Au CPE La Marelle, la directrice Isabelle Guay admet que l’inquiétude est palpable chez les éducatrices. « Je les comprends. On prend toutes les précautions, mais c’est normal d’avoir une certaine crainte. On va recevoir des gants, des visières et des masques du ministère sous peu. Il reste que c’est impossible de garder une distance de deux mètres avec un enfant. Quand il pleure, il faut le consoler, on ne peut tout de même pas le laisser pleurer par terre », souligne-t-elle.
C’est la même situation en milieu familial, dénonce la présidente de l’Alliance des intervenantes en milieu familial de la Montérégie (ADIM-Montérégie), France Lavallée. Son syndicat représente un peu plus de 1000 éducatrices, dont environ 85 dans la région de Sorel-Tracy.
« Il y a des inquiétudes au niveau de l’équipement. On nous a promis qu’on allait en recevoir gratuitement, mais est-ce que ça va arriver avant le 11 mai? Nos membres sont inquiètes de contracter le virus et de le ramener dans leur maison. On sait que les éducatrices de 60 ans et plus et celles qui ont des maladies chroniques peuvent choisir de ne pas ouvrir, mais certaines questions restent sans réponses », déplore-t-elle.
Au CPE La Petite Marine, on pense d’ailleurs manquer de personnel à partir du 11 mai. « Nos éducatrices ont des craintes. Elles vont être en contact constamment avec les enfants, notamment en changeant les couches. De notre côté, plusieurs de nos travailleuses ont 60 ans et plus avec des maladies chroniques. Elles ne seront pas obligées d’entrer travailler. Ça va être tout un casse-tête », admet la directrice générale par intérim, Roxanne Labrecque.
Des mesures accentuées
Le CPE La Marelle est ouvert depuis le 13 mars comme service de garde d’urgence pour les travailleurs essentiels. Environ 12 enfants fréquentent l’installation de Sorel-Tracy et une dizaine d’autres sont à l’installation Marie-Stella à Saint-Joseph-de-Sorel. Des mesures sont déjà mises en place en attendant que le nombre d’enfants augmente à partir du 11 mai.
« En tant que CPE, ces procédures de désinfection et de lavage des mains sont déjà bien ancrées. Avec l’éclosion de la grippe H1N1 il y a quelques années, on avait déjà eu à faire un plan de pandémie. Étant donné qu’on va être à 40 % de notre capacité, des éducatrices vont être libérées pour désinfecter les surfaces touchées par les enfants. Au niveau de la distanciation sociale, ce sera vraiment difficile. Les parents, quand ils vont arriver le matin, ne pourront pas tous être dans le vestiaire en même temps », explique Isabelle Guay.
Le CPE La Petite Marine est aussi un service de garde d’urgence, qui accueille une quinzaine d’enfants dans ses trois installations depuis la mi-mars. Sa directrice par intérim a aussi intensifié les mesures d’hygiène pour éviter la contagion.
« Les éducatrices doivent se changer avant de quitter. On limite les accès où il peut y avoir des bouchons. Il n’y a plus de pâte à modeler, plus de bac à sable. Les enfants ne sont pas tous dehors en même temps. Même si ce sera plus difficile lorsqu’il y aura plus d’enfants le 11 mai, on va continuer ces mesures », explique Roxanne Labrecque.
L’expérience des deux derniers mois comme service d’urgence a été concluant dans les CPE, ajoute Isabelle Guay. Elle se montre donc optimiste pour la suite. « Les enfants ont vraiment une capacité d’adaptation extraordinaire. Ce sont des enfants qu’on ne connaissait pas, et même si les parents n’ont pas le droit d’entrer dans l’installation, ils ne pleuraient pas et ils s’amusaient. C’est remarquable de voir ça. Comme les CPE vont accueillir plus d’enfants le 11 mai, il ne faut surtout pas baisser la garde et continuer de suivre les protocoles, dont la distanciation sociale entre éducatrices », conclut-elle.