Après avoir invité la population à lui faire parvenir des expériences et des témoignages vécus, Serge Péloquin a rencontré le président du conseil d’administration du Centre intégré de Santé et de Services sociaux de la Montérégie Est (CISSSME), Mario St-Cyr, le 8 janvier dernier.
Une rencontre où il a pu identifier quatre points précis qui, selon lui, défavorisent la région de Pierre-De Saurel depuis la fusion avec Saint-Hyacinthe et de Longueuil. « Il y a eu beaucoup de témoignages qui sont venus confirmer ce que nous vivons. Qu’on ne vienne pas me dire que ce n’est pas vrai », a lancé Serge Péloquin en entrevue avec Les 2 Rives.
Il y a d’abord la masse critique de ressources humaines et de services alloués en fonction de la taille de la population. À cet effet, il a contredit le nombre de nouveaux médecins avancés par le CISSSME.
« Ils disent qu’il y a eu 105 nouveaux médecins, mais on en compte 57 après vérification. C’est que si un médecin fait de l’urgence et de la clinique, il est compté deux ou trois fois. Même avec ce calcul, on arrive à 89. Parce que comme les médecins sont de plus en plus performants, ils ajoutent 18 % pour arriver à 105, indique-t-il. Jamais on ne nous parle des médecins qui quittent. »
Il y a également l’attente pour avoir un rendez-vous à Sorel-Tracy qui désavantage la région, déplore le maire Serge Péloquin. « Quand quelqu’un veut prendre un rendez-vous pour un suivi ou un examen en ophtalmologie ou en cardiologie à Sorel, on lui dit que ça va prendre un an, mais que s’ils vont à Saint-Hyacinthe, ça ira dans deux semaines, pointe-t-il. Ça crée une résistance. »
L’absence de transport adapté est également un enjeu pour les personnes à mobilité réduite. « Quand on les envoie à Saint-Hyacinthe, le transport adapté n’existe pas. Ils ne font rien et ils continuent quand même de les envoyer passer des examens à Saint-Hyacinthe, plaide-t-il. Quand la personne leur dit qu’elle ne peut pas y aller, qu’est-ce qu’ils répondent? Prenez un taxi! Sais-tu combien ça coûte un aller-retour Sorel-Saint-Hyacinthe? Ça n’a pas de sens. »
Le maire de Sorel-Tracy déplore aussi la tendance à remplacer par des généralistes les médecins spécialistes en pédiatrie, pneumologie, cardiologie, obstétrique, gynécologie et dermatologie. Ce qui fait en sorte que des patients sont envoyés dans d’autres établissements.
Serge Péloquin persiste et signe : il estime que le CISSSME a un « plan caché » pour diminuer les services à l’Hôtel-Dieu. Il donne en exemple le fait que des médecins sont remplacés par des omnipraticiens et que les consultations se font de plus en plus par téléphone quand le spécialiste n’est pas sur place. Une nouvelle façon de faire décrite dans nos pages, le mois dernier, par la présidente-directrice générale, Louise Potvin. « Elle le dévoile à petite bouchée », signale le maire de Sorel-Tracy.
Le maire a aussi dévoilé d’autres situations sur lesquelles la région est désavantagée. Par exemple, la centralisation des ressources humaines, des services informatiques et du centre d’appels pour la prise de rendez-vous qui font en sorte qu’il y a une perte d’efficacité.
Un autre front commun?
Lors de la dernière assemblée publique du 13 janvier, le conseil municipal de la Ville de Sorel-Tracy a adopté une résolution unanime pour donner son appui au maire Serge Péloquin dans ses démarches pour le maintien des services de santé à l’Hôtel-Dieu.
Le conseil souhaite également que les décisions soient prises localement et que les citoyens puissent « retrouver, chez nous, un système de santé humain, tourné vers le patient ». La Ville a également demandé l’appui de la MRC de Pierre-De Saurel et des municipalités qui la composent pour conserver les acquis en matière de soins de santé. Il faudra voir si les 12 maires feront de nouveau « front commun » comme ils l’avaient fait en mai dernier.
De son côté, le CISSSME a préféré ne pas réagir à la sortie du conseil municipal de Sorel-Tracy ni à la rencontre entre son président du conseil d’administration et le maire Serge Péloquin. « Nous n’avons rien d’autre à ajouter à ce sujet à l’heure actuelle », nous a fait savoir le conseiller aux relations médias, Hugo Bourgoin.