augmentations sont exponentielles. Et ce n’est pas facile à assumer pour personne, même politiquement.
Un tout petit exemple? Le conseil municipal de Sorel-Tracy a dû, la semaine dernière, revoir à la hausse les prévisions budgétaires du toit qui sera aménagé au-dessus de la patinoire BLEU BLANC BOUGE, offerte par la Fondation des Canadiens pour l’enfance. De 3 M$, on passe à plus de 5 M$. L’enjeu? La capacité portante du sol, sur le terrain où sera construite la patinoire, un cadeau de 2,6 M$ de la Fondation. Notons quand même que ce coût est défini avant que l’appel d’offres soit lancé et que les soumissions d’entrepreneurs soient reçues. Le coût final pourrait être plus élevé encore, malheureusement.
Par souci de transparence, on demande d’ailleurs aux municipalités d’évaluer le coût d’un projet avant l’appel d’offres. Il est rare que les soumissions reçues soient en deçà de ces projections. Rien pour faciliter la réalisation de ces projets. Ou la vie de nos élus municipaux!
Mais les défis sont bien plus grands. On a vu la mairesse de Longueuil faire une sortie, très remarquée, pour dénoncer l’augmentation des coûts d’infrastructures et le poids sur les budgets municipaux. Des chiffres à faire frémir.
Alors, qu’est-ce qu’on fait?
Le réflexe à courte vue serait de cesser de prévoir les travaux d’infrastructures pendant un bout de temps. Certains nous le proposeront, je le parie, lors des élections municipales de novembre prochain. Mais ce serait une erreur. Ce qui coûte 100 $ aujourd’hui, en coûtera probablement 103 $ l’an prochain. Et ainsi de suite. On ne fera que pelleter par en avant et hypothéquer un peu plus les prochaines générations. Pendant ce temps, les toits coulent. Nous sommes prisonniers de nos obligations collectives.
Les besoins sont grands, à tous les paliers de gouvernement. C’est dans l’actualité toutes les semaines. Il y a donc des choix à faire, des priorités à déterminer, des situations à expliquer. Serons-nous capables, comme société, d’identifier clairement ce que nous voulons faire? Nous avons tous nos priorités. Ces décisions ne peuvent se prendre sans un vrai débat public.
La proposition de la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, de tenir des états généraux sur le financement des infrastructures, est intéressante. À condition que les débats ne se limitent pas à se relancer la facture. Ça ne règlerait absolument rien et ça confirmerait notre incapacité collective à prendre des décisions importantes.